8 janvier 2009

LES CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LES JEEPS ET LES INEXACTITUDES COMMISES PAR JACQUES HÉBERT (16)







LES CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LES JEEPS ET LES INEXACTITUDE COMMISES PAR JACQUES HÉBERT (16)
Voici un autre extrait du rapport Brossard que je vous invite à lire. Il est intitulé CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LES JEEPS ET LES INEXACTITUDES COMMISES PAR JACQUES HÉBERT.
À VENIR
Au cours des prochaines semaines, je reproduirai pour vous le Chapitre 2 intitulé LES CRITIQUES, c’est-à-dire les auteurs Belliveau et Hébert, et Henri Doyon, le détective privé de Jacques Hébert. Il est aussi question des SOURCES auxquelles ils ont puisé pour écrire leurs livres, à savoir : LES SOURCES INUTILES et LES SOURCES DE SES RENSEIGNEMENTS (Jacques Hébert s’est inspiré du livre de John Edward Belliveau (THE COFFIN MURDER CASE) et d’articles parus dans le Toronto Daily Telegram et le Toronto Evening Star et des enquêtes faites par Doyon, etc.) ET UNE AUTRE LISTE DES ERREURS ET INEXACTITUDES RELEVÉES DANS LES LIVRES DE BELLIVEAU ET HÉBERT.) Étant donné la longueur de ce chapitre, j’afficherai cette partie du rapport Brossard en quatre publications distinctes;
DANS L’ENTRE-TEMPS, POUR UN POINT DE VUE DIFFÉRENT, JE VOUS SUGGÈRE DE JETER UN ŒIL SUR LE BLOGUE DE MONSIEUR LEW STODDARD :
RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE BROSSARD SUR L’AFFAIRE COFFIN (27 NOVEMBRE 1964) VOL. 1 CHAPITRE 5 (Seizième partie)
LA JEEP DONT LA PRÉSENCE EN GASPÉSIE OU AUX ENVIRONS AURAIT ÉTÉ CONSTATÉE PAR DES TÉMOINS OCULAIRES À L’ÉPOQUE OÙ LES CRIMES FURENT COMMIS
-XIII-
CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LES JEEPS
Le chapitre sur les « jeeps » qui se termine est assurément le plus long de ce rapport; nous nous sommes étendus aussi longuement sur ce sujet parce que :
a) Il porte sur le moyen principal sur lequel Coffin s’est appuyé tant dans ses déclarations à la police que dans son affidavit pour détourner les soupçons, savoir : la présence auprès des chasseurs américains, le 10 juin 1953, d’une jeep portant licence américaine et occupée par des Américains;
b) L’absence de preuve de la présence d’une jeep américaine que Coffin aurait pu voir fut l’un des facteurs retenus par les juges des tribunaux d’appel;
c) Les auteurs Beliveau et Hébert, surtout ce dernier, inspirés sans doute par l’importance de ce que nous venons de mentionner, mais ne réalisant probablement pas que la preuve de la présence possible de certaines jeeps américaines, sans qu’une relation directe ne soit établie entre cette présence et la jeep que Coffin prétendait avoir vue, n’aurait tout au plus constitué qu’une preuve de circonstances négative, ont consacré plusieurs pages de leurs livres respectifs à mentionner des faits beaucoup plus souvent inexacts et faux qu’exacts et vrais quant aux voies d’accès en Gaspésie, quant à la présence de traces de roues de jeeps sur les routes intérieures et fermées de la forêt intérieure (sans, toutefois, que de telles prétendues traces aient été attribuées à des jeeps américaines plutôt qu’à des jeeps canadiennes) et quant à la présence de jeeps conduites par des Américains qui ne pussent pas être reliées à celles dont mention apparaissait au livre de contrôle d’entrée et de sortie du bois.
Sans doute, dans un pays où circulaient de nombreuses jeeps conduites par des employés de la mine de Murdochville, des gardes-chasse et gardes-pêches, des prospecteurs de la région et d’autres habitants de la Gaspésie, des traces de jeeps ont put être observées à l’époque des crimes mais, comme nous l’avons vu, il n’y avait pas de traces de jeep aux environs de la camionnette abandonnée et sur la route passant dans la région où les cadavres des victimes furent retrouvés.
Bien sûr, un bon nombre de Gaspésiens ont vu ou cru voir une jeep dont les passagers pouvaient être des Américains, tantôt sur un traversier à prés de 500 milles de la région où les crimes furent commis, tantôt à l’époque où la jeep du docteur Burkett se promenait dans la brousse, tantôt plus de deux mois et demi après cette époque, mais ce qui est essentiel de retenir, c’est que dans la majorité des cas, la jeep et les occupants de cette jeep qu’on nous a décrits s’identifiaient à la jeep du docteur Burkett et à ses occupants, que dans aucun cas, aucune relation le moindrement certaine n’a pu être faite entre aucune des jeeps ainsi aperçues et la jeep décrite par Coffin en termes vagues et nullement uniformes dans ses déclarations, non plus qu’entre les descriptions contradictoires que Coffin avait données des occupants de la jeep et les multiples déclarations non moins contradictoires de témoins.
Résumons à grands traits ce que la preuve qui a été présentée à établi dans chaque cas où une jeep fut mentionnée par des témoins.
L’une d’elles, celle du docteur Attendu, ne fut rencontrée que deux mois après la date de la commission des crimes; il n’est pas possible de la relier à celle que Coffin a prétendu avoir vue.
Deux autres, celle des Dumaresq et celle des Tapp, n’étaient en fait qu’une seule et même jeep, celle du docteur Burkett.
Ce furent là les trois seules jeeps dont la présence fut communiquée aux autorités policières et judiciaires avant le procès de Percé et l’une d’elles, celle des Tapp, paraît avoir été également connue de la défense.
Une quatrième, celle de monsieur Arnold, était connue par les procureurs de la défense lors du procès de Percé; ceux-ci, comme nous depuis, acquirent la certitude qu’elle n’était pas dans les parages où le crime fut commis lors de la commission du crime.
Une cinquième prétendue jeep, celle de Lorne Patterson, n’était en fait qu’une station-wagon et ce, à la connaissance d’au moins de l’un des procureurs de la défense.
Une sixième, celle des Wilson, n’a put être celle que Coffin aurait vue.
Quant aux autres, celle de John Hackett, celle de Quirion, elles n’émergèrent pour ainsi dire des ténèbres de l’oubli qu’au cours de la campagne fébrile entreprise , en prévision de l’insuccès probable des recours judiciaires et dans l’espoir de sauver Wilbert Coffin, au moyen d’une preuve dont le but manifeste était de tenter de contredire les faits sur lesquels s’étaient appuyés les juges de la Cour d’appel du Québec pour maintenir le verdict de culpabilité contre Coffin.
J’ai, je crois, donné suffisamment de raisons se rapportant aux circonstances dans lesquelles cette preuve fut obtenue, aux anomalies et aux coïncidences incroyables qui ont entouré l’obtention de cette preuve pour affirmer que, non seulement n’est-il pas possible de dire qu’une seul des jeeps dont mention fut faite au ministère fédéral de la Justice et dans les livres de messieurs Belliveau et Hébert, puisse être reliée à celle que Coffin a prétendu avoir vue, mais qu’au contraire, la prépondérance de la preuve faite devant nous est à l’effet qu’aucune telle jeep n’a pu être celle qu’aurait vue Wilbert Coffin.
Cela ne prouve pas que Coffin n’a pas vue de jeep, mais cela prouve qu’aucune des jeeps dont on a parlé n’a pu être celle qu’il a prétendu avoir vue et que ses « finasseries » cousues de fil blanc au sujet des jeeps Arnold et Wilson et ses affirmations non confirmées sur les traces je jeep ne font pas preuve qu’il en a vu une.
Il faut aussi retenir les inexactitudes de monsieur Bellieveau et à quel point monsieur Jacques Hébert, dans son dernier volume, « J’accuse les assassins de Coffin » a pu exagérer, modifier, déformer la preuve soumise à l’attention des autorités fédérales, l’interpréter négligemment et même y ajouter sans raison valable.
Je résume ma pensée et ma conviction profonde à la suite de la preuve que j’ai reçue, ainsi que suit : hors la jeep du docteur Burkett, il n’existe aucune preuve certaine, sérieuse et convaincante qu’une jeep portant licence américaine et occupée par deux Américains ait échappé au contrôle des gardes-barrière, gardes-pêche et gardes-chasse à l’entrée comme à la sortie des routes donnant accès aux forets, bois et brousse de l’intérieur de la péninsule et ait circulé aux environs de l’endroit ou les trois chasseurs américains assassinés aux environs du 11 juin 1953 avaient abandonné leur camionnette hors d’usage.
Il m’est évidemment impossible de connaître quel eut pu être sur le jury de Percé de la présentation devant lui de la preuve qui a été faite devant nous. Les questions qui se posent sont les suivantes : cette preuve aurait-elle pu et dû être faite devant le jury par la Couronne en tout ou en partie? Dans la négative, aurait-elle pu être faite par la défense si celle-ci l’eut connue en tout ou en partie? À véritablement parler, la première question seulement requiert une réponse, car, en ce qui a trait à la présentation de cette preuve par la défense, elle eut manifestement suivi le sort de toute autre preuve, vu la décision prise par les défenseurs de Coffin avec son consentement et son acquiescement, pour les raisons majeures que nous connaissons, de ne pas faire entendre leur client pour ne pas lui faire courir le risque fatal d’une mise en contradiction avec ses déclarations affirmatives et ses omissions antérieures et pour ne pas courir le risque de faire une défense qui eut entraîné presque nécessairement l’obligation de faire entendre Coffin; car l’abstention de Coffin de faire lui-même une relation entre la jeep qu’il avait vue et une jeep vue en une ou plusieurs circonstances par d’autres eut pu, inévitablement, constituer un facteur défavorable à Coffin dans l’esprit du jury.
Est-ce à dire que la Couronne fut justifiée, sans savoir que la défense ne présentait pas de témoins, a) soit de ne présenter aucune preuve quant aux jeeps TApp et Dumaresq, b) soit de ne pas porter èa la connaissance de la défense les faits au courant desquels elle était? C’est ce que nous étudierons dans un chapitre subséquent.

INEXACTITUDES COMMISES PAR JACQUES HÉBERT
À bien y penser, peut-être n’est-il pas superflu de relever, en fin de chapitre, quelques-unes des « inexactitudes » commises par M. Hébert et que nous avons soulignées en plusieurs endroits épars; je mets entre guillemets les inexactitudes de M. Hébert et les faits suivre des faits qui les contredisent :
Pages 162 « Les Tapp avaient pris la peine de présenter leurs renseignements sous forme d’affidavits remis à la police avant le procès »;
Ils le furent par téléphone; leurs affidavits ne furent donnés qu’à l’automne de 1955.
Page 163 : « Le docteur et madame Wilson auraient vu leur jeep le 8 ou le 9 juin »;
Ce fut le 5 juin au matin qu’ils la virent à 500 milles de Gaspé.
Page 164 : « Lorne Patterson a déclaré avoir vu une jeep avec deux voyageurs américains qui demandèrent des renseignements au sujet des Lindsey »;
Il a vu en fait une station wagon avec un seul passager qui n’a fait que s’enquérir de la route de Murdochville.
Page 164 : « John Hackett aurait rencontré Lorne Patterson qui lui aurait dit avoir vu une jeep et qu’on se serait informé s’il avait lui-même vu une jeep ou une camionnette ou le groupe des Lindsey(!) »;
Hackett et Patterson ont tous deux emphatiquement nié ceci.
Page 164 : « Le Dr Attendu avait signé un affidavit », etc. « ;
Son affidavit ne fut signé qu’à l’automne de 1955.
Page 165 "Au Mississippi Brook, deux Américains avaient demandé des renseignements très précis, au sujet des Lindsey » (aussi précis sans doute que les Américains de Lorne Patterson!; »
Il s’agit de l’affidavit de Régis Quirion auquel nous savons quelle valeur attacher.
Page 166 : « Régis Quirion se rappelle que son patron Abbey McCallum a pris un coup avec les deux Américains »;
McCallum l’a nié catégoriquement.
Page 166 : « Gérard Roussy avait déclaré avoir vu la jeep près de la rivière St-Jean, le 14 juin 1953 » :
Celui-ci nous a dit qu’à l’époque il travaillait dans la partie sud de la Gaspésie aux environs de Grande-Rivière et St-Gabriel et que pour se rendre de ces centres à la Rivière St-Jean, à 75 milles au nord, il faut passer par Gaspé; »
Il n’a pas vu la jeep ni aucune jeep sur la rivière St-Jean ou dans cette région nord de la Gaspésie; il ne connaît même pas la rivière St-Jean.
Page 167 : « Les Américains ont débarqué pour parler à Andrew Girard, au dire de Gerald Quirion, et lui on demandé où étaient les chasseurs américains »;
Andrew Girard a nié ceci.
Page 167 : « Yvon Rehel a dépanné les deux Américains »;
Rehel l’a nié et personne n’a eu connaissance de ce prétendu dépannage.
Page 170 : « Il n’y a pas de preuve que la jeep Arnold soit allée en Gaspésie, mais le témoignage de Arnold était connu et la police a refusé de s’y intéresser »;
Ce qui est vrai, c’est que la défense connaissait cet incident Arnold et que la Couronne l’ignorait totalement.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Voilà, monsieur Hébert !

Anonyme a dit...

C'est incroyable de penser que ce gars-là, Jacques Hébert, était candidat au prix Nobel. Il était tout au plus destiné au Sénat canadien.
Pierre Tremblay, Baie-Trinité

Anonyme a dit...

ME Fortin ,

Félicitations pour votre dernier article .

M.Stoddard fait reférence à un certain item # 28 un révolver et son numéro de série , dans une liste d'objets retrouvés sur les lieux des meurtres .
La Commission Brossard a-t-elle
considéré relativement à cet item ?
En page # 14 du livre ' Tromper le jury ' de M, Alton Price ,
on peut voir la photo du père du jeune Fédérick Claar examinant le revolver appartenant à son fils ;
celui-ci possédait une belle collection de pistolets , de revolvers , dans sa chambre en sa demeure de East Freedom , une petite communauté près d'Altoona , Penn.

Est-ce un de ces revolvers qui fut retrouvé sur les lieux du triple meurtres ?

Clément Fortin a dit...

Exceptionnellement, je me laisse distraire de mon programme pour vous présenter l’original de cette liste de pièces (exhibits) sur laquelle vous attirez mon attention. La pièce no 28 indique bien qu’il s’agit d’un revolver. Il n’a pas été retrouvé sur les lieux du crime. Earle Tuzzo avait prêté $10.00 à Coffin. Tuzzo avait exigé que Coffin lui laisse son revolver en garantie. Le 13 juin 1953, vers une heure du matin, au sortir de la forêt, Coffin se rend chez Tuzzo et lui remet $10.00 en lui demandant de lui rendre son revolver. La police a retrouvé ce revolver à Montréal. Comme Coffin n’a pas présenté de défense, cette pièce à conviction n’a pas été mise en preuve. Je vous renvoie à mon livre L’affaire Coffin : une supercherie? et plus particulièrement à la page 48.
Pour ce qui est de la collection d’armes du jeune Claar dont fait état Alton Price dans son livre, cela n’est pas pertinent à la cause. Cependant, cette approche est utilisée par les défenseurs de Coffin : ils tentent de laisser planer des soupçons sur les victimes. Ils poussent l’absurdité jusqu’à leur faire une preuve de mauvaise réputation. C’est ce qu’on a fait au sujet de Lindey, père, en le traitant d’usurier. Je vous signale que madame Lindsey, témoignant devant la Cour du banc de la reine à Percé, le 19 juillet 1954, disait que son mari avait retiré $650.00 de leur compte d’épargne. Voyez mon livre à la page 160. Lisez aussi l’extrait du rapport Brossard que j’ai publié en mai dernier sur Lindsey, l’usurier.