26 avril 2009

ALIBI DE THOMPSON ET LE TÉMOIGNAGE DE RÉGIS QUIRION DANS L'AFFAIRE COFFIN




L'honorable sénateur
Jacques Hébert








Le couteau ayant appartenu
au jeune Lindsey et la pompe
toute neuve que Coffin avait
achetée pour réparer la
camionnette des chasseurs
américains. La Police provinciale
a retrouvé ces objets dans l'appartement de la maîtresse de
Coffin à Montréal.


ALIBIBI DE THOMPSON ET LE TÉMOIGNAGE DE RÉGIS QUIRION DANS L’AFFAIRE COFFIN
L' INCIDENT THOMPSON
L’arrêté en conseil a donné mandat à la Commission de faire enquête « sur la crédibilité des déclarations faites par Francis Thompson à la police de Miami, en novembre 1958 ».
Pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause, la Commission a donc enquêté sur tous les aspects de ce curieux incident et elle a, sur ce seul sujet entendu 36 témoins et recueilli 66 exhibits.
L’étude de la matière suggère la division suivante :
I – LA PERSONNALITÉ DE FRANCIS GABRIEL THOMPSON;
II – LES ÉVÈNEMENTS DE MIAMI;
III- LE VOYAGE DU NOTAIRE J. CONRAD MOREAU;
IV – L’ALIBI DE THOMPSON
V – LA CRÉDIBILITÉ DE THOMPSON
VI – CONCLUSIONS
NOTA NE MANQUEZ PAS CE CHAPITRE DU RAPPORT BROSSARD SUR LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU À MIAMI. C’EST ROCAMBOLESQUE VOIRE ÉPOUSTOUFLANT… UN ROMAN TORDANT! DU JACQUES HÉBERT A SON MEILLEUR!

B) LES INTERROGATOIRES DE WILBERT COFFIN, MARION PETRIE ET LEWIS SINNETT ;
C) LE CAS DE VINCENT PATTERSON;
E) LES DEUX PRISONNIERS QUE L’ON AURAIT INCITÉS À TÉMOIGNER CONTRE COFFIN.

PARTIE VI, VOL. 2, CHAPIRE 1, EXTRAIT DU RAPPORT BROSSARD
L' INCIDENT THOMPSON
-IV-
L’alibi de Thompson
Au soutien de la rétractation de sa confession, Thompson a affirmé qu’à l’époque du meurtre des chasseurs américains, vers le 12 juin 1953, il vivait et travaillait à Toronto.
La Commission s’est attachée à vérifier l’exactitude de cette affirmation, mais l’on conçoit qu’il n’est pas facile onze années après l’événement, de tenter d’apporter une réponse précise à cette question, d’autant plus que le genre de vie que menait Thompson et les personnes auxquelles il s’associait ne permettent guère d’effectuer une recherche exacte.
Par suite, plus particulièrement, de la destruction des dossiers ou des immeubles, les vérifications n’ont pu donner aucun résultat à l’Armée du Salut, la Commission d’assurance chômage, l’Hôpital Sunny Brook, Child’s Restaurant, Accurate Distributing Co. Et Sparkling Laundry.
Cependant l’enquête devant la Commission a d’abord confirmé la version de Thompson à l’effet que, sous le nom de Frank Gilbert, il avait travaillé au Pickfair Restaurant, à Toronto, du 8 mars au 1er avril 1953. Fait important, il avait alors connu William Charles Craddock qui avait travaillé au même endroit du 19 mars au 12 avril.
Quelques semaines plus tard, d’après Thompson, les deux compagnons se retrouvaient au même emploi : Mercury Distributing Co., 77 Ossington, Toronto, sous la direction d’Arnold Murphy, qui boitait d’une jambe. Thompson a ajouté qu’il avait vécu en chambre avec Craddock durant le début de l’été, sur la rue Jarvis, chez un couple de langue française qui avait un bébé d’environ un an. Il se souvenait également d’un autre compagnon de travail, dont le sobriquet était Smittie.
Or tous ces faits ont été corroborés, avec une certitude raisonnable, par tous les témoins concernés. Seul Arnold Murphy n’a pas pu reconnaître affirmativement Thompson quand il l’a vu, mais il a reconnu une photographie de Thompson de l’époque et il a également dû admettre l’exactitude de plusieurs petits faits que Thompson lui a rappelés. Murphy l’avait connu sous le nom de Gilbert.
William Charles Craddock et Walter Valentine Smith (Smittie) ont aussi reconnu Thompson. Smith n’avait jamais su son nom, mais Craddock, qui avait partagé une chambre avec lui durant quelques semaines, le connaissait comme Frank Gilbert. De plus, Craddock a rappelé que le couple où l’on chambrait ne parlait pas l’anglais – lui-même ne parle pas le français – et avait un bébé.
Enfin, Monsieur Albert Montpetit, qui avait vécu dans ce logement de la rue Jarvis de 1951 à 1953, y est retourné vers le milieu d’avril 1953 et se souvient que le logement était alors occupé par un jeune couple de langue française qui avait un bébé d’environ un an.
La preuve, même si elle n’est peut-être pas absolument parfaite, a révélé d’une façon qui n’est pas sérieusement contestable qu’en fin de mai, juin et début de juillet 1953, Thompson vivait et travaillait à Toronto.
Aurait-il cependant, pendant cette période, quitté Toronto pou se rendre en Gaspésie et participer au meurtre des chasseurs américains, et revenir ensuite à Toronto continuer son travail pour Mercury Distributing Co.?
Nul ne peut affirmer aujourd’hui que la chose soit impossible; mais elle est pour le moins hautement improbable, entre autres pour les motifs suivants :
a) Thompson affirme n’avoir pas quitté Toronto de février à décembre 1953;
b) Craddock, qui chambrait avec Thompson, affirme qu’il a régulièrement travaillé avec celui-ci, sortait souvent avec lui le soir et ne croit pas qu’il ait pu quitter Toronto, à l’époque, pour plus que peut-être une fin de semaine;
c) Rien n’indique que, de Toronto, Thompson aurait eu vent de la venue de deux chasseurs de Pennsylvanie à Gaspé;
d) Le voyage de Toronto à Gaspé et retour représente une distance de quelque deux mille milles, qui aurait entraîné une absence prolongée de Toronto par Thompson;
e) Celui-ci n’avait pas de revenu lui permettant de se payer ce voyage, à moins qu’il l’ait fait « sur le pouce », ce qui se concilie difficilement avec une entreprise organisés d’avance pur une date fixe en Gaspésie.
f) On s’expliquerait mal le retour de Thompson à Toronto après le crime.

Il est vrai que, dans son deuxième volume, page 166, Monsieur Jacques Hébert se réfère à un certain Régis Quirion qui, ayant rencontré deux Américains en jeep au début de l’été 1953, aurait donné à Monsieur Hébert de « nouvelles précisions », plus particulièrement :
« L’un des deux ressemblait étrangement à la photo de Thompson (voir chapitre 16) que j’ai vu dans le journal au moment de la fameuse affaire Thompson. J’avais pris la peine d’aller au bureau de poste pour voir un journal où il y aurait cette photo. »

La Commission a fait comparaître ce Monsieur Régis Quirion. Il a déclaré qu’il avait été interviewé il y a plusieurs années, par Monsieur Henri Doyon, accompagné d’un autre homme non identifié. Monsieur Doyon lui exhiba un portrait paru dans un journal et lui déclara qu’il s’agissait de la photographie de Thompson.

A ce sujet, le témoignage de Quirion devant la Commission a pris une allure plutôt étrange. D’une part, en effet, il a répondu que le portrait exhibé par Monsieur Doyon ressemblait à l’un des hommes qu’il avait vus dans la jeep américaine. Du même souffle cependant il a aussi témoigné qu’ « n’avait jamais vu ce gars-là », et il a ajouté, en réponse à des questions du conseiller juridique de la Commission :
« Q. Est-ce que vous aviez déjà vu ce portrait-là, avant que monsieur Doyon vous le montre?
R. non.
Q. Vous ne l’aviez pas vu dans les journaux, dans le temps?
R. Non.
Q. Quand ce portrait-là avait paru dans les journaux, vous n’étiez pas allé au bureau de poste, même, pour aller voir ça au bureau de poste, pour voir si vous ne reconnaissiez pas cet homme-là?
R. Je ne recevais pas les journaux; je n’aurais pas pu le voir.
Q. Vous ne receviez pas les journaux, mais vous n’aviez pas fait un voyage spécial pour aller voir ça?
R. Non.
Q. Non
R. Non. »

De plus, mis en présence de trois séries de photographies où apparaissaient diverses photos de Thompson, dont une prise le 3 juillet 1952, Régis Quirion n’en a reconnu aucune; même après avoir été averti par le conseiller juridiques de la Commission que la photographie de Thompson (prise en juillet 1952) s’y trouvait, il a persisté dans sa dénégation catégorique :
« Q. Je vous donne une chance et je vous dis que Thompson est là.
R. Non, moi je ne le reconnais pas là-dessus.
Q. Prenez votre temps.
R. Le gars que j’ai vu n’est pas là-dessus. »

Au surplus, quand on tient compte que, pour des motifs que nous avons exposés ailleurs, ce témoin est très fortement sujet à caution, la Commission ne saurait retenir son témoignage pour infirmer la preuve que nous venons de résumer.

Sur le tout, la Commission conclut qu’il existe une certitude raisonnable qu’à l’époque du meurtre des chasseurs américains, Thompson se trouvait à Toronto. (À SUIVRE)

THOMPSON'S ALIBI AND REGIS QUIRION'S TESTIMONY IN THE COFFIN AFFAIR




L'honorable sénateur Jacques Hébert








The knife that had belonged to
young Lindsey and the gas pump,
brand new, that Coffin had bought
for Lindsey senior supposedly to
replace the defective one. All
these items were found by
the Provincial Police in the
apartment of Coffin's mistress
in Montréal.
THOMPSON’S ALIBI AND REGIS QUIRION TESTIMONY IN THE COFFIN AFFAIR

EXCERPT FROM THE BROSSARD REPORT, PART VI, VOLUME 2,
CHAPTER 1

THE THOMPSON INCIDENT

(A literal translation by Clément Fortin)
The order-in-council has given the Commission the mandate to investigate the “credibility of the statements made by Francis Thompson to the Miami police, in November 1958”.
In order to report with full knowledge of the facts, the Commission has inquired into all aspects of this funny incident and it has heard, on this sole subject, 36 witnesses and collected 66 exhibits.
The study of this question suggests the following division:
I Francis Gabriel Thompson’s personality;
II The Miami events;
III Notary J. Conrad Moreau’s trip;
IV Thompson’s alibi;
V Thompson’s credibility;
Vi Conclusions.

-IV-
Thompson’s alibi
In support of the retraction of his confession, Thompson affirmed that, at the time of the murder of the American hunters, around the 12th of June, he lived and worked in Toronto.
The Commission took time to verify the exactness of this affirmation, but it is not easy eleven years after the event to bring a precise answer to this question, more especially because of the kind of living Thompson had and the people he associated with do not allow making an exact search.
More particularly, because of the destruction of files or apartment buildings, verifications gave no positive results at the Salvation Army, The Unemployment Insurance Commission, the Sunny Brook Hospital, Child’s Restaurant, Accurate Distributing Co. and Sparking Laundry.
However, the investigation before the Commission has first confirmed Thompson’s version stating that, under the name of Frank Gilbert, he had worked at the Pickfair Restaurant, in Toronto, from the 8th of March to the 1rst of April 1953. It is important to note that he had then made the acquaintance of William Charles Craddock who had worked at the same place from the 19th o March to the 12th of April.
A few weeks later, according to Thompson, the two pals were working for the same employer : Mercury Distributing Co., 77 Ossington, Torono, under the supervision of Arnold Murphy, who was lame in one leg. Thompson added that he had shared a room with Craddock in the beginning of summer, on Jarvis Street, at a French speaking couple’s place who had a baby of around one year old. He also remembered another fellow worker whose nickname was Smittie.
All these facts were corroborated, with reasonable certainty, by the witnesses concerned. Only Arnold Murphy could not recognize affirmatively Thompson when he saw him, but he recognized a photograph of Thompson, taken at that time, and confirmed the exactness of several facts that Thompson recalled to him. Murphy had known him under the name of Gilbert.
William Charles Craddock and Walter Valentine Smith (Smittie) have also recognized Thompson. Smith had never seen his name, but Craddock, who had shared a room with him for a few weeks, knew him under the name of Frank Gilbert. Moreover, Craddock recalled that the couple where they roomed did not speak English – he himself did not speak French – and had a baby.
At last, Mr. Albert Montpetit, who had lived in this Jarvis Street apartment from 1951 to 1953, went back around the middle of April 1953 and recalls that the apartment was then occupied by a young French speaking couple who had a baby of around one year old.
The proof, even though it is not absolutely perfect, revealed in a way that it is not seriously contestable that at the end of May and beginning of July 1953, Thompson lived and worked in Toronto.
Would he have however, during this period, left Toronto to go to Gaspé and participate in the murder of the American hunters, and come back to Toronto to continue his work for Mercury Distributing Co.?
No one can, today, affirm that it was not impossible; but it is highly unlikely, for, inter alia, the following reasons :
a) Thompson affirms to not having left Toronto from February to December 1953 ; Cradock, who roomed with Thompson, affirms that he has worked regularly with him in the night and does not believe that he might have left Toronto, at the time, for more that maybe a weekend;
b) Nothing indicates that, from Toronto, Thompson might have heard of the coming of two hunters from Pennsylvania to Gaspé;
c) The trip from Toronto to Gaspé and return represents a distance of some two thousand miles that would have caused Thompson an extended absence from Toronto;
d) He could not afford this trip unless he hitchhiked which hardly conciliates with an organized enterprise for a fixed date in the Gaspé peninsula.
e) We could hardly explain Thompson’s return to Toronto after this crime.

It is true though, that in his second book, page 166, Mr. Jacques Hébert refers to a certain Régis Quirion who, having met the two Americans in a jeep at the beginning of the summer of 1953, would have given Mr. Hébert « new precisions », and particularly :

« One of the two strangely looked like the Thompson’s photo (see chapter 16) that I saw in the newspaper at the time of the famous Thompson affair. I had taken the time to go to the post office to see a newspaper wherein this photo would be. “

The Commission called to the witness stand Mr. Régis Quirion. He declared that he had been interviewed, several years ago, by Mr. Henri Doyon, accompanied by another man not identified. Mr. Doyon shown him a picture published in a newspaper and told him that it was Thompson’s picture.
On this subject, Quirion’s testimony before the Commission took a strange form. On the one hand, indeed, he answered that the picture shown him by Doyon looked like one of the men he had seen in the American jeep. In the same breath, however, he also testified “never having seen that man”, and he added, to answer questions from the Commission legal adviser:
« Q. Had you seen that picture, before Mr. Doyon showed you?
A. No.
Q. You did not see it in the newspapers of the time?
A. No.
Q. When that picture was publised in newspapers, you had not gone to the post office, to see for yourself if you recognized that man?
A. I did not receive newspapers; I could not have seen him.
Q. You were not receiving newspapers, but you had gone on a special journey to see that?
A. No.
Q. No
A. No. »

Moreover, when shown three series of pictures where various Thompson’s pictures, including the one taken on the 3rd of July, Régis Quirion did not recognize any; even after having been told by the legal counsel to the Commission that the photograph of Thompson (taken in July 1952) was there, he persisted in his categorical denial:
« Q. I give you a chance and I say to you that Thompson is there.
A. No, I do not recognize him on that.
Q. Take your time.
A. The man that I saw does not appear on that. »

Furthermore, if we consider that, for reasons that we have exposed elsewhere, this witness is questionable, the Commission would not accept his testimony to invalidate the proof that we just summarized
On the whole, the Commission concludes that there is a reasonable certainty that at the time of the murder of the American hunters, Thompson was in Toronto. (TO BE CONTINUED)

21 avril 2009

LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU DANS L'AFFAIRE COFFIN





L'honorable sénateur Jacques Hébert
Coffin à son camp
Le couteau du jeune Lindsey et
la valise du jeune Claar que la
police a retrouvés chez la
maîtresse de Coffin à Montréal.










A) L’INCIDENT THOMPSON ET LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU

L' INCIDENT THOMPSON
L’arrêté en conseil a donné mandat à la Commission de faire enquête « sur la crédibilité des déclarations faites par Francis Thompson à la police de Miami, en novembre 1958 ».
Pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause, la Commission a donc enquêté sur tous les aspects de ce curieux incident et elle a, sur ce seul sujet entendu 36 témoins et recueilli 66 exhibits.
L’étude de la matière suggère la division suivante :
I – LA PERSONNALITÉ DE FRANCIS GABRIEL THOMPSON;
II – LES ÉVÈNEMENTS DE MIAMI;
III- LE VOYAGE DU NOTAIRE J. CONRAD MOREAU;
IV – L’ALIBI DE THOMPSON
V – LA CRÉDIBILITÉ DE THOMPSON
VI – CONCLUSIONS
NOTA NE MANQUEZ PAS CE CHAPITRE DU RAPPORT BROSSARD SUR LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU À MIAMI. C’EST ROCAMBOLESQUE VOIRE ÉPOUSTOUFLANT… UN ROMAN TORDANT! DU JACQUES HÉBERT A SON MEILLEUR!

B) LES INTERROGATOIRES DE WILBERT COFFIN, MARION PETRIE ET LEWIS SINNETT ;
C) LE CAS DE VINCENT PATTERSON;E) LES DEUX PRISONNIERS QUE L’ON AURAIT INCITÉS À TÉMOIGNER CONTRE COFFIN.

PARTIE VI, VOL. 2, CHAPIRE 1, EXTRAIT DU RAPPORT BROSSARD
L' INCIDENT THOMPSON


-III-

Le voyage du notaire J. Conrad Moreau

Le notaire J. Conrad Moreau, âgé de 51 ans, est né à St-Gervais Bellechasse; il y est toujours demeuré et il y pratique sa profession de notaire, sur la rue Principale.
Son voisin immédiat, depuis au moins une vingtaine d’années, était le docteur Armand Paradis, qui est décédé en mars de cette année.
Pour des raisons diverses, les relations entre les deux familles n’étaient pas des meilleures : on ne se fréquentait guère, on pouvait se dire bonjour à la messe du dimanche, mais on n’entretenait pas, semble-t-il, de rapports suivis. Depuis une vingtaine d’années, les amitiés s’étaient graduellement refroidies, jusqu’au point où, depuis 1960, le notaire Moreau et le docteur Paradis ne s’étaient pas adressé la parole. Leurs épouses respectives n’étaient pas en meilleur terme. On devine la froideur de leurs relations quand on apprend que la famille Paradis avait été particulièrement affectée, au dire du notaire Moreau, lorsque celui-ci s’était bâti, sur le terrain voisin, une nouvelle maison en 1959-1960.
Les parents du notaire Moreau passaient régulièrement leurs hivers en Floride, où ils louaient un appartement à l’année, à West Palm Beach et, à peu près chaque hiver, le notaire Moreau et son épouse effectuaient un voyage de quelques semaines au cours duquel ils rendaient visite aux parents du notaire.
En novembre 1958, le notaire et madame Moreau décident d’aller passer 15 jours en Floride et, suivant leurs dires, concluent les arrangements avec Eastern Airlines pour le voyage de Montréal à Miami. Il appert du répertoire, régulièrement tenu, du notaire Moreau que celui-ci n’a reçu aucun acte entre le 22 novembre et le 6 décembre 1958. Toujours suivant leurs dires, le notaire Moreau et son épouse quittèrent Montréal par le dernier avion de Eastern Airlines avant le déclenchement d’une grève de pilotes qui devait immobiliser cette compagnie durant plusieurs semaines.
Les dossiers de Eastern Airlines sont détruits après trois ans, de sorte qu’il n’y a pas de preuve documentaire disponible de ce voyage de Monsieur et Madame Moreau à l’aller; mais la preuve démontre qu’une grève des pilotes de Eastern a éclaté à minuit, le 24 novembre 1958, pour durer jusqu’au 2 janvier 1959. La version de Monsieur et Madame Moreau n’est donc pas infirmée, à tout le moins, par cette preuve.
À Miami, Monsieur et Madame Moreau ne sont restés qu’environ une heure, et toujours ensemble : le temps de prendre un taxi à l’aéroport et de se rendre au terminus d’autobus pour effectuer le trajet de 60 milles qui sépare Miami de West Palm Beach, où l’on devait demeurer à l’hôtel Pennsylvania. La Commission a tenté de vérifier à ce dernier endroit les dates du séjour de Monsieur et Madame Moreau, mais, là aussi, elle s’est heurtée à la destruction des dossiers de 1958.
À cause de la grève qui immobilisait toujours Eastern, le notaire Moreau dut faire d’autres arrangements pour le retour et il put enfin s’assurer le passage sur un avion d’une autre compagnie le 4 décembre. Confirmation de la date en est fournie par la coïncidence de la naissance d’une nièce le même jour et les téléphone et télégramme qui furent alors échangés.
Rien dans la preuve, même pas le témoignage de l’épicier d’en face Monsieur Paul Fournier, ne permet de mettre en doute la vérité des faits relatés par le notaire et madame Moreau et, pour les avoir vus et entendus témoigner, la Commission ne trouve pas de motif extrinsèque qui la justifierait de mettre leur témoignage de côté.
Or le notaire et madame Moreau jurent n’être restés à Miami qu’environ une heure, pour passer de l’avion à l’autobus, n’y être pas retournés ensuite durant leur séjour en Floride, n’avoir rien connu à l’époque de l’incident Thompson, en un mot de n’être en rien impliqués dans cette affaire.
Thompson a aussi solennellement affirmé qu’il n’avait reçu de visite d’aucun Canadien, sauf celle de Monsieur Jacques Hébert, et qu’aucun élément semblable à celui que Monsieur Hébet a mis de l’avant dans son deuxième volume n’avait joué dans sa décision. Mais il y a plus.
En effet, les circonstances qui entouraient la détention de Thompson à l’époque rendent extrêmement improbable qu’on ait pu permettre à un étranger d’entrer facilement en contact, sans surveillance, avec Thompson durant la courte période où il a maintenu ses aveux. i.e. du 27 novembre au 1er décembre.
Il est vrai que, dans son deuxième volume page 153, Monsieur Jacques Hébert met dans la bouche du président d’un poste de télévision de Miami la remarque qu’il « est possible d’acheter un garde en y mettant prix ». Le même personnage aurait ajouté à Monsieur Hébert :
« Un garde n’aurait pas cru commettre une grosse faute en permettant à un « ami canadien » d’avoir une entrevue sans témoin avec un détenu qui, après tout, n’était accusé que de vagabondage. »
Or toute autre était la situation. Thompson avait été arrêté, au début, sous un soupçon de vol. Mais dès que furent connues ses déclarations, on fit apparaître en gros caractères, sur le rapport d’arrestation, la mention « no visitors ». De plus, sur la fiche de Thompson à la prison (Jail card) apparaît, au bénéfice du geôlier, l’entrée suivante :
« Statement by Milton Chesser that deft. has been making statements to Chesser and others that he, the deft., has murdered before and would do it again. On the other info received by Chesser it is extremely advisable to use caution with this prisoner. 11 -27 -58”
Les détectives Chesser et Minix ont témoigné, comme en fait d’ailleurs foi la fiche de la prison, qu’ils avaient été les seuls à entrer en contact avec Thompson, hors Monsieur Jacques Hébert et, dans les circonstances ci-haut relatées, la Commission n’hésite pas à accorder foi entière à leur témoignage sur ce point.
D’où vient, dès lors, l’ » hypothèse » échafaudée par Monsieur Hébert dans son deuxième volume, page 154 à 158, à l’effet que, pour rétracter ses aveux et ainsi sauver l’Union Nationale d’un scandale possible, Thompson aurait accepté la forte somme ($10,000.00 ou $100,000.00 dit l’auteur) de la part du notaire Moreau qui aurait fait, dans ce but, un voyage précipité de trois jours à Miami, en sa qualité de personnage influent de l’Union Nationale et d’organisateur politique de Me Noël Dorion?
Nous entrons ici dans un domaine où jouent à la fois l’imagination et l’envie, l’imprudence et l’audace.
À l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation du journal « Le Devoir » en janvier 1960, soit plus d’un an après l’incident Thompson, Madame Armand Paradis, la voisine du notaire Moreau, vient passer huit jours à Montréal, et en profite pour aller payer son abonnement à Cité Libre. Monsieur Hébert avait son bureau dans le même édifice. Madame Paradis était une ardente admiratrice - c’était d’ailleurs son droit – de Monsieur Jacques Hébert : abonné au journal « Vrai », elle avait aussi lu tous ses ouvrages et, de temps à autre, lui écrivait des commentaires sur les œuvres que sa maison d’édition publiait.
Au cours de cette entrevue, Madame Paradis parla à Monsieur Hébert du voyage du notaire Moreau en Floride et lui remit une carte postale que celui-ci avait expédiée à Monsieur et Madame Paradis de West Palm Beach le 3 décembre 1958. Madame Paradis a témoigné que c’était purement par hasard qu’elle avait cette carte postale dans sa sacoche lors de son entrevue avec Monsieur Hébert, plus d’un an après les événements dont il s’agissait!
Quoi qu’il en soit, il fut évidemment convenu entre eux que Madame Paradis jouerait au détective amateur puisque, le 24 avril 1960, elle écrivait de St-Gervais à Monsieur Hébert :
« Je crois que vous attendez signe de vie de ma part, faisant suite à la dernière entrevue. J’ai le regret de vous dire : rien de nouveau. J’ai posé des jalons; même des pièges, sans résultat immédiat bien que je ne perde pas confiance. Bien entendu, mes moyens d’action sont limités de par ma situation, vous en conviendrez.

J’espère que vos démarches sont plus fructueuses, bien que je reste convaincue que la justice et la vérité soient deux grandes dames fort peu courtisées et très difficiles d’approche.
Dans la mesure de mes faibles moyens, je reste prête à coopérer.
Avec mes meilleurs vœux de succès. »
Subséquemment, Monsieur Hébert écrivait à Madame Paradis qu’il pourrait la rencontrer à l’Hôtel Clarendon, à Québec – Madame Paradis avait exprimé le désir de ne pas traiter de cette affaire avec Monsieur Hébert à St-Gervais – et, de fait, l’entrevue eut lieu, à une date cependant que la preuve n’a pas précisée.
Or il appert que Madame Paradis a alors fourni à Monsieur Hébert la plupart des renseignements – non pas tous, cependant, sur lesquels celui-ci a bâti son hypothèse et, pour ce faire, Madame Paradis s’est basée exclusivement sur ce qui lui a semblé une coïncidence de dates entre le départ du notaire Moreau pour la Floride et la rétractation de Thompson. Or Madame Paradis n’avait même pas eu personnellement connaissance du départ du notaire Moreau et elle ignorait même si son épouse l’avait accompagné; devant la Commission, elle n’a pas pu fournir de précisions qui soient venues infirmer la version des intéressés.
Par ailleurs, Madame Paradis a déclaré et répété, devant la Commission, que « ç’a commencé comme une farce, cette histoire-là », que «c’est parti en farce, ça, cette affaire-là » et qu’elle l’avait bien dit à Monsieur Jacques Hébert. Le notaire Moreau avait d’ailleurs déjà témoigné aussi que le docteur Paradis « en faisait beaucoup de blagues ».
Et pourtant, c’est apparemment sur ces seules informations venant de Madame Paradis, sans en vérifier l’exactitude ni le sérieux, que Monsieur Jacques Hébert a assis son hypothèse. Il n’est pas sans intérêt de noter que le notaire Moreau la démentait publiquement dans un affidavit qu’il faisait publier dans les journaux de Québec le 18 décembre 1963, soit quelques jours seulement après la parution du livre de Monsieur Jacques Hébert.
Qui plus est, Monsieur Hébert a ajouté quelques éléments qui épicent le récit, mais que Madame Paradis, cette fois-ci, a nié lui avoir fournis : disons simplement, sans élaborer, que la preuve les a tantôt détruits (la question d’influence politique), tantôt ignorés (la situation financière).
De tout ceci, il reste en preuve devant la Commission que le notaire J. Conrad Moreau n’a rien eu à voir avec l’incident Thompson de près ou de loin et a été entraîné dans cette affaire malgré lui sur la foi d’un ragot de village, par suite de ce que nous appelions plus haut, d’une part, l’imagination et l’envie de Madame Armand Paradis et, d’autre part, l’imprudence et l’audace de Monsieur Jacques Hébert.
Quelle que soit l’habileté du procédé qui consiste à énoncer une « hypothèse » pour traîner sur la place publique un citoyen que l’on finit par « acquitter » (page 158), la Commission ne voit aucune justification à cet épisode du livre de Monsieur Hébert et trouve difficile de qualifier avec assez de sévérité la conduite d’un auteur qui fait preuve de manque aussi complet du sens de la responsabilité et qui affiche un mépris aussi souverain pour la réputation d’autrui. (À SUIVRE)

NOTARY MOREAU'S TRIP IN THE COFFIN AFFAIR







NOTAIRY MOREAU'S TRIP IN THE COFFIN AFFAIR





L'honorable Jacques Hébert
Coffin à son camp
EXCERPT FROM THE BROSSARD REPORT, PART VI, VOLUME 2,
CHAPTER 1

THE THOMPSON INCIDENT

(A literal translation by Clément Fortin)
The order-in-council has given the Commission the mandate to investigate the “credibility of the statements made by Francis Thompson to the Miami police, in November 1958”.
In order to report with full knowledge of the facts, the Commission has inquired into all aspects of this funny incident and it has heard, on this sole subject, 36 witnesses and collected 66 exhibits.
The study of this question suggests the following division:
I Francis Gabriel Thompson’s personality;
II The Miami events;
III Notary J. Conrad Moreau’s trip;
IV Thompson’s alibi;
V Thompson’s credibility;
Vi Conclusions.

-I-

-III-

Notary J. Conrad Moreau’s trip
(A literal translation by Clément Fortin)
Notary J. Conrad Moreau, 51 years old, was born in St-Gervais, Bellechasse; he always resided there and practiced his profession on Main Street.
His immediate neighbour, for some twenty years, was Dr. Armand Paradis, who passed away in March of this year.
For various reasons, the relationships between the two families were not at best: they were hardly seeing each other, they might say good day at Sunday mass, but were not in constant contact. For the past some twenty years or so, their friendship had gradually cooled off, up to the point where since 1960, notary Moreau and Dr. Paradis had not spoken to one another. Their wives were not on best term. We may imagine the coldness of their relations when we learn that the Paradis family was particularly moved, according to notary Moreau, when the latter had built, on the neighbouring lot, a new house in 1959-1960.
Notary Moreau’s parents regularly spent winter in Florida where they rented an apartment all year long, at West Palm Beach and, almost each winter, notary Moreau and his wife would go for a few weeks during which they visited the notary’s parents.
In November 1958, notary and Mrs. Moreau decided to spend 15 days in Florida and, according to them, they travelled with Eastern Airlines from Montréal to Miami. The notary’s register of deeds shows that no entry was made between the 22nd of November and the 6th of December 1958. Always according to them, notary Moreau and his wife left Montréal on an Eastern Airlines airplane before pilots went on strike and paralysed this company for several weeks.
Eastern Airlines files are destroyed after three years. Therefore, there is no documentary proof available for Mr. And Mrs. Moreau’s trip from Montréal to Miami; but the proof shows that pilots strike was declared at midnight, on the 24th of November 1958, and lasted until the 2nd of January. Mr. and Mrs Moreau’s version is therefore not invalidated, to say the least, with this proof.
In Miami, Mr. and Mrs. Moreau only stayed about an hour, and always together; the time to take a taxi at the airport and to go to the bus terminal to drive for 60 miles that separate Miami from West Palm Beach, where they were to stay at the Pennsylvania Hotel. The Commission has tried to verify at that hotel the dates where Mr. And Mrs Moreau stayed but came up against the destruction of the 1958 files.
Because of the strike that was still paralysing Eastern, notary Moreau had to make other arrangements to return home and could finally get on the plane of another company on the 4th of December. Confirmation of the date is given by the coincidence of the birth of a niece the same day and phone calls and telegrams that were then exchanged.
Nothing in the proof, not even the testimony of Mr. Paul Fournier, a grocer opposite Moreau’s house, allows us to doubt the truth of the facts reported by the notary and Mrs. Moreau and, for having seen them and having heard them as witnesses, the Commission does not find an intrinsic motive that would justify it to put aside their testimony.
Notary and Mrs. Moreau swear having stayed in Miami about an hour, to transfer from the plane to the autobus, then not having returned during their stay in Florida, having known nothing at the time of the Thompson incident, in short, not being implied in this affair. Thompson also solemnly affirmed that he had not received the visit of any Canadian, except that of Jacques Hébert, and that no such element that Mr. Hébert describes in his second book had influenced his decision. But there is more.
In fact, the circumstances surrounding Thompson’s detention, at the time, render extremely unlikely that a stranger be granted permission to have, without supervision, a contact with him during the short period of time he upheld his confession. i.e. from the 27th of November to the 1rst of December.
It is true that, in his second book, at page 153, Mr. Jacques Hébert puts in the mouth of a president of a television station in Miami this remark : « it is possible to buy a warden in paying the price ». The same person would have added :
« A warden would not have thought making a big mistake in allowing a « Canadian friend » to have a private interview with a detainee who, after all, was only accused of vagrancy. »
But the situation was otherwise. Thompson had been arrested, at first, suspected of theft. But as soon as were known his declarations, they posted in large prints, on the arrest report, the mention “no visitors”. Moreover, on Thompson’s jail card, to the benefit of the jailer, mention was made of the following :
« Statement by Milton Chesser that deft. has been making statements to Chesser and others that he, the deft., has murdered before and would do it again. On the other info received by Chesser it is extremely advisable to use caution with this prisoner. 11 -27 -58”
Detectives Chesser and Minix testified, as shows the jail card, that they were the only ones who had contact with Thompson, except Mr. Jacques Hébert and, under the circumstances above said, the Commission does not hesitate to rely on their testimony on this point.
Where does Mr. Hébert’s « hypothesis » come from in his second book, pages 154 à 158, saying that to retract his confession and thus save the Union Nationale of a possible scandal, Thompson would have accepted a heavy sum of money ($10,000.00 or $100,000.00 says the author) from notary Moreau who would have made, for this purpose, a hasty trip of three days to Miami, in his quality of very important person from the Union Nationale and political organizer for Mtre Noël Dorion?
We are entering here a domain where imagination, envy, imprudence and audacity all play together.
On the fiftieth anniversary of Le Devoir, in January 1960, that is more than a year after the Thompson incident, Mrs. Armand Paradis, notary Moreau’s neighbour, spent eight days in Montréal, and on this occasion she went to pay her subscription to Cité Libre. Mr. Hébert had his office in the same building. Mrs. Paradis was a great fan – it was her right – of Mr. Jacques Hébert : a subscriber to the newspaper « Vrai », she also had read all his books, and from time to time, wrote him and made comments on the books he published.
During this interview, Mrs. Paradis spoke to Mr. Hébert of notary Moreau’s trip to Florida and gave him a postcard that the latter had sent to Mr. and Mrs. Paradis from West Palm Beach on the 3rd of December 1958. Mrs. Paradis had testified that it was quite by chance that she had this postcard in her purse when she met Mr. Hébert, more than a year after the event in question!
Be that as it may, it was obviously agreed between them that Mrs. Paradis would play the amateur detective since on the 24th of April 1960, she wrote from St-Gervais to Mr. Hébert :
« I believe that you are waiting from me a sign of life, following our last meeting. I regret to tell you: nothing new. I prepared the ground; even traps, without immediate result even though I do not lose confidence. Of course, because of my situation, my means of action are limited, you will agree.

I hope that the steps you took were more successful, even though I am convinced that justice and truth are two great ladies little wooed and very hard to approach.
Considering my weak means, I am always ready to cooperate.
With my best wishes of success. »

Subsequently, Mr. Hébert wrote Mrs. Paradis that he could meet her at the Clarendon Hotel, in Québec City – Mrs. Paradis had expressed the desire to not talk about this affair with Mr. Hébert at St-Gervais – and, in fact, the interview took place at a date however that the proof had not specified.
It appears that Mrs. Paradis has then given Mr. Hébert most of the information – not all, however, upon which he has constructed his hypothesis and, to do so, Mrs. Paradis relied exclusively on what seemed to her a coincidence of dates between notary Moreau’s departure for Florida and Thompson’s retraction. Mrs. Paradis had not had personal knowledge of notary Moreau’s departure and she did not know if his wife had accompanied him; before the Commission, she was not able to specify what might have invalidated the version of the interested parties.
On the other hand, Mrs. Paradis declared and repeated, before the Commission, that « it began like a prank, this story », that « it began in a prank, that affair » and that she had told so Mr. Hébert. Notary Moreau had moreover testified also that Dr. Paradis « was making many jokes ».
And yet, it is apparently only on this information coming from Mrs. Paradis, without verifying either the exactness or the seriousness, that Mr. Hébert has constructed his hypothesis. It is not without interest to note that notary Moreau denied her publicly in an affidavit that he had published in Québec newspapers on the 18th of December 1963, a few days after the publication of Mr. Jacques Hébert’s book.
What’s more, Mr. Hébert had added a few elements that pepper the story, but Mrs. Paradis, this time, denied having given him : let us say simply, without developing, that the proof has sometimes destroyed them (the political influence question) and sometimes ignored them (the financial situation).
Of all this, it remains from the proof made before the Commission that notary J. Conrad Moreau had nothing to do with the Thompson incident in any way whatsoever and he has been dragged into this affair reluctantly on the strength of village gossips, as a result of what we have called hereinabove, on the one hand, Mrs. Paradis’ imagination and envy and on the other, Mr. Jacques Hébert’s carelessness and audacity.
Whatever the cleverness of the process that consists of expressing a « hypothesis » to drag a citizen on the public place, that we end up in « acquitting » (page 158), the Commission does not see any justification to this chapter of Mr. Hébert’s book and finds difficult to qualify with enough severity the conduct of an author who shows such a lack of responsibility and who shows such sovereign contempt for the reputation of others. (TO BE CONTINUED)

11 avril 2009

L'INCIDENT THOMPSON ET LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU DANS L'AFFAIRE COFFIN




L'honorable sénateur Jacques Hébert
La prison de Bordeaux où Coffin a été
exécuté.

A) L’INCIDENT THOMPSON ET LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU

I – LA PERSONNALITÉ DE FRANCIS GABRIEL THOMPSON;
II – LES ÉVÈNEMENTS DE MIAMI;
III- LE VOYAGE DU NOTAIRE J. CONRAD MOREAU;
IV – L’ALIBI DE THOMPSON
V – LA CRÉDIBILITÉ DE THOMPSON
VI – CONCLUSIONS

NOTA NE MANQUEZ PAS CE CHAPITRE DU RAPPORT BROSSARD SUR LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU À MIAMI. C’EST ROCAMBOLESQUE VOIRE ÉPOUSTOUFLANT… UN ROMAN TORDANT! DU JACQUES HÉBERT A SON MEILLEUR!

B) LES INTERROGATOIRES DE WILBERT COFFIN, MARION PETRIE ET LEWIS SINNETT ;
C) LE CAS DE VINCENT PATTERSON;
D) LES DEUX PRISONNIERS QUE L’ON AURAIT INCITÉS À TÉMOIGNER CONTRE COFFIN.

PARTIE VI, VOL. 2, CHAPIRE 1, EXTRAIT DU RAPPORT BROSSARD
L' INCIDENT THOMPSON
L’arrêté en conseil a donné mandat à la Commission de faire enquête « sur la crédibilité des déclarations faites par Francis Thompson à la police de Miami, en novembre 1958 ».
Pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause, la Commission a donc enquêté sur tous les aspects de ce curieux incident et elle a, sur ce seul sujet entendu 36 témoins et recueilli 66 exhibits.
L’étude de la matière suggère la division suivante :
I La personnalité de Francis Gabriel Thompson;
II Les évènements de Miami;
III Le voyage du notaire J. Conrad Moreau;
IV L’alibi de Thompson;
V La crédibilité de Thompson;
Vi Conclusions.

-I-
La personnalité de Francis Gabriel Thompson
Né il y a quarante ans dans la réserve indienne de St-Régis, à la frontière du Québec, de l’Ontario et des États-Unis, Francis Gabriel Thompson y a vécu jusqu’à l’âge de dix ans, pour ensuite y retourner pour de courts séjours en 1939-40 et en 1953-54.
Il quittait la réserve vers la fin de l’été 1954, sous escorte de la gendarmerie royale pour être interné à l’hôpital pour malades mentaux de Brockville, en Ontario, le 16 août : il venait de scier son bateau en deux et projetait de naviguer le fleuve Saint-Laurent sur l’une des moitiés!
Trois mois plus tard, Thompson s’échappait de l’hôpital. Cependant, en 1961 il faisait un autre séjour à un hôpital pour malades mentaux d’Alberta.
En 1964, à l’époque de l’enquête, il vivait à Vancouver, sous un nom d’emprunt.
C’était là d’ailleurs une habitude acquise, car, depuis une vingtaine d’années, il avait été connu sous les noms de François Gilbert (prononcé à la française), Francis Gilbert (prononcé à l’anglaise), Michael Eugene Bonaparte et peut-être Wilfrid Seymour, en plus de son nom véritable.
Durant cette même période, de 1941 à 1963, Thompson a accumulé une vingtaine de condamnations judiciaires, réparties entre les provinces de Québec, Ontario, Alberta et Colombie-Britannique et les états de New York, Montana et Floride.
Prématurément vieilli au physique, doué d’une mince instruction, Thompson semble cependant avoir réussi à acquérir un certain vernis qui lui permet d’écrire et de s’exprimer d’une façon fort convenable et même d’émailler ses réponses de sentences à l’allure philosophique.
Montre-t-il toutefois quelque attachement à la vérité? L’évolution de ses croyances religieuses jette un éclairage intéressant sur la question.
Élevé dans la religion catholique romaine, Thompson cesse, vers 1947, de croire en l’existence de Dieu. Dans les années qui suivent, sa philosophie se résume, suivant ses propres paroles, comme suit :
« My belief, prior to nineteen sixty-one (1961) was to get by in this world, whatever… however way you can find best. That the teachings of any church was something similar to rubbish; that there was absolutely no proof that such a deity as the Holy One exists.”
Cependant en 1961 il se convertit à la Church of God et recommence à croire en l’existence d’un Être Suprême.
On constate ainsi que, de 1947 à 1961, Thompson ne croyait à rien. La vérité? Ecoutons encore Thompson :
« Q. Did you think that Truth should be said in answer to questions that were being put at some time or other?
A. Sometimes yes, sometimes, no.”

En bref, dès lors, Thompson se présente comme un Indien de quarante ans, qui a vécu d’expédients, a toujours eu maille à partir avec la justice et a dû être traité dans des institutions pour malades mentaux. Dans la période qui intéresse cette enquête, 1958, il ne croyait à rien et ne se sentait qu’un respect très mitigé pour la vérité.
Quel poids faut-il attacher à ses déclarations à la police de Miami?

-II-

Les évènements de Miami

Le film de ces évènements couvre une période de dix jours.
Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1958, vers minuit et trente, le constable Zambuto, de la police de Miami, mettait Thompson en état d'arrestation. Le 25 novembre, le propriétaire du yacht « Pudlu », amarré en rade de Miami, rapportait la disparition de divers articles dont certains venaient d’être trouvés en la possession de Thompson sans que celui-ci puisse fournir d’explications valables. C’était par ailleurs le troisième vol à bord de ce yacht en l’espace de quelques jours.
Le 25 novembre, les détectives Chesser et Minix, de la police de Miami, prenaient cette affaire en main et procédaient à un premier interrogatoire de Thompson. Au cours de la journée, celui-ci admettait finalement sa participation au vol sur le yacht, avec un complice, et signait une confession en bonne et due forme.
Le lendemain, 26 novembre, les détectives procèdent à un nouvel interrogatoire au sujet des deux vols antérieurs sur le même yacht, mais Thompson nie. Puis, le 27 novembre, Thompson, au cours de l’interrogatoire de Chesser, se déclare soudainement l’auteur avec un nommé Johnny Green, du meurtre de deux chasseurs américains dans la région de la baie de Gaspé, au Nouveau-Brunswick qui, à 9 heures et 15 p.m., réfère le tout à la Sûreté provinciale de Québec.
Dès le 28 novembre, le colonel Léon Lambert, directeur adjoint de la Sûreté provinciale pour la région de Québec, télégraphie à Miami et demande qu’on lui fasse parvenir la photographie et les empreintes digitales du suspect ainsi que la déclaration qu’il a fournie. En même temps, il téléphone à Miami, apprend les évènements et accepte d’envoyer une série de vingt questions qui permettront de mieux juger du sérieux de la confession de Thompson.
L’Assistant-Procureur Général Charles-Édouard Cantin juge qu’il y a lieu d’obtenir ce supplément d’information avant d’envoyer des officiers de la Sûreté provinciale à Miami et il donne instructions qu’on prépare le questionnaire. L’inspecteur J. Alphonse Matte s’en charge, Me Cantin le revise et y ajoute, le Colonel Lambert le traduit et, le même jour, vers 11 heures et 45 a.m., il transmet ces questions par téléphone au détective Chesser à Miami.
Le 29 novembre, le détective Minix interroge Thompson, obtient ses réponses aux vingt questions reçues la veille de Québec, vérifie les réponses avec Thompson et expédie le tout par la poste, le même jour, à la Sûreté provinciale qui reçoit l’envoi le 1er décembre. Le colonel Lambert transmet le document, sur réception, à l’aide-procureur général et demande des instructions.
Pendant ce temps, les agences de presse avaient répandu la nouvelle de la confession de Thompson, le journaliste Marcel Thivierge avait fait, aux frais de son agence, un téléphone de $50.00 à Miami, du bureau de Me Francois de B. Gravel à Québec, et Monsieur Jacques Hébert s’était mis en route pour la Floride.
Jusque-là, contrairement à ce qu’affirme Monsieur Hébert dans son deuxième volume, page 149, la Sûreté provinciale n’avait certes pas fait montre d’hésitation; au contraire, elle avait agi avec une remarquable célérité, dans un dossier qui datait déjà de quelques années.
Quoiqu’en dise le même auteur, à la page 170, il n’y a non plus aucune preuve que les autorités québécoises aient fait montre d’ » hostilité » à l’endroit de la police de Miami. Au contraire, les détectives Chesser et Minix ont vigoureusement démenti cette assertion.
De toute façon, le jour même où l’assistant procureur général, le directeur adjoint de la Sûreté et l’inspecteur Matte étudiaient les réponses fournies par Thompson à leur questionnaire et concluaient à une fumisterie – nous verrons plus loin s’ils avaient raison ou non - ce même jour, le 1er décembre, Thompson répudiait ses aveux, déclarait qu’il était innocent du meurtre des Américains et qu’il avait confessé ce crime uniquement pour échapper à la justice américaine, qui devait se montrer sévère envers lui, et pour obtenir son extradition au Canada.
Monsieur Jacques Hébert arrivait à Miami le lendemain, le 2 décembre. À ce moment-là, le ministère du procureur général de Québec avait décidé de refermer son dossier, vu l’annonce de la rétractation des aveux de Thompson, qui confirmait l’opinion que l’on s’était formée à leur sujet.
À Miami, cependant, l’on décidait de soumettre Thompson à l’expérience du détecteur de mensonges, aux mains de Monsieur Warren B. Holmes; monsieur Holmes est un expert d’une haute compétence dans ce domaine, qui a pratiqué quelque douze mille interrogatoires du genre et qui a réussi à obtenir environ 350 confessions de meurtriers, qui, jusqu’au moment de se soumettre à son interrogatoire, avaient maintenu leur négation de culpabilité. Me Raymond Daoust, c.r., procureur de monsieur Hébert, a d’ailleurs reconnu publiquement devant la Commission les éminentes qualifications de monsieur Holmes.
Disons seulement qu’à l’issue de cette expérience, conduite selon toutes les données d’usage, monsieur Holmes devait conclure à la fausseté de la confession de Thompson. La tentative de monsieur Hébert d’affaiblir cette conclusion par une attaque de flanc contre les questions portant sur la conduite d’un véhicule automobile ou sur le maniement d’une arme à feu par Thompson, s’est soldée par un échec.
Après cette expérience, Monsieur Hébert avait une entrevue de quelques minutes avec Thompson. Tous deux affirment qu’ils ont pu discuter seul à seul. Messieurs Chesser, Minix et Holmes au contraire déclarent qu’en aucun moment Messieurs Thompson et Hébert ne furent laissés seuls. De toute façon, les résultats de cette entrevue furent aussi négatifs.
Quelle fut la réaction de ceux qui avaient participé ou assisté à l’expérience du détecteur de mensonges?
Dans son deuxième volume, Monsieur Jacques Hébert écrit, page 149 :
« Les détectives Chesser et Minix, que j’ai longuement interrogés, ne s’expliquaient pas le brusque revirement d’attitude de Thompson et restaient sous l’impression qu’il avait dit vrai la première fois. »
À la page 152, Monsieur Hébert ajoute :
« Je fais mes adieux aux détectives Chesser et Minix que le résultat du test n’a pas complètement ébranlés. Ils ont peine à croire que les premiers aveux de Thompson n’étaient pas fondés. Comme moi, ils restent convaincus que Thompson est le meurtrier ou un complice du meurtre, ou un témoin du meurtre, ou peut-être le confident du véritable meurtrier. »
Devant la Commission Monsieur Hébert, entendu comme témoin, a soutenu ces affirmations. Messieurs Chesser et Minix les ont cependant carrément contredites et on nié avoir tenu de tels propos ou exprimé de semblables convictions.
D’autre part, Monsieur Jacques Hébert a également rapporté sa conversation avec Monsieur Holmes, dès la fin de l’expérience : page 51 du même ouvrage. Cette fois-ci, Monsieur Holmes a reconnu que le récit était vrai en substance. Mais il a ajouté :
« the only thing that he has done is he has taken my frank expression to him and twisted them a little bit to apply to Thompson which was not the impression or statement which I gave to him at the time. »
Huit jours s’étaient écoulés, durant lesquels la presse de l’Amérique s’était émue, depuis le 27 novembre, alors que Thompson avait confessé le crime, jusqu’au 4 décembre, alors que le test du détecteur de mensonges confirmait, du moins dans l’opinion de Holmes, que la vérité se trouvait dans la rétractation, et non dans l’aveu.
Qu’est-ce qui avait pu ainsi amener Thompson à avoir, puis à retirer ses aveux?
Thompson a témoigné qu’il craignait, vu son dossier, d’écoper d’une lourde sentence. Puisant alors dans ses souvenirs, il imagina de se proclamer coupable de meurtre – et de deux meurtres – croyant qu’il pourrait ainsi se faire déporter au Canada, où il se faisait fort de démontrer son innocence.
C’est le résultat ultime que prévoyait déjà le chef des détectives de Miami, auquel parla le journaliste Marc Thivierge, de Québec, dès la publication de la confession de Thompson.
C’est également la version, à laquelle Thompson s’est toujours tenu, à Messieurs Chesser, Minix, Holmes, Jacques Hébert, dans sa déclaration à Monsieur Lucien Descent, le 22 décembre 1963 et dans sa lettre personnelle à son ami David George, le 6 mars 1964.
Le motif de sa rétractation reste cependant assez obscur.
À monsieur Holmes, il a déclaré qu’il détestait les policiers et avait voulu les tourner en ridicule.
Devant la Commission, Thompson a témoigné qu’il avait eu une entente avec le chef de police de Miami : s’il disait enfin la vérité, on lui garantissait la déportation au Canada. C’est sur la foi de cette promesse que Thompson aurait alors rétracté sa confession.
Chose certaine, la plainte logée contre Thompson fut finalement renvoyée, le 28 janvier 1959, faute de preuve et Thompson fut éventuellement déporté au Canada.
S’il est vrai qu’il avait nourri cette intention, son stratagème a réussi.
Faudrait-il cependant voir plutôt, dans son revirement soudain, un résultat de manœuvre de la part du notaire J. Conrad Moreau? (À SUIVRE)

THE THOMPSON INCIDENT IN THE COFFIN AFFAIR




EXCERPT FROM THE BROSSARD REPORT, PART VI, VOLUME 2,
CHAPTER 1
THE THOMPSON INCIDENT
(A literal translation by Clément Fortin)
The order-in-council has given the Commission the mandate to investigate the “credibility of the statements made by Francis Thompson to the Miami police, in November 1958”.
In order to report with full knowledge of the facts, the Commission has inquired into all aspects of this funny incident and it has heard, on this sole subject, 36 witnesses and collected 66 exhibits.
The study of this question suggests the following division:
I Francis Gabriel Thompson’s personality;
II The Miami events;
III Notary J. Conrad Moreau’s trip;
IV Thompson’s alibi;
V Thompson’s credibility;
Vi Conclusions.

-I-
Francis Gabriel Thompson’s personality
Born forty years ago in the St. Regis Indian reservation, on the Québec, Ontario and United States frontiers, Francis Gabriel Thompson resided there until he was 10 years old, and returned for short stays in 1939-40 and 1953-54.
He left the reservation at the end of the summer of 1954, escorted by the Royal Mounted Police to be confined to a mental hospital in Brockville, Ontario, on the 16th of August : he had just sawn his boat in two and had planned to navigate on the Saint-Lawrence river on one half of it!
Three months later, Thompson escaped from the hospital. However in i1961, he was confined again in a mental hospital in Alberta.
In 1964, at the time of the inquiry, he was living in Vancouver under a borrowed name.
It was a habit because for the past twenty years he had been known under the names of François Gilbert (pronounced in the French manner), Francis Gilbert (pronounced in the English manner), Michael Eugene Bonaparte and maybe Wilfred Seymour, plus his real name.
During that time, from 1941 to 1963, Thompson collected some twenty convictions, from the provinces of Québec, Ontario, Alberta and British Columbia and the states of New York, Montana and Florida.
Prematurely aged physically, with a little education, Thompson seems to have acquired a certain veneer that allows him to write and express himself adequately and even pepper his answers with philosophical sentences.
Does he show, however, some attachment to truth? The evolution of his religious beliefs sheds some interesting light on this matter.
Brought up in the Roman Catholic religion, Thompson stops, around 1947, to believe in the existence of God. In the following years, his philosophy may be summed up, according to his own words, as follows:
« My belief, prior to nineteen sixty-one (1961) was to get by in this world, whatever… however way you can find best. That the teaching of any church was something similar to rubbish; that there was absolutely no proof that such a deity as the Holy One exists.”
However in 1961, he was converted to the Church of God and believes once more in the existence of a Supreme Being.
We notice thus that, from 1947 to 1961, Thompson believed in nothing. Truth? Let us listen again to Thompson :
« Q. Did you think that Truth should be said in answer to questions that were being put at some time or other?
A. Sometimes yes, sometimes, no.”

Briefly, Thompson presents himself like a forty year old Indian who has lived by his wits, has always had problems with justice and had to be treated in mental hospitals. In the period that concerns that inquiry, 1958, he believed in nothing and had only a little respect for truth.
What importance may we give to his statements to the Miami police?

-II-

The Miami events

The course of the events spreads over a period of ten days.
In the night of the 24th and 25th of November 1958, around 12:30 a.m., constable Zambuto, of the Miami police, arrested Thompson. On the 25th of November, the owner of the yacht “Pudlu”, moored in Miami harbour, reported the disappearance of various items come of which had just been found in Thompson’s possession without being able to give valuable explanations. It was the third theft on board of that yacht within a few days
On the 25th of November, detectives Chesser and Minix, of the Miami police, were assigned to this case and proceeded to a first examination of Thompson. During the day, Thompson finally admitted his theft on the yacht, with an accomplice, and signed a confession in due form.
The following day, 26th November, the detectives proceeded to a new examination on two previous thefts on the same yacht, but Thompson denied. Then, on the 27th of November, Thompson, in the course of an examination by Chesser, stated suddenly that he was the author, with Johnny Green, of the murder of two American hunters in the bay of Gaspé area, in New Brunswick. Chesser, at 9:15 p.m., referred the case to the Québec Provincial Police.
On the 28th of November, colonel Léon Lambert, assistant director of the Québec Provincial Police for the Québec area, wires Miami and asks for a photograph and the fingerprints of the suspect and his statement. At the same time, he telephones Miami and he is informed of the events and he accept to send a series of twenty questions that will allow them to better judge the seriousness of Thompson’s confession.
Assistant Attorney General Charles-Edouard Cantin thinks fit to obtain more information before sending Québec Police officers to Miami and gives instructions for the drafting of the questionnaire. Inspector J. Alphonse Matte does it, Mtre Cantin revises it and adds to it, colonel Lambert translates it and, the same day, around 11 : 45 a.m., he transmits his questions over the phone to detective Chesser of Miami.
On the 29th of November, detective Minix examines Thompson, gets answers to the twenty questions received the day before, verifies the answers with Thompson and sends the whole by mail, the same day, to the Québec Provincial Police that receive it on the 1rst of December. Colonel Lambert transmits the document, on reception, to the assistant attorney general and requests instructions.
Meanwhile, press agencies had spread the news about Thompson’s confession, newspaperman Marcel Thivierge had made, at the expense of his agency, a $50.00 phone call to Miami, from Mtre Francois de B. Gravel’s office, in Québec City, and Mr. Jacques Hébert had left for Florida.
Until then, contrary to what Mr. Hébert writes in his second book, at page 149, the Québec Provincial Police had not hesitated; on the contrary, it had acted with remarkable speed, in a file that took place a few years ago.
Whatever the same author writes, at page 170, there is no proof that the Québec authorities had shown « hostility » towards the Miami police. On the contrary, detectives Chesser and Minis vigorously denied that statement.
Anyway, the same day where the assistant general attorney, the assistant director of the Québec Provincial police and inspector Matte examined the answers given by Thompson to their questionnaire, they concluded to a hoax – we shall see later if they were right – this same day, the 1rst of December, Thompson repudiated his admissions, declared that he was innocent of the murder of the Americans and that he had confessed this crime solely to escape from American justice, which would be more severe towards him, and to obtain his extradition to Canada.
Mr. Hébert arrived in Miami the following day, on the 2nd of December. At this moment, the Department of the Attorney General of Québec had decided to close its file, given Thompson’s retractation, which confirmed the opinion reached by them on this subject.
In Miami, however, it was decided to submit Thompson to a lie detector test administered by Mr. Warren B. Holmes; Mr. Holmes is an expert highly qualified in this field, who administered some twelve thousand of these tests and got some 350 confessions from murderers, who, until the time they were submitted to his examination, had denied their guiltiness. Mtre Raymond Daoust, Q.C., Mr. Hébert’s attorney, has recognized publicly before this Commission Mr. Holmes’ high qualifications.
Let us only say that at the end of this experience, conducted according to the customary data, Mr. Holmes had to conclude to the falseness of Thompson’s confession. Mr. Hébert’s attempt to weaken this conclusion in attacking on the flank the questions bearing on the driving of an automobile vehicle or on the use of firearms by Thompson, failed.
After this experience, Mr. Hébert had a few minute interview with Thompson. Both of them stated that they could discuss in private. Messrs. Chesser, Minix and Holmes, on the contrary, stated that at no time Messrs. Thompson and Hébert were left alone. Anyway, the results of this interview were negative.
What was the reaction of those who participated in or attended this lie detector test? In his second book, Mr. Jacques Hébert writes, at page 149 :
« Detectives Chesser and Minix whom I have questioned at length could not explain Thompson’s sudden change of attitude and remained under the impression that he had spoken the truth the first time. »
At page 152, Mr. Hébert adds :
« I say goodbye to detectives Chesser and Minix who were completely shaken by the test result. They can hardly believe that the first admissions of Thompson were not founded. Like me, they remain convinced that Thompson is the murderer or an accomplice of the murder, or a witness of the murder, or maybe a confidant of the real murderer.”
Before this Commission, Mr. Hébert, heard as a witness, has sustained those affirmations. Messrs. Chesser and Minix however contradicted them bluntly and they denied having said such words or expressed similar convictions.
On the other hand, Mr. Jacques Hébert also reported his conversation with Mr. Holmes, at the end of the test : page 51 of the same book. This time, Mr. Holmes recognized that what was reported was true in substance. But he added:
« the only thing that he has done is he has taken my frank expression to him and twisted them a little bit to apply to Thompson which was not the impression or statement which I gave to him at the time. »
Eight days had elapsed, during which the press of America was moved, since the 27th of November, while Thompson had confessed to the crime, until the 4th of December, when the lie detector test confirmed, at least in Holmes’ opinion, that the truth was to be found in the retractation and not in the confession.
What might have induced Thompson to make his confession and retract it?
Thompson has said, given his file, that he feared getting a heavy sentence. Drawing from his souvenirs, he imagined that he could declare himself guilty of a murder – and of two murders – believing that he might thus be deported to Canada where he could show his innocence.
It is the ultimate result that foresaw the chief of Miami detectives, to whom spoke newspaperman Marc Thivierge, of Québec City, on publishing Thompson’s confession.
It is also the version to which Thompson has always stood by, to Messrs. Chesser, Minix, Holmes, Jacques Hébert, in his declaration to Mr. Lucien Descent, on the 22nd of December 1963 and his personal letter to his friend David George, on the 6th March 1964
The reason for his retractation remains however obscure.
To Mr. Holmes, he declared that he hated police officers and wanted to ridicule them.
Before this Commission, Thompson testified that he had an understanding with the Miami chief of police: if he at last spoke the truth, his deportation to Canada would be guaranteed.
It is on the strength of this promise that Thompson would have then retracted his confession.
One thing is certain, the grief filed against Thompson was finally put aside, on the 28th of January 1959, for lack of proof and Thompson was eventually deported to Canada.
If it is true that he had this intention, his plan was successful.
Should we, however, rather see, in his sudden flip flop, the result of notary J. Conrad Moreau’s manoeuvre? (TO BE FOLLOWED)

5 avril 2009

LES TÉMOIGNAGES DE L'EXPERT PÉCLET DANS L'AFFAIRE COFFIN











La camionnette des
chasseurs américains
Le couteau de Richard
Lindsey que la police a retrouvé à l'appartement
de la maîtresse de Coffin à Montréal
LES TÉMOIGNAGES DE L’EXPERT PÉCLET

A) L’INCIDENT THOMPSON ET LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU
I – LA PERSONNALITÉ DE FRANCIS GABRIEL THOMPSON;
II – LES ÉVÈNEMENTS DE MIAMI;
III- LE VOYAGE DU NOTAIRE J. CONRAD MOREAU;
IV – L’ALIBI DE THOMPSON
V – LA CRÉDIBILITÉ DE THOMPSON
VI – CONCLUSIONS
NOTA NE MANQUEZ PAS CE CHAPITRE DU RAPPORT BROSSARD SUR LE VOYAGE DU NOTAIRE MOREAU À MIAMI. C’EST ROCAMBOLESQUE VOIRE ÉPOUSTOUFLANT… UN ROMAN TORDANT! DU JACQUES HÉBERT A SON MEILLEUR!

B) LES INTERROGATOIRES DE WILBERT COFFIN, MARION PETRIE ET LEWIS SINNETT ;
C) LE CAS DE VINCENT PATTERSON;E) LES DEUX PRISONNIERS QUE L’ON AURAIT INCITÉS À TÉMOIGNER CONTRE COFFIN.

EXTRAIT DU RAPPORT BROSSARD, PARTIE VI, VOLUME 2,

CHAPITRE 9

LES TÉMOIGNAGES DE L’EXPERT PÉCLET

Dans son premier volume, monsieur Hébert avait taxé M. Bernard Péclet, expert en balistique auprès du service médico-légal de la province, d’avoir induit le jury en erreur au sujet de l’absence de traces de nitrate de potassium près des perforations constatées sur l’un des vêtements des victimes. Il s’est fort heureusement rétracté dans son second volume. (Pages 128 et 129)
À la page 127 de son volume, monsieur Hébert avait cependant, dans une note, déclaré que « l’expert de la Couronne n’avait utilisé que la moitié des perforations aux fins de ses analyses; il avait remis l’autre moitié au docteur Lucien Gravel, expert retenu par la défense, qui avait confirmé le témoignage de Péclet ». Interrogé au cours de la présente enquête, monsieur Péclet déclara qu’il n’a jamais entendu parler officiellement des résultats du docteur Lucien Gravel. Toutefois, la Commission a réussi à obtenir, avec difficulté de Me Gravel, l’information que, lui, avait été avisé verbalement par le docteur Gravel qu’il ne pouvait contredire les constatations de monsieur Péclet.
D’autre part, nous avons obtenu de monsieur Péclet les informations suivantes :
a) Au cours d’analyses spectrographiques, il avait cru déceler des traces de vanadium sur plusieurs objets qui avaient appartenu à Coffin, ainsi que sur les pièces de vêtements de l’une des victimes; il n’en parla pas au procès parce qu’il ne croyait pas que la présence de vanadium sur ces effets pouvait être assez concluante pour lui permettre de baser une opinion certaine; or, quelques années plus tard, des découvertes faites en Allemagne confirmèrent qu’il avait eu raison de ne pas affirmer devant le jury que le vanadium qu’il avait décelé, à l’état de traces, pouvait lui permettre d’affirmer que Coffin aurait eu quelque chose à faire avec les vêtements qu’il avait examinés;
b) Lors du procès, il a toujours dit tout ce qui lui était scientifiquement possible de dire, sans que ses réponses ne lui soient dictées par la Sûreté ou par l’un ou l’autre des procureurs de la Couronne;
c) Lors du procès, après qu’il eût été interrogé en chef, lorsqu’il réalisa que les procureurs de la défense ne voulaient pas lui poser des questions ou n’en avaient pas à lui poser, il est allé, au cours d’un ajournement, trouver Me Maher, qui se trouvait à ce moment avec ses collègues Me Gravel et Me Doiron, et leur a demandé de le faire revenir dans la boîte pour lui poser les questions qu’il leur suggérait; ce furent ces questions qui lui furent alors posées subséquemment par Me Maher. Il affirme qu’au cours de son travail d’analyse et de recherches, il n’a rien trouvé d’intéressant, soit pour, soit contre l’accusé, qu’il aurait subséquemment caché. Il déclare que le 18 décembre 1960, il a remis à monsieur Hébert copie du témoignage rendu par lui lors du procès.
Monsieur Hébert se fut-il donné la peine d’examiner le témoignage de Péclet, peut-être n’aurait-il pas traité avec autant de désinvolture certains passages de certains juges du plus haut tribunal du pays.
(À SUIVRE)

EXPERT PÉCLET'S TESTIMONIES IN THE COFFIN AFFAIR


The American hunters'
pick-up truck
Richard Lindsey's knife found
by police at the appartment
of Coffin's mistress in
Montreal
















EXPERT PÉCLET'S TESTIMONIES IN THE COFFIN AFFAIR
COMING SOON:
A) L’INCIDENT THOMPSON

I Francis Gabriel Thompson’s personality;
II The Miami events;
III Notary J. Conrad Moreau’s trip;
IV Thompson’s alibi;
V Thompson’s credibility;
VI Conclusions.

N.B. DONT MISS THIS CHAPTER FROM THE BROSSARD REPORT ON NOTARY MOREAU’S TRIP TO MIAMI. ITS FANTASTIC, INCREDIBLE AND STAGGERING! JACQUES HÉBERT AT HIS BEST!

B) EXAMINATION OF WILBERT COFFIN, MARION PETRIE AND LEWIS SINNETT;D) THE CASE OF VINCENT PATTERSON;
C) THE TWO PRISONERS WHO WERE PROMPTED TO TESTIFY AGAINST COFFIN.

EXCERPT FROM THE BROSSARD REPORT, VOLUME 2, PART VI, CHAPTER 9

EXPERT PÉCLET’S TESTIMONIES
(A literal translation by Clément Fortin)
In his first book, Mr. Jacques Hébert accused Mr. Bernard Péclet, expert in ballistics with the Provincial Medico-Legal Department, of having misled the jury as to the absence of traces of nitrate of potassium around the perforations seen on one of the victims’ clothes. He retracted in his second book. (Pages 128 and 129)
At page 127 of his book, Mr. Hébert had, however, in a note, stated that « the expert of the Crown had only used half of the perforations for his analyses; he had handed over the other half to Dr. Lucien Gravel, an expert for the defence, who had confirmed Péclet’s testimony ». Examined in the course of the present inquiry, Mr. Péclet stated that he never heard officially of Dr. Lucien Gravel’s results. However, the Commission obtained, with difficulties from Mtre Gravel, the information that, he had been advised verbally by Dr. Gravel that he could not contradict Mr. Péclet’s findings.
On the other hand, we have obtained from Mr. Péclet the following information:
a) In the course of spectrographic analyses, he believed having detected traces of vanadium on many objects having belonged to Coffin, and on pieces of clothes of one of the victims; he did not mention it at the trial because he did not believe that the presence of vanadium on these effects might have been conclusive enough to allow him to give a positive opinion; a few years later, discoveries made in Germany confirmed him that he was right to not affirm before the jury that the vanadium that he had detected, a trace of it, might have allowed him to state that Coffin might have something to do with the clothes he had examined;
b) At the trial, he has always said all that it was scientifically possible for him to say, without answers being dictated to him by the police or by one or the other Crown attorneys.
c) At the trial, after having been examined in chief, when he realized that the defence attorneys did not wish to ask him question or had nothing to ask him, he went, at an adjournment, to see Mtre Maher, who was at that moment with his colleagues Mtre Gravel and Mtre Doiron, and asked them to call him back to the witness stand to ask him questions that he suggested to them; these were the questions that were subsequently asked by Mtre Maher. He states that in the course of his analysis and research, he has not found anything interesting, either for or against the accused that he would subsequently have hidden. He states that on the 18th of December 1960, he handed over to Mr. Hébert a copy of the testimony he had given at the trial.

If Mr. Hébert had taken the time to read Mr. Péclet’s testimony, he would not have treated so casually certain passages of certain justices of the highest court of the land.
(TO BE FOLLOWED)