3 avril 2008

INTERVENTION DES ÉTATS-UNIS DANS L'AFFAIRE COFFIN


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Voici la déclaration faite sous serment par
Ernest de W. Mayer, le Consul des États-Unis
à Québec,à l'été 1953, lorsque les ossements
des trois chasseurs américains furent
trouvés.



Lettre adressée, le 30 juillet 1953, à Van Zandt, membre du Congrès américain par le Département d'État des États-Unis.









EXTRAIT DU RAPPORT BROSSARD
PARTIE VII, VOLUME 2, PAGES 410 ET SUIVANTES
SUR CERTAINS INCIDENTS MAJEURS DE L’AFFAIRE COFFIN

PRÉLIMINAIRES


La Commission a étudié, à ce jour, cette partie importante de la preuve touchant directement aux événements reliés aux meurtres des chasseurs et aux moyens invoqués à la défense de Coffin par ses défenseurs, avocats et autres : elle étudiera maintenant certains incidents majeurs de l’affaire.

Chapitre 1

LES «INTERVENTIONS ÉTRANGÈRES »

Et

LE CHOIX DES REPRÉSENTANTS DE LA COURONNE

Dans son deuxième ouvrage « J’accuse les assassins de Coffin », monsieur Hébert a reproché en termes assez durs aux administrateurs provinciaux d’avoir été, dans le choix des policiers et avocats chargés respectivement des enquêtes policière et judiciaire, guidés par des mobiles politiques, mesquins et peu honorables. Je cite les passages suivants du chapitre 2 du livre :
Page 19

« le gouvernement provincial était plus soucieux de réparer en vitesse les dégâts causés par l’affaire à l’industrie touristique que de chercher la vérité. Pour M. Duplessis, il ne s’agissait pas d’un meurtre ordinaire, mais d’un attentat contre une source de revenus importante de la Province. Enfin, mes enquêtes récentes m’ont fourni la preuve que le gouvernement provincial a subi de très fortes pressions américaines, les unes venant même du State Department. »

p. 20 « Pour limiter les dégâts, il fallait - n’était-ce pas la moindre des choses ? – trouver rapidement le coupable de cet horrible meurtre, le punir comme il convenait en lui faisant payer de sa vie le triple assassinat. »
L’industrie touristique ne fut pas représentée au procès par un témoin à charge officiellement délégué par un syndicat d’initiative, une association d’hôteliers ou le ministère des Finances, mais l’ombre de ce témoin absent a certes plané sur le petit palais de justice de Percé. »
p. 21 « Ainsi, on n’a rien su dans le Québec des pressions, faites par la Pennsylvania Federation of Sportsmen’s Club qui comptait plus de 200 00 membres, dont plusieurs fréquentaient assidûment les lacs et les bois du Québec, dont les autres étaient susceptibles de venir un jour ou l’autre semer leurs dollars dans la province de M. Duplessis.
Cette puissance association connaissait son prestige auprès des autorités provinciales : dès qu’elle apprit la mort tragique de trois chasseurs de Pennsylvanie dans la brousse gaspésienne, elle n’hésita pas à intervenir et à faire savoir au procureur général qu’elle voulait de « l’action ».
p. 22 « Au cours de l’enquête, Van Zandt avait rendu publique une lettre que venait de recevoir du consul américain à Québec l’assistant du Secrétaire d’État John Foster Dulles. »

Voyons ce qui en fut de ces différentes questions.
Interventions étrangères
Les autorités judiciaires de la province subirent-elles des pressions étrangères quant à l’enquête policière sur la disparition des trois chasseurs américains ?
Il y eut certes quelques interventions, mais elles furent peu nombreuses et de caractère tout à fait normal et régulier.
Inquiétés par l’absence prolongée de leur fils, M. et Mme Claar communiquèrent, pour une première fois, avec la Sûreté provinciale à Gaspé le 5 juillet 1953, un mois par conséquent après le départ des trois chasseurs pour Gaspé. N’ayant pas reçu d’informations avant le 9, ils se mirent de nouveau en communication avec, cette fois, non pas la Sûreté, dont le sergent Doyon était en charge à Gaspé, mais avec une personne qu’ils savaient avoir déjà agi comme guide pour M. Lindsey, puis, partirent eux-mêmes pour Gaspé où ils se trouvèrent vers le 12 juillet et les jours suivants.
Apparemment, à la suite de nouvelles publiées dans les journaux locaux d’Altoona, Blair County Unit Federation of Sportsmen’s Clubs d’Altoona, Pennsylvanie, d’où étaient partis les chasseurs, s’avisa d’envoyer, le 22 juillet, à la Canadian National Sportsmen’s Show de Toronto, un télégramme comportant, entre autres, la demande suivante : « It was resolved that we appeal to you to lend support in any way you think possible in the efforts of the police and other searchers in solving the mystery of our three missing Pennsylvania hunters ; any efforts on the part of your organization in helping to bring quick action in clearing the mystery and seeing that justice is done will be greatly appreciated”.
Le 24 juillet, la Canadian national Sportsmen’s Show répondait à l’Association d’Altoona, entre autres choses, ce qui suit :
« While we will be only too glad to assist your Association in any way possible, we do not belive that our entry into the complicated situation in Québec would be proper, nor do we think that it is in any way necessary… In addition, we feel that the administration of these matters in the province of Quebec is in the hands of wese and capable officials, and while there might appear to be some confusion at the present time, we believe that you can rely upon them entirely for proper investigation and action and that adequate justice qill be handed out for any worongs or criminal actions that may have occurred. We believe that, in the long run, you will be quite satisfied with Québec and Canadian activities with reference to this entire situation.”
Le même jour, la Canadian National Sportsmen’s Show transmettait à M. Georges Léveillé, Directeur du Bureau provincial du tourisme, copie du télégramme reçu d’Altoona et copie de sa réponse à ce télégramme ; elle ajoutait :
« I do think that their wire was caused by a certain amount of hysteria and requires no action, but felt that you should be informed in this matter.”
Cette correspondance était transmise en date du 31 juillet 1953 à l’honorable Antoine Rivard, Solliciteur général. Il y avait déjà au-delà d’une semaine que les officiers supérieurs de la Sûreté de Québec étaient rendus sur les lieux.
Me C. E. Cantin nous déclara que sa décision à lui d’attacher une importance majeure à la cause Coffin ne fut pas le moindrement dictée, en aucun temps, par le Procureur général ou le Solliciteur général ni par des pressions exercées par la Pennsy.vania Federation of Sportsmen’s Clubs, le Consul américain, Ernest de W. Mayer, et un M. Van Zandt, membre du Congrès représentant la Pennsylvanie ; sa décision fut prise à raison du fait que l,affaire avait, sous la conduite du sergent Doyon, mal démarrée, que les cadavres n’ayant été découverts qu’un mois après la disparition de chasseurs et après leur assassinat probable éteint dans un état de décomposition excessivement avancée et que, de plus, c’était la première fois qu’on avait une preuve que des ossements avaient été déplacés et brisés par des ours, par des animaux sauvages. Cette décision de Me Cantin fut d’ailleurs prise avant l’échange de correspondance dont il a été ci-haut question et avant des démarches, apparemment par téléphone, d’ailleurs bénignes du Consul américain à Québec.
Quant à ces démarches du Consul américain, la Commission a obtenu de lui les informations suivantes :
À la suite d’une demande adressée par un M. Van Zandt, « house representative for Pennsylvanis », en date du 24 juillet 1953, le Départment du Secrétaire d’État aux États-Unis s’enquit de l’affaire auprès de son Consul à Québec et informa, M. Van Zandt en date du 30 juillet ainsi que suit :
« The Department has also been informed by the American Consul that the case is being closely followed by Sollicitor General Rivard and other high provincial officials who are confident that they will solve the crime despite the difficulties arising from the time lapse between the deaths on June 11 or 12 and the discovery of the bodies a month later. The Consul has been assured that this confidence is based on clues or evidence which cannot be presently disclosed.”
Quels étaient précisément les renseignements obtenus par le Consul et dans quelles circonstances?
Monsieur Mayer ne pouvant, à titre d’ancien consul, venir témoigner devant la Commission, nous avons obtenu de lui une déclaration assermentée, dans laquelle il nous a fait part des renseignements suivants :
A. « I am not sure that I learned of their (hunters) disappearance before learning of their death. If I did, it was throught newspaper reports.”

A. “I remember inquiring only once about the case of Québec Provincial officials…”

A. “To the best of my recollection, no special report about the matter was made at the time by me personally or by my office, but possibly routine forms entitled “Report of the Death of an American Citizen” were forwarded to the Department of State.”

A. “ I did not at any time bring such pressure to bear on the Government of the Province of Québec, or any of its representatives or police officers in order to find and bring to trial the party responsible for the death of the three American hunters.”

Q.”What did you do, when you learnt that one Wilbert Coffin had been arrested and charges with the murder of one of the hunters? Will you file all correspondence bearing on that subject, either with the Government of the Province of Québec and its officials, or with the U.S. State Department or the Pennsylvania Federation of Sportsmen’s Clubs?
A. “ I took no action at that time or subsequently.”
D’autre part, nous avons reçu du Secrétariat d’État aux affaires extérieures du Canada, en date du 14 avril 1964, copie d’une note de l’Ambassade des États-Unis se rapportant à l’affaire Coffin dans laquelle l’Ambassade précise ce qui suit :
« The United States Government has, of course, assured the Commission, throught the United States Consul General at Quebec, that United States authorities made no more than the normal representatios regarding the welfare of United States citizens. The United States Government would like to avail itself of this opportunity to state this assurance again.”
Voilà donc les fameuses pressions qui ont été exercées par le State Department des États-Unis sur l’honorable Maurice Duplessis, son gouvernement, le Solliciteur général, le Département du Procureur général et les policiers, voilà donc les piaffements d’impatience de la Pennsylvania Federation of Sportsmen’s Clubs sur lesquels l’auteur s’est basé pour attribuer à ces responsables de l’administration de la justice dans la province des mobiles mesquins, utilitaires et imaginaires ; je dis « imaginaire » car l’auteur n’a jamais été en contact, avant la rédaction de son livre, avec aucun des officiers que j’ai nommés ci-haut.
La dernière mesquinerie est la référence que fait l’auteur (Hébert), à l’appui de ses suppositions, à un article du magazine « Liberty » publié plusieurs mois après l’exécution de Coffin, en avril 1956. Comme si les sentiments et opinions personnelles d’un quelconque chroniqueur de ce magazine pouvaient représenter les opinions des administrateurs de la justice du Québec.

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