26 décembre 2008

LA JEEP DU CAMP McCALLUM DANS L'AFFAIRE COFFIN (14)










Ci-haut, la pompe à essence que la police a retrouvée, à Montréal, dans l’appartement de Marion Petrie, la maîtresse de Coffin. Coffin l’avait achetée (avec l’argent de Lindsey) pour remplacer la pompe dite défectueuse de la camionnette de Lindsey. Voyez ce que j'ai affiché à ce propos sur ce blogue le 31.01.08.
LA JEEP DU CAMP McCALLUM (14)
Voici une autre histoire de jeep intéressante. Je vous invite à lire cet extrait du rapport Brossard.
À VENIR
La semaine prochaine, nous poursuivrons l’examen de la jeep du camp McCallum (et celle que Régis Quirion prétend avoir vue.) Dans le courant de l’autre semaine, nous terminerons cette saga de jeeps en prenant connaissance des conclusions générales sur les jeeps et de la liste, dressée par la Commission Brossard, des inexactitudes trouvées dans le livre de Jacques Hébert
.

DANS L’ENTRE-TEMPS, POUR UN POINT DE VUE DIFFÉRENT, JE VOUS SUGGÈRE DE JETER UN ŒIL SUR LE BLOGUE DE MONSIEUR LEW STODDARD :
http://www.stoddardsviews.blogspot.com/

RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE BROSSARD SUR L’AFFAIRE COFFIN (27 NOVEMBRE 1964) VOL. 1 CHAPITRE 5 (Quatorzième partie)
LA JEEP DONT LA PRÉSENCE EN GASPÉSIE OU AUX ENVIRONS AURAIT ÉTÉ CONSTATÉE PAR DES TÉMOINS OCULAIRES À L’ÉPOQUE OÙ LES CRIMES FURENT COMMIS

LA JEEP APERCUE AU CAMP McCALLUM DANS L’AFFAIRE COFFIN (14)

LA JEEP DU CAMP McCALLUM
Dans l’ordre chronologique des jeeps dont l’existence fut découverte ou révélées pour la première fois à l’automne de 1955, deux ans après les meurtres et un an après le procès, alors que, du point de vue judiciaire, la situation de Coffin devenait désespérée, la dernière en date fut celle qui aurait été vue sur une route de chantier longeant la rivière Mississippi et conduisant de la route Gaspé-Murdochville au camp de Abe McCallum en fin de mai ou au début de juin 1953.
La première mention qui ait été faite de cette jeep se situe aux environs du 30 novembre 1955, date de la signature par un nommé Régis Quirion, ancien employé de McCallum, au chantier de bois que celui-ci exploitait, d’un affidavit rédigé par Me Maurice Dussault, avocat de Gaspé, et reçu par John Joseph, juge de paix de Gaspé; cet affidavit fut l’un de ceux qui furent transmis au ministère de la Justice. Il se lisait ainsi que suit :
« CANADA
PROVINCE DE QUÉBEC
DISTRICT DE GASPÉ
COMTÉ DE GASPÉ
Je, soussigné, RÉGIS QUIRION, bûcheron, résidant à Bridgeville, comté de Gaspé, province de Québec, étant dûment assermenté sur les Saints Évangiles dépose, déclare et dis :
1. – Au cours de l’année 1953 et plus spécialement vers la fin de mai 1953, j’étais employé au camp de Abey McCallum, qui se trouvait près de Mississippi Brook sur la rivière York, une distance d’environ 22 milles de Gaspé;
2. – Vers une heure de l’après-midi, alors que j’étais au camp, trois Américains, conduisant une jeep neuve portant licence des États-Unis, sont venus au camp, ils nous ont demandé des informations, spécialement si nous avions vu les Lindsey aux environs et s’il y avait beaucoup d’ours dans cette partie de la forêt;
3. – Ils nous ont dit qu’ils venaient des États-Unis et qu’ils étaient des chasseurs d’ours;
4. – Avec moi, dans le camp à cette date, il y avait le cuisinier Théodule Lelièvre, de Ste-Thérèse et Andrew Girard, de Barachois Ouest, comté de Gaspé.
Et j’ai signé.

(signé) REGIS QUIRION

Assermenté devant moi au village de Gaspé, comté de Gaspé, province de Québec, ce 30e jour de novembre 1955
(signé) JOHN JOSEPH

Une preuve incontestable a révélé devant cette Commission qu’en aucun temps entre le mois de mai 1953 et la fin de novembre 1955, la rencontre de cette jeep aux environs du camp de Abe McCallum ait jamais fait l’objet d’informations communiquées par qui que ce soit à qui que ce soit; la preuve établit également de façon incontestable qu’après l’exécution de cet affidavit du 30 novembre 1955, aucun de ceux qui avaient pu voir cette jeep n’en a parlé avant une enquête faite par monsieur Henri Doyon et monsieur Hébert en 1961
Par souci d’exactitude et pour que son enquête soit complète, la Commission a entendu, outre monsieur Régis Quirion, monsieur Abe McCallum et un certain nombre de ses anciens employés. De tous ces témoins, monsieur Abe McCallum donna le témoignage à la fois le plus succinct et le plus clair.
Voici les principaux renseignements qu’il donna à cette Commission :
« That morning, his trucks all loaded, went early to Gaspé. He went with them. On his way back, he met a jeep which stopped to get out of the way. He passed by. »He got out and one of the men got out with him and said to him: ”I am hunting bears. Do you know where I could go to get some bears? He suggested some old camps where there was garbage and he suggested, more particularly, the Howard-Smith camp.
The jeep he saw was small with a canvas top, a plywood body, loaded with provisions and the back open. The plywood was yellow, the top was kind of greyish, a faded colour.
The man he spoke to was between 30 and 40, had a khaki suit and kind of boots, like a soldier’s uniform.
The meeting took place between the 4th and the 10th of June. He judges that date from the fact that he first went to his lumber camp on the 15th of May and it was about three weeks after that he saw the jeep.
The man who spoke to him had a lean face and was a small-framed man of about 5’7”. He was not a tall man. He was not heavy built.
He spoke about the same kind of English as the Gaspé English. He did not speak American.
He was kind of dark.
He, McCallum, never went to the Provincial Police and he did not give any information to anyone
Doyon saw him at his home around 1960, 1961, perhaps 1962.
He thinks the Guirions were ahead of him on the road.
He does not remember the Quirions talking about the jeep in 1954.
His men never discussed with him the Coffin trial, ever.
He never heard that the jeep had been met again that day.
He did not hear that Yvon Rehel, another of his employees, had gone to help that jeep.
Contrairement à ce qu’affirme monsieur Hébert dans la version anglaise de son dernier ouvrage, monsieur McCallum nie que les passagers de la jeep lui aient offert quoi que ce soit à boire et qu’il ait bu avec eux; « not a thing, sir, not a thing ».
GÉRALD QUIRION, frère d’Herbert Quirion et cousin de Régis, a donné en substance le témoignage suivant :
Il a vu une jeep à environ 200 à 300 pieds de distance de lui.
Il aurait vu cette jeep environ une semaine avant qu’on décide que les Américains étaient morts (?)
C’était dans le mois de mai, la première ou la deuxième semaine.(?)
La cabine de la jeep était bâtie en contre-plaqué (veneer) d’une couleur grise, d’un gris jaune.
Ils étaient deux, probablement plus dans la jeep.
Ils avaient environ de 30 à 40 ans; il a pu juger par leurs cheveux.
Ils pouvaient avoir une quarantaine d’années.
Un avait un « windbreaker » carreauté avec des pantalons kaki, l’autre était tout en kaki.
Gérard Quirion a été interviewé par messieurs Hébert et Doyon à Montréal. Il leur a déclaré que c’était dans la première ou la deuxième semaine du mois de mai qu’il avait vu la jeep.
Il se pourrait qu’il ait dit « juin » à monsieur Hébert, mais il ne le pense pas.
Le passager de la jeep était habillé en kaki et avait des bottes de bûcheron, de coureur de bois, des bottes à grandes jambes. Bien qu’il fût loin, il l’a vu. C’était un homme de grandeur moyenne qui pouvait peser dans les 150, 160 livres.
Rehel n’a pas déclaré, en sa présence, avoir dépanné une jeep, mais il aurait entendu dire qu’il l’avait dit.
Il est manifeste que ce témoin, Gérald Quirion, ne se souvient pas du tout de la date où il a vu la jeep. Par ailleurs, il n’apparaît pas qu’il ait jamais fait mention que la jeep qu’il avait vue ait été une jeep occupée par des Américains.
HERBERT QUIRION, frère de Gérald Quirion, et lui aussi ancien employé de Abe McCallum, a rendu le témoignage suivant :
Il a vu une jeep à un quart de mille du camp vers les 11 h 20 du matin, un jour de mai ou de juin; il ne se souvient pas exactement de la date.
Il y avait une boîte sur le dessus de la jeep, mais il en ignore la couleur.
Il y avait une ou deux personnes dans la jeep, ne sait pas exactement.
Il n’a pas revu cette jeep; il n’en a pas parlé à personne.
Il n’a pas porté attention aux licences du tout.
La seule déclaration qu’il ait jamais faite au sujet de la jeep fut faite l’automne dernier (1963) à un agent de la Sûreté provinciale.
Avant ça, il n’en avait parlé à personne et personne ne lui en avait parlé.
YVON REHEL, lui aussi un ancien employé de Abe McCallum, a déclaré en substance ce qui suit :
Un matin, il était au camp quand il a vu une jeep. Un monsieur est venu demander s’il y avait des ours et il lui a dit oui.
Il n’a pas remarqué quelle sorte de jeep c’était.
Il n’a pas remarqué la forme ni la couleur ni la licence.
He heard Régis Quirion speak about it not at the time, years later, to neighbours.
Andrew Girard ne connaît personne à qui il aurait pu parler de cette jeep.
Personne d’autre ne lui a jamais parlé de cette jeep.
THÉODULE LELIÈVRE, ancien cuisinier de Abe McCallum, au camp de la rivière Mississippi, déclare n’avoir pas vu de jeep, contrairement à ce qu’affirme monsieur Hébert dans son dernier volume.
ROSARIO QUIRION, cousin de Régis Quirion, déclare ce qui suit :
Il se rappelle avoir rencontré une jeep près du camp, sur la route du Mississippi; il conduisait son camion et dut s’arrêter pour laisser passer la jeep; cependant, celle-ci s’arrêta avant que la rencontre ne se produisît et son conducteur demanda si on savait où il y avait des ours.
Rosario Quirion croit qu’il n’y avait pas de cabine sur cette jeep; il en ignore la couleur et les licences.
Il n’a jamais parlé de cette rencontre avec qui que ce soit avant plusieurs années plus tard lorsque deux personnes sont allées le voir pour le questionner; il nie avoir été questionné au sujet de la licence de la jeep et nie avoir déclaré à ces enquêteurs que le conducteur de la jeep s’était enquis de la présence d’autres personnes.
L’un des enquêteurs qu’il croit être un monsieur Doyon lui a montré trois photos en lui disant que l’une d’elles pouvait peut-être ressembler au conducteur de la jeep; l’une des personnes apparaît sur ces photos pouvait peut-être ressembler à celle qu’il avait vue dans la jeep; le témoin ajoute que, après dix ans, « on ne remarque pas, c’est assez difficile ».
Rosario Quirion dit n’avoir jamais discuté de cette jeep avec son cousin Régis; lorsque Doyon est allé le voir pour l’interroger, il lui a dit qu’il venait de chez Régis, mais il ne lui montra aucune déclaration de ce dernier.
Le témoin nie, contrairement à ce que dit monsieur Jacques Hébert dans son volume, avoir déclaré à Doyon se souvenir d’avoir vu une jeep portant une licence étrangère, une jeep comme celle qui avait été décrite par son cousin Régis, car il ignorait la description de la jeep donnée par Régis.
Il ignore s’il a vu cette jeep en juin ou en juillet; il sait que c’est au printemps.
Il ignore si la jeep était fermée à l’arrière, mais il croit qu’elle était découverte et que le toit au complet était parti, mais il est possible cependant qu’il y ait eu un toit.
Il n’a pas entendu d’autre de ses compagnons de travail parler d’avoir vu une jeep et ajoute qu’“on ne s’intéressait pas du tout à ça».
Ces témoignages sont vagues, souvent contradictoires quant à la date où cette jeep de la rivière Mississippi aurait été vue (mai ou juin), quant à la description de cette jeep (« en veneer, d’une couleur grise, d’un gris jaune, - une boîte soit jaune ou gris jaune… plus pale que le kaki de l’armée – une jeep sans cabine, découverte et dont le toit au complet était parti) quant à l’âge de ses occupants (entre 30 et 40 ans); il est cependant certain que ce ne fut pas la jeep que virent le docteur et madame Wilson; elle pourrait tantôt être celle que prétend avoir vue Hackett plusieurs jours après que les meurtres eurent été commis; elle pourrait tantôt être celle qu’ont rencontrée les Dumaresq, c’est-à-dire, la jeep du docteur Burkett dont les occupants étaient à la recherche d’ours, et, étant accompagnés d’un guide, les recherchaient sûrement aux alentours de camps; par ailleurs, quant à la couleur seulement, elle pourrait ressembler à celle que Coffin a décrite dans ses premières déclarations, mais sûrement pas à celle qu’il a décrite dans son affidavit du 9 novembre 1955. (À SUIVRE)

LA SEMAINE PROCHAINE, NOUS POURSUIVRONS L’ÉTUDE DE CETTE JEEP.

9 commentaires:

Anonyme a dit...

This past week I just reviewed all your writings on this case, Mr. Fortin. You have done far more on this case than anyone ever did.

Merry Christmas to everyone.

P. Jackman
Moncton, New Bruns3wick

Anonyme a dit...

Monsieur Stoudard a pensé cogné dans le mille avec son post the last jeep et sa fameuse photo. Votre version des faits la refroidi. Il est vite passé au sapin de Noël. C'est bien lui, ça: il lance plein d"affaires, puis part à la course
Claude L.

Anonyme a dit...

Merci me Fortin de nous envoyer au site de Stoddard. Ça fait du bien rire de temps en temps. Voici un exemple du genre de messages qu'il recoit: You are doing a great work on this case. If I ever need a "Good" lawyer I will call you.
Ce cher Stoddard aurait voulu être avocat.

Anonyme a dit...

Je remarque que les gens qui écrivent à Stoddard ne posent jamais de colles ni ne discutent jamais de la cause comme telle. Soit qu'ils chialent contre Duplessis, ce qui est vraiment pas fort, soit qu'ils encensent Stoddard. C'est un site très puéril. Il y a des rumeurs qui circulent que Stoddard s'écrit lui-même et se flatte lui-même et je commence à croire que c'est vrai.

M. Chamberland Trois-Rivières

Anonyme a dit...

Stoddard's blog is definitely not dedicated to the Coffin case. It's dedicated to Sir Lew Stoddard. Period.

Joseph B. Barry
Vancouver, BC

Anonyme a dit...

I agree with you Mr. Barry.
Très bien dit.
Pierre Bellavance
Sherbrooke

Anonyme a dit...

GOTCHA
I made fun of Stoddard. I sent him a comment, under the name of John B. Trask, in which I told him having been questioned about the Lindseys by three Americans riding a jeep in Gaspé in June 1953. His long and very serious response (43th comment of his holy Christmas post)to such a frivolous and just-good-for-the-waste-paper comment speaks volumes about his boredom and his need to play the super cops.
J'ai joué un tour à Stoddard. Je lui ai envoyé un commentaire, signé John B. Trask, dans lequel je lui disais m'être fait questionner sur les Lindsey par trois Américains voyageant en jeep à Gaspé au moi de juin 1953. Sa longue et très sérieuse réponse (commentaire 43 de son post de Noël)à un commentaire aussi farfelu et juste-bon-pour-la-poubelle en dit long sur son ennui et sur son besoin de jouer les grands investigateurs.

Anonyme a dit...

Maitre Fortin, je me demande comment ca se fait qu'on a autant entendu parler de l'Affaire Coffin et presque pas de la commission Brossard. Ne trouvez-vous pas ca curieux?
Merci pour votre réponse.
Paul Tremblay
Montréal

Clément Fortin a dit...

Vous aurez une réponse à votre question quand je reproduirai le chapitre que la Commission Brossard consacre à LA LIBERTÉ D’INFORMATION. La Commission identifie les principaux responsables de cette affaire. Elle expose aussi le rôle déplorable que les médias ont joué dans l’affaire Coffin qui aurait pu tout aussi bien s’appeler l’AFFAIRE DES MÉDIAS.
Vous remarquerez aussi que tout mon blogue est consacré à la Commission Brossard. Faites le tour de mes archives et vous constaterez que j'ai publié un grand nombre d'extraits du rapport Brossard.