7 novembre 2008

L'AFFAIRE COFFIN ET LES NOMBREUSES JEEPS (SEPTIÈME PARTIE)








LA JEEP QUE LES FRÈRES TAPP PRÉTENDENT AVOIR VUE.

RAPPORT DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE BROSSARD SUR L’AFFAIRE COFFIN (27 NOVEMBRE 1964)
VOL. 1 CHAPITRE 5 (Septième partie)

LA JEEP DONT LA PRÉSENCE EN GASPÉSIE OU AUX ENVIRONS AURAIT ÉTÉ CONSTATÉE PAR DES TÉMOINS OCULAIRES À L’ÉPOQUE OÙ LES CRIMES FURENT COMMIS.
- IV –
LA JEEP DU DOCTEUR BURKETT ET DE M. FORD (suite de la page 157 du rapport Brossard)

Au cours de cette enquête, la Commission a pris l’initiative d’organiser une rencontre entre les frères Tapp, d’une part, et MM Burkett, Ford et Paterson, d'autre part. Cette rencontre eut lieu quelques minutes avant que ces cinq personnes fussent de nouveau entendues par la Commission. Cette confrontation ne fut pas concluante, les divers témoins, sans nier qu’ils se soient rencontrés, n’ayant que des souvenirs très vagues d’avoir pu peut-être se rencontrer. Cependant, M GERALD TAPP fit au tribunal les commentaires suivants :
« There is a lot of the features and characteristics of the two that we had seen at Baker’s Hotel. I could not swear whether it is them or not.”

M. Tapp ajoute que Patterson lui parut avoir la langue plus déliée que l’homme qu’il avait vu dans le grill de l’hôtel et que M. Ford, bien qu’à peu près de la même grandeur que cet homme qu’il avait rencontré, lui parut avoir de nos jours plus de cheveux qu’il n’en avait. Il ajoute que Patterson a déclaré qu’il portait toujours un « buckskin jacket and a hat » alors que le souvenir qu’il garde de l’homme qu’il a vu à l’hôtel est qu’il portait une chemise foncée avec manches relevées et ne portait pas de chapeau.
Il déclare : « There are some points of resemblance that I could make… Mr. Ford bears some resemblance and has some characteristic of the man that I talked to. And, Mr. Patterson, he does have some points of resemblance, also.”
Pour sa part, PATTERSON declare: “I cannot be sure about the younger man”, le plus jeune des frères Tapp, “but the bigger one, I feel quite sure I have never seen him”. Il ne croit pas que le plus jeune des Tapp soit la perso9nne à laquelle il a parlé, bien qu’il ait pu le voir.
D’autre part, la preuve a établi que M. Ford, aujourd’hui et alors marchand de musique, a, au cours de la dernière guerre, fait avec des musiciens de l’armée américaine une tournée de concerts qui l’a amené jusqu’à au moins les confins de la Gaspésie, qu’il a toujours fait de la musique jouant d’un instrument à cuivre, ce qui se rapproche du souvenir que conserve l’un des frères Tapp que l’homme qu’il rencontra à l’hôtel et, en compagnie duquel il prit des consommations, lui avait dit avoir séjourné avec une troupe de soldats américains à Sandy Beach ou quelque part dans les environs, comme musicien dans un orchestre.
Malgré le succès relatif de la confrontation, assez compréhensible après dix ans, entre gens qui ne s’étaient rencontrés que quelques minutes dans le clair obscur d’un salon de cocktail d’un hôtel, il semble peu douteux que la jeep dont partie fut aperçue par l’un des frères Tapp dans la cour de l’hôtel Baker, le matin du 27 mai 1953, le matin même par conséquent du départ pou le bois du Docteur Burkett et de son compagnon Frd et de son guide Paterson, fut celle du Docteur Burkett et dans laquelle messieurs Ford et Russel Patterson étaient venus chercher le Docteur Burkett, si l’on tient compte du fait qu’aucune autre jeep ne fut aperçue aux environs de l’Hôtel Baker par les Tapp hors une vieille jeep locale appartenant vraisemblablement à l’hôtel.
Comme il a été établi au procès que la jeep que Coffin a prétendu avoir vue n’avait pu être celle du Docteur Burkett, il s’ensuivrait donc que cette jeep que les frères Tapp ont aperçue n’a pu être celle de Coffin.
Il faut donc en conclure que la jeep dont les frères Tapp avaient parlé à la Sûreté provinciale, au cours de l’enquête du Coroner, et qu’ils rapportèrent de façon plus élaborée dans des affidavits fournis au Ministère de la «justice par l’entremise de Me Gravel, n’était pas celle qu’aurai pu avoir vue Coffin.
C’est faussement que monsieur Hébert fait donner aux Tapp, à la page 163 de son second volume, une description de la jeep qu’ils ont vue à l’effet qu’elle avait une carrosserie en contre-plaqué et leur fait dire que les deux chasseurs qu’ils ont vus avaient de 25 à 30 ans. Un seul des Tapp a vu la toiture de la jeep et il dit qu’elle était de toile (canvas) et il donne comme âge du chasseur auquel il a parlé de 35 à 45 ans, dans l’affidavit qu’il a signé en septembre 1955. Est également fausse l’affirmation que les Tapp donnèrent un affidavit à la police (présumément;avant le procès), leur affidavit étant de 1955.
Est aussi inexacte l’affirmation de monsieur Belliveau (p. 101) que les Tapp étaient à Gaspé « just before the crime could have been committed and fell into a conversation with a man they believed would be in his early thirties.
Il faut, par ailleurs, retenir que ce que nous savons aujourd'hui de façon certaine, nous le savons à la suite d’une longue enquête et que les renseignements qui nous ont été communiqués n’étaient certes pas en la possession de la Sûreté provinciale et des procureurs de la Couronne lors du procès. Nous devrons revenir sur ce sujet plus tard.
Mais retenons aussi l’information donnée par Russel Patterson que peu de temps après la mise en accusation de Coffin, il fut interrogé par un avocat de la défense accompagné d’un autre individu.(à suivre)
La semaine prochaine, il sera question de la prétendue jeep que Lorne J. Patterson aurait vue.

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