Cliquez sur ces images pour lire une lettre envoyée par Perry Mason (Erle Stanley Gardner) à la Commission Brossard.
Chapitre 2 (Rapport Brossard, volume 2, page 405 à 409)
THE COURT OF LAST RESORT
Il existe aux États-Unis un organisme qui s’est donné pour but de signaler au public américain ce qu’il considère être les faiblesses du système judiciaire américain en tentant de refaire les enquêtes et les procès des causes importantes qui auraient pu donner lieu à une erreur judiciaire. Cet organisme est surtout connu au Canada et en cette province par la publicité que lui a donnée l’auteur des romans policiers bien connu Erle Stanley Gardner et dans une moindre mesure par la publicité qu’il a reçue de la part de la revue américaine « Argosy » qui publie des articles autour et au sujet de certaines enquêtes entreprises par l’organisation susdite.
Il appert que cette Court of Last Resort se serait intéressée pendant quelque temps à l’affaire Coffin. À proprement parler, il n’entrait pas dans les cadres de notre propre enquête de nous intéresser ou de nous enquérir sur les activités de cette Court of Last Resort autour et au sujet de l’affaire Coffin ; si nous l’avons fait, c’est parce que MM. Belliveau et Hébert en ont parlé dans leurs volumes, et parce que Me Gravel et M. Hébert ont insisté sans relâche auprès de cette Commission pour qu’elle fasse entendre Erle Stanley Gardner et pour qu’elle s’enquière des informations que la Court of Last Resort aurait pu recueillir.
Dans son livre publié en juin 1956, M. Belliveau ne fit pas allusion à une intervention qui aurait pu déjà s’être produite de la part de The Court of Last Resort ; il se contenta d’exprimer en termes voilés l’espoir que cette intervention-là se produirait.
Or, on nous a appris, par la copie d’une lettre datée du 13 mars 1956 transmise par Me Gravel au secrétaire de l’American Bar Association, que depuis déjà quelques semaines Me Gravel était en correspondance avec cette Court of Last Resort ; nous ignorons si M. Belliveau était au courant de cette correspondance lorsque son volume fut mis sur le marché.
Dans son volume « J’accuse les assassins de Coffin », M. Hébert, aux pages 114 et 115, traite assez longuement de cette institution américaine en termes louangeurs comme prémisse à la citation d’extraits d’un article publié par M. Stanley Gardner dans la revue « Argosy » d’avril 1957. Le passage le plus important de l’article de M. Gardner cité par M. Hébert est le suivant :
In the Coffin case it would certainly seem that new evidence was uncovered which might have been favorable to the defendant, if presented to the trial Jury or at a new trial.
Or, dans une lettre qu’il nous faisait tenir en date du 11 mai 1964, M. Gardner nous informait qu’il ne s’était nullement occupé personnellement de l’affaire Coffin et qu’il avait confié à un M. Steeger de la revue « Argosy » le soin de la suivre.
Précédemment, en date du 31 mars 1964, Me Jules Deschênes, conseiller juridique de cette Commission, avait écrit à l’éditeur de « Argosy » pour lui demander, entre autres choses : « I would also like to know whether the Court of Last Resort made any field investigation concerning this case and, in the affirmative, whether the record and findings could be made available to me for examination ». Le 1er mai, il recevait de M. Steeger le télégramme laconique suivant: “The material you requested is not available.”
Or, la Commission avait déjà pu mettre la main sur un numéro de juin 1956 de la revue « Argosy », où dans un article anonyme on faisait un récit de la cause Coffin en y ressassant, dans leur essence, les renseignements et les hypothèses émises par M. Belliveau et par M. Hébert dans leurs volumes respectifs. Il n’y avait absolument rien dans cet article qui n’eût pas déjà été porté à la connaissance des autorités canadiennes. Les principaux faits, sinon les seuls, qui n’avaient pas été portés à la connaissance des membres du jury de Percé ou qui n’avaient pas été discutés devant eux étaient ceux qui se référaient à de prétendues traces de jeep dans les bois de la Gaspésie et à la prétendue présence, dans ces bois, de jeeps dont l’une aurait été celle qu’avait vue Wilbert Coffin.
M. Steeger ou ses aides avaient-ils eux-mêmes conduit une enquête ? La réponse laconique du ler mai 1964 nous porte à croire qu’il n’en fut rien ; à tout événement, il ne paraît ni de l’article de la revue « Argosy », ni de celui de M. Stanley Gardner, ni de la lettre de ce dernier du 11 mai 1964, qu’une telle enquête ait été faite et poussée par The Court of Last Resort. Mais nous avons d’un post-scriptum à la lettre de M. Gardner du 11 mai que la revue « Argosy », après avoir annoncé en août 1956 qu’un article faisant suite à celui du mois de juillet 1956 serait incessamment publié, n’en publia pas et que « the subject was dropped ».
Pour faire ressortir le peu d’importance qu’il fallait à l’époque attacher à cette intervention de The Court of Last Resort, intervention que, pour des fins intellectuelles plus ou moins honnêtes, M. Hébert a cherché à rendre importante, convient-il de souligner l’information suivante qui nous a été communiquée par M. Belliveau : peu de temps après l’exécution de Wilbert Coffin, se forma, à Toronto, un comité de cinq ou six personnes y compris M. Belliveau lui-même, dont le but était de tenter de réhabiliter, si possible, la mémoire de Wilbert Coffin. Il semblerait que la majorité, sinon la totalité des membres de ce comité, s’il faut en croire M. Hébert, était opposée à la peine de mort, comme M. Gardner d’ailleurs qui nous l’a déclaré formellement dans la lettre qu’il nous a transmise. Or, ce comité constitué à Toronto ne s’est réuni qu’une seule fois. Il avait cependant demandé à M. Belliveau d’être un intermédiaire entre lui et The Court of Last Resort ; après plusieurs entrevues avec un M. Schindler, de la Court of Last Resort, M. Belliveau « was sorrily disenchanted and disillusioned ». Le comité ne paraît plus s’être intéressé davantage à l’affaire Coffin… à moins que certains de ses membres n’aient porté une attention particulière à notre enquête.
Ainsi doit retourner dans les brumes de l’imagination et de l’oubli une autre tentative d’induire le public en erreur en portant à son attention des découvertes qui ne paraissent pas avoir été faites et dont, à tout événement, aucune preuve ne paraît exister.
THE COURT OF LAST RESORT
Il existe aux États-Unis un organisme qui s’est donné pour but de signaler au public américain ce qu’il considère être les faiblesses du système judiciaire américain en tentant de refaire les enquêtes et les procès des causes importantes qui auraient pu donner lieu à une erreur judiciaire. Cet organisme est surtout connu au Canada et en cette province par la publicité que lui a donnée l’auteur des romans policiers bien connu Erle Stanley Gardner et dans une moindre mesure par la publicité qu’il a reçue de la part de la revue américaine « Argosy » qui publie des articles autour et au sujet de certaines enquêtes entreprises par l’organisation susdite.
Il appert que cette Court of Last Resort se serait intéressée pendant quelque temps à l’affaire Coffin. À proprement parler, il n’entrait pas dans les cadres de notre propre enquête de nous intéresser ou de nous enquérir sur les activités de cette Court of Last Resort autour et au sujet de l’affaire Coffin ; si nous l’avons fait, c’est parce que MM. Belliveau et Hébert en ont parlé dans leurs volumes, et parce que Me Gravel et M. Hébert ont insisté sans relâche auprès de cette Commission pour qu’elle fasse entendre Erle Stanley Gardner et pour qu’elle s’enquière des informations que la Court of Last Resort aurait pu recueillir.
Dans son livre publié en juin 1956, M. Belliveau ne fit pas allusion à une intervention qui aurait pu déjà s’être produite de la part de The Court of Last Resort ; il se contenta d’exprimer en termes voilés l’espoir que cette intervention-là se produirait.
Or, on nous a appris, par la copie d’une lettre datée du 13 mars 1956 transmise par Me Gravel au secrétaire de l’American Bar Association, que depuis déjà quelques semaines Me Gravel était en correspondance avec cette Court of Last Resort ; nous ignorons si M. Belliveau était au courant de cette correspondance lorsque son volume fut mis sur le marché.
Dans son volume « J’accuse les assassins de Coffin », M. Hébert, aux pages 114 et 115, traite assez longuement de cette institution américaine en termes louangeurs comme prémisse à la citation d’extraits d’un article publié par M. Stanley Gardner dans la revue « Argosy » d’avril 1957. Le passage le plus important de l’article de M. Gardner cité par M. Hébert est le suivant :
In the Coffin case it would certainly seem that new evidence was uncovered which might have been favorable to the defendant, if presented to the trial Jury or at a new trial.
Or, dans une lettre qu’il nous faisait tenir en date du 11 mai 1964, M. Gardner nous informait qu’il ne s’était nullement occupé personnellement de l’affaire Coffin et qu’il avait confié à un M. Steeger de la revue « Argosy » le soin de la suivre.
Précédemment, en date du 31 mars 1964, Me Jules Deschênes, conseiller juridique de cette Commission, avait écrit à l’éditeur de « Argosy » pour lui demander, entre autres choses : « I would also like to know whether the Court of Last Resort made any field investigation concerning this case and, in the affirmative, whether the record and findings could be made available to me for examination ». Le 1er mai, il recevait de M. Steeger le télégramme laconique suivant: “The material you requested is not available.”
Or, la Commission avait déjà pu mettre la main sur un numéro de juin 1956 de la revue « Argosy », où dans un article anonyme on faisait un récit de la cause Coffin en y ressassant, dans leur essence, les renseignements et les hypothèses émises par M. Belliveau et par M. Hébert dans leurs volumes respectifs. Il n’y avait absolument rien dans cet article qui n’eût pas déjà été porté à la connaissance des autorités canadiennes. Les principaux faits, sinon les seuls, qui n’avaient pas été portés à la connaissance des membres du jury de Percé ou qui n’avaient pas été discutés devant eux étaient ceux qui se référaient à de prétendues traces de jeep dans les bois de la Gaspésie et à la prétendue présence, dans ces bois, de jeeps dont l’une aurait été celle qu’avait vue Wilbert Coffin.
M. Steeger ou ses aides avaient-ils eux-mêmes conduit une enquête ? La réponse laconique du ler mai 1964 nous porte à croire qu’il n’en fut rien ; à tout événement, il ne paraît ni de l’article de la revue « Argosy », ni de celui de M. Stanley Gardner, ni de la lettre de ce dernier du 11 mai 1964, qu’une telle enquête ait été faite et poussée par The Court of Last Resort. Mais nous avons d’un post-scriptum à la lettre de M. Gardner du 11 mai que la revue « Argosy », après avoir annoncé en août 1956 qu’un article faisant suite à celui du mois de juillet 1956 serait incessamment publié, n’en publia pas et que « the subject was dropped ».
Pour faire ressortir le peu d’importance qu’il fallait à l’époque attacher à cette intervention de The Court of Last Resort, intervention que, pour des fins intellectuelles plus ou moins honnêtes, M. Hébert a cherché à rendre importante, convient-il de souligner l’information suivante qui nous a été communiquée par M. Belliveau : peu de temps après l’exécution de Wilbert Coffin, se forma, à Toronto, un comité de cinq ou six personnes y compris M. Belliveau lui-même, dont le but était de tenter de réhabiliter, si possible, la mémoire de Wilbert Coffin. Il semblerait que la majorité, sinon la totalité des membres de ce comité, s’il faut en croire M. Hébert, était opposée à la peine de mort, comme M. Gardner d’ailleurs qui nous l’a déclaré formellement dans la lettre qu’il nous a transmise. Or, ce comité constitué à Toronto ne s’est réuni qu’une seule fois. Il avait cependant demandé à M. Belliveau d’être un intermédiaire entre lui et The Court of Last Resort ; après plusieurs entrevues avec un M. Schindler, de la Court of Last Resort, M. Belliveau « was sorrily disenchanted and disillusioned ». Le comité ne paraît plus s’être intéressé davantage à l’affaire Coffin… à moins que certains de ses membres n’aient porté une attention particulière à notre enquête.
Ainsi doit retourner dans les brumes de l’imagination et de l’oubli une autre tentative d’induire le public en erreur en portant à son attention des découvertes qui ne paraissent pas avoir été faites et dont, à tout événement, aucune preuve ne paraît exister.
8 commentaires:
Monsieur,
Si je comprends bien, the Court of Last Resort, c'est un peu l'équivalent de The Association in Defence of the Wrongly Convicted. Celle-ci n'existait pas au moment où Coffin a été jugé et exécuté.
Michel Lepage, Laval
Je ne savais pas que Perry Mason s'était mêlé de cette affaire-là. On est des colonisés.
Pierre Cayouette, Montréal
Maître Fortin,
Je ne sais pas si nous sommes des colonisés, mais une chose est certaine, et c'est qu'en défendant aveuglément Coffin, sur la seule base des médisances et des histoires de ma grand-mère de Jacques Hébert, nous sommes entrés dans le jeu du Canada-anglais.
André Pronovost
Perry Mason dit n'avoir jamais endossé la doctrine de la possession récente. Il a l'air de penser qu'il s'agit là d'une chose gratuite. Or, une doctrine juridique n'est jamais une chose gratuite. Elle repose sur des assises rigoureuses, n'est-ce pas, maître Toupin ?
Par ses écrits mensongers, Hébert a fait un tort irréparable au Québec. Comme son ami Trudeau, il s'est fait une grande réputation chez nos compatriotes canadiens en tapant fort sur la tête de ces Québécois qui tardent à s'assimiler à la grande famille canadienne.
La doctrine de la possession récente n'a pas été inventée au Québec. Le Québec en a hérité du droit criminel britannique. Pour qu'elle ne puisse plus s'appliquer, il faudrait que le législateur la modifie, n'est-ce-pas, Me Fortin?
Paul Amyot, Trois-Rivières
Vous avez bien raison!
Voici l'explication que j'ai déjà donnée sur ce blogue:
À 12 avril, 2008 10:52 , Clément Fortin a dit...
Les faits doivent être examinés en tenant compte du droit criminel en vigueur au Canada. À ce propos, la doctrine de la possession récente d’objets volés trouve son application. Voici une explication donnée par le juge Taschereau de la Cour suprême du Canada dans IN THE MATTER OF A REFERENCE RE REGINA v. COFFIN, S.C.R. 1956, PAGE 203 :
« La doctrine et la jurisprudence enseignent que si une personne est en possession d’objets volés peu de temps après la commission du crime, elle doit expliquer cette possession, et si elle ne réussit pas à le faire de façon satisfaisante, elle est présumée les avoir acquis illégalement. De plus, c’est aussi la doctrine et la jurisprudence que la possession d’effets récemment volés peut indiquer non seulement le crime de vol, mais aussi un crime plus grave relié au vol. (Rex v. Langmead (1) ; Wills pages 61 et 62 ; Regina v. Exall (2). »
Coffin n'a jamais donné d'explications satisfaisantes à cet égard.
Facts must be looked at in view of the criminal law in force in Canada. In this connection, the doctrine of recent possession must be applied. Here is how justice Taschereau of the Supreme Court of Canada explains this doctrine IN THE MATTER OF A REFERENCE RE REGINA v. COFFIN, S.C.R. 1956, PAGE 203 :
(My literal translation)
“The doctrine and the jurisprudence point out that if a person is in possession of stolen objects shortly after the commission of a crime, she or he must explain this possession, and if she or he is not able to do so in a satisfactory manner, she or he is presumed having acquired them illegally. Moreover, it is also the doctrine and the jurisprudence that the possession of stolen effects recently stolen may indicate not only the crime of theft, but also a more serious crime connected to the theft. (Rex v. Langmead (1) ; Wills pages 61 et 62 ; Regina v. Exall (2). »
Coffin never gave satisfactory explanations in this respect.
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