EXTRAITS DU RAPPORT DE LA COMMISSION BROSSARD
J'affiche aujourd'hui la deuxième partie du Chapitre 4 concernant les concessions minières de Wilbert Coffin. J'afficherai bientôt la troisième et dernière partie de ce chapitre relativement aux dépenses de Coffin.
À VENIR AUSSI, TOUT LE CHAPITRE 7 SUR
LA NOTE MYSTÉRIEUSE.
Chapitre 4 (deuxième partie)
LES CONCESSIONS MINIÈRES ET LES DÉPENSES DE COFFIN
-I-
Les concessions minières de Coffin
Chapitre 4 (deuxième partie)
LES CONCESSIONS MINIÈRES ET LES DÉPENSES DE COFFIN
-I-
Les concessions minières de Coffin
Il importe cependant de relever en plus deux affirmations que Monsieur Jacques Hébert soutient dans son deuxième ouvrage.
Tout d’abord, tout en « avouant n’en avoir aucune preuve » (page 122), Monsieur Hébert commence par écrire que :
« des gens intéressés aux concessions minières du prospecteur souhaitaient sa mort afin de se les approprier facilement. Ces gens n’auraient rien eu à voir dans l’arrestation de Coffin mais se seraient réjouis de la chose et auraient contribué à sa perte en intimidant des témoins. » (pages 121 et 122)
Puis l’auteur accuse la poursuite d’avoir caché, au procès, l’importance de la découverte de Coffin (page 122) :
« Cette théorie prend une certaine vraisemblance, dit-il, quand on examine l’attitude de Coffin au sujet de ses concessions : il s’y est intéressé jusqu’à son dernier souffle, sûr d’avoir découvert un filon d’une grande richesse.
Deux ou trois jours après son arrestation, il avait déclaré à une personne dont on n’a pas dévoilé l’identité : « Tell them to look after the mountain with their life. It is rich and important. ».
Cette phrase, est-il besoin de le dire, n’a pas été citée au procès et la police n’a jamais pris la peine d’en demander la signification à Coffin. »
Or, cette dernière affirmation, soulignée par la Commission, est fausse comme tant d’autres. En effet, l’agent Synnett a raconté, au procès, une conversation qui s’était déroulée en sa présence entre Wilbert Coffin et son père, durant un ajournement au cours de la dernière séance de l’enquête du coroner le 27 août 1953 ; et Synnett a alors témoigné comme suit devant les jurés :
« Q. Now, will you tell us the conversation held between the father and the son?
A. Well, they spoke about different things, then it came to the subject about a mountain, and the accused, Wilbert Coffin, told his father, Mr. Albert Coffin, to tell the boys at home to guard that mountain with their lives because it was worthwhile, the was something rich in it.
Q. Did he say where that mountain was?
A. No, he didn’t state where the mountain was. And he added to this: “don’t worry,
Dad, I’ll be home soon because they are not man enough to break me.” and his father said: “hang on, son.” he shook hands on that and he left.
Q. Were those the last words of the conversation on either part?
A. Yes, these were the last words.”
Il est faux de prétendre que l’affirmation de Coffin au sujet de sa concession minière n’a pas été portée à la connaissance du jury; et si Coffin avait voulu l’expliquer plus avant, il aurait pu témoigner là-dessus en toute liberté.
D’autre part, à la page 122 de son même ouvrage, Monsieur Jacques Hébert tire argument du pseudo testament de Coffin (page 122) :
« Coffin faisait allusion à ses concessions minières qui, selon lui, valaient une fortune. On se souvient que dans son testament, rédigé quelques heures avant sa pendaison, à la prison de Bordeaux, le prospecteur avait légué tous ses biens à son fils : « I bequeath everything I have or may have to my dear son James… » Or Coffin ne possédait rien sauf des concessions minières qui pouvaient valoir beaucoup d’argent : « may have... ».
(Les soulignés sont de Monsieur Jacques Hébert)
Ce texte constitue la « cédule » annexée à la dernière déclaration écrite par Me François-de-B. Gravet et singée par Wilbert Coffin la veille de son exécution. La Commission a en conséquence interrogé Me Gravel sur le sujet et, en réponse aux questions posées par le Conseiller juridique de la Commission, Me Gravel a témoigné comme suit :
« Q. Par ailleurs, monsieur Gravel, sur la dernière page qui est intitulée la « Cédule « A », apparaît le texte que nous connaissions déjà : « I bequeath everything I have or may have to my dear son James. » Ça aussi, c’est de votre écriture, n’est-ce pas ?
R. Exactement.
Q. Pourriez-vous nous dire si ce texte-là vous a été dicté par Coffin, ou s’il est de votre propre composition?
R. … peut-être, il y a certains mots « bequeath », ç’a été mis – suggéré par moi. Avant de se quitter, après la rédaction de tout cet exhibit 293, j,ai demandé s’il voulait laisser quelque chose à son fils. Il m’a dit qu’il voulait laisser tout à son fils.
Q. Il vous a dit qu’il voulait laisser tout à son fils?
R, À son fils, et c’est pour cette raison…
Q, C’est là que vous avez rédigé ce texte-là?
R. Exactement.
Q. Ce que je voulais savoir, c’est : s’il y avait une raison particulière pour laquelle, dans la rédaction on peut lire « Everything I have or may have ».
R. Oui.
Q. Est-ce qu’il y avait une raison particulière pourquoi vous avez employé les deux expressions : « I have or may have » ?
R. Je peux vous dire tout de suite, monsieur Deschênes, c’est … je savais que mon client était un dégradé civique, à ce moment-là, je savais qu’il n’avait pas le droit de transmettre ses biens, et j’ai employé ces mots que vous voyez dans la cédule A, et Wilbert Coffin l’a lue, a eu la feuille entre ses mains, et l’a signée.
Q, Est-ce qu’il y avait quelque intention qu’il faut sous-entendre derrière ce texte « Everything I have or may have » ?
R. Absolument rien.
Q. Je vous demande ça, parce que dans son volume qui est produit comme exhibit numéro 13, vous avez sans doute remarqué qu’à la page 122, monsieur Jacques Hébert tire argument de ces deux expressions « I have or may have » relativement aux concessions minières de Wilbert Coffin. C’est dans le cinquième paragraphe. Est-ce qu’il y avait de telles intentions de cachées au sujet des concessions minières de Wilbert Coffin, lors de la rédaction de ce texte « I bequeath everything I have or may have. » ?
R. Je suis bien sûr que non, monsieur Deschênes, parce que ces quatre feuilles ont été rédigées dans l’intervalle de quelques minutes, et ç’a été plutôt pris en général concernant tout bien que Coffin avait, qu’il pouvait léguer, si la loi lui permettait.
Q. Est-ce qu’il vous aurait parlé en particulier de ses concessions minières, à ce moment-là?
LA COUR ;
Q. Alors, vous donniez au mot « may » le sens : « in futura » ?
R. En autant que la loi lui permette. »
Sur la base du témoignage du rédacteur même du texte, il faut romancer pour y trouver une intention cachée que Coffin n’avait pas exprimée ni voulu y mettre.
Sur le tout, la Commission conclut que non seulement il n’y a pas de preuve que Coffin ait été détenteur, en 1953, de concessions minières particulièrement riches dont le sort ait joué un rôle dans son procès et son exécution, mais, qu’au contraire, le fait que Coffin a laissé tomber ses concessions, alors que pour un montant minime il aurait pu les conserver en vigueur indiquerait qu’il ne leur reconnaissait pas lui-même grande valeur. (à suivre)
Tout d’abord, tout en « avouant n’en avoir aucune preuve » (page 122), Monsieur Hébert commence par écrire que :
« des gens intéressés aux concessions minières du prospecteur souhaitaient sa mort afin de se les approprier facilement. Ces gens n’auraient rien eu à voir dans l’arrestation de Coffin mais se seraient réjouis de la chose et auraient contribué à sa perte en intimidant des témoins. » (pages 121 et 122)
Puis l’auteur accuse la poursuite d’avoir caché, au procès, l’importance de la découverte de Coffin (page 122) :
« Cette théorie prend une certaine vraisemblance, dit-il, quand on examine l’attitude de Coffin au sujet de ses concessions : il s’y est intéressé jusqu’à son dernier souffle, sûr d’avoir découvert un filon d’une grande richesse.
Deux ou trois jours après son arrestation, il avait déclaré à une personne dont on n’a pas dévoilé l’identité : « Tell them to look after the mountain with their life. It is rich and important. ».
Cette phrase, est-il besoin de le dire, n’a pas été citée au procès et la police n’a jamais pris la peine d’en demander la signification à Coffin. »
Or, cette dernière affirmation, soulignée par la Commission, est fausse comme tant d’autres. En effet, l’agent Synnett a raconté, au procès, une conversation qui s’était déroulée en sa présence entre Wilbert Coffin et son père, durant un ajournement au cours de la dernière séance de l’enquête du coroner le 27 août 1953 ; et Synnett a alors témoigné comme suit devant les jurés :
« Q. Now, will you tell us the conversation held between the father and the son?
A. Well, they spoke about different things, then it came to the subject about a mountain, and the accused, Wilbert Coffin, told his father, Mr. Albert Coffin, to tell the boys at home to guard that mountain with their lives because it was worthwhile, the was something rich in it.
Q. Did he say where that mountain was?
A. No, he didn’t state where the mountain was. And he added to this: “don’t worry,
Dad, I’ll be home soon because they are not man enough to break me.” and his father said: “hang on, son.” he shook hands on that and he left.
Q. Were those the last words of the conversation on either part?
A. Yes, these were the last words.”
Il est faux de prétendre que l’affirmation de Coffin au sujet de sa concession minière n’a pas été portée à la connaissance du jury; et si Coffin avait voulu l’expliquer plus avant, il aurait pu témoigner là-dessus en toute liberté.
D’autre part, à la page 122 de son même ouvrage, Monsieur Jacques Hébert tire argument du pseudo testament de Coffin (page 122) :
« Coffin faisait allusion à ses concessions minières qui, selon lui, valaient une fortune. On se souvient que dans son testament, rédigé quelques heures avant sa pendaison, à la prison de Bordeaux, le prospecteur avait légué tous ses biens à son fils : « I bequeath everything I have or may have to my dear son James… » Or Coffin ne possédait rien sauf des concessions minières qui pouvaient valoir beaucoup d’argent : « may have... ».
(Les soulignés sont de Monsieur Jacques Hébert)
Ce texte constitue la « cédule » annexée à la dernière déclaration écrite par Me François-de-B. Gravet et singée par Wilbert Coffin la veille de son exécution. La Commission a en conséquence interrogé Me Gravel sur le sujet et, en réponse aux questions posées par le Conseiller juridique de la Commission, Me Gravel a témoigné comme suit :
« Q. Par ailleurs, monsieur Gravel, sur la dernière page qui est intitulée la « Cédule « A », apparaît le texte que nous connaissions déjà : « I bequeath everything I have or may have to my dear son James. » Ça aussi, c’est de votre écriture, n’est-ce pas ?
R. Exactement.
Q. Pourriez-vous nous dire si ce texte-là vous a été dicté par Coffin, ou s’il est de votre propre composition?
R. … peut-être, il y a certains mots « bequeath », ç’a été mis – suggéré par moi. Avant de se quitter, après la rédaction de tout cet exhibit 293, j,ai demandé s’il voulait laisser quelque chose à son fils. Il m’a dit qu’il voulait laisser tout à son fils.
Q. Il vous a dit qu’il voulait laisser tout à son fils?
R, À son fils, et c’est pour cette raison…
Q, C’est là que vous avez rédigé ce texte-là?
R. Exactement.
Q. Ce que je voulais savoir, c’est : s’il y avait une raison particulière pour laquelle, dans la rédaction on peut lire « Everything I have or may have ».
R. Oui.
Q. Est-ce qu’il y avait une raison particulière pourquoi vous avez employé les deux expressions : « I have or may have » ?
R. Je peux vous dire tout de suite, monsieur Deschênes, c’est … je savais que mon client était un dégradé civique, à ce moment-là, je savais qu’il n’avait pas le droit de transmettre ses biens, et j’ai employé ces mots que vous voyez dans la cédule A, et Wilbert Coffin l’a lue, a eu la feuille entre ses mains, et l’a signée.
Q, Est-ce qu’il y avait quelque intention qu’il faut sous-entendre derrière ce texte « Everything I have or may have » ?
R. Absolument rien.
Q. Je vous demande ça, parce que dans son volume qui est produit comme exhibit numéro 13, vous avez sans doute remarqué qu’à la page 122, monsieur Jacques Hébert tire argument de ces deux expressions « I have or may have » relativement aux concessions minières de Wilbert Coffin. C’est dans le cinquième paragraphe. Est-ce qu’il y avait de telles intentions de cachées au sujet des concessions minières de Wilbert Coffin, lors de la rédaction de ce texte « I bequeath everything I have or may have. » ?
R. Je suis bien sûr que non, monsieur Deschênes, parce que ces quatre feuilles ont été rédigées dans l’intervalle de quelques minutes, et ç’a été plutôt pris en général concernant tout bien que Coffin avait, qu’il pouvait léguer, si la loi lui permettait.
Q. Est-ce qu’il vous aurait parlé en particulier de ses concessions minières, à ce moment-là?
LA COUR ;
Q. Alors, vous donniez au mot « may » le sens : « in futura » ?
R. En autant que la loi lui permette. »
Sur la base du témoignage du rédacteur même du texte, il faut romancer pour y trouver une intention cachée que Coffin n’avait pas exprimée ni voulu y mettre.
Sur le tout, la Commission conclut que non seulement il n’y a pas de preuve que Coffin ait été détenteur, en 1953, de concessions minières particulièrement riches dont le sort ait joué un rôle dans son procès et son exécution, mais, qu’au contraire, le fait que Coffin a laissé tomber ses concessions, alors que pour un montant minime il aurait pu les conserver en vigueur indiquerait qu’il ne leur reconnaissait pas lui-même grande valeur. (à suivre)
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