28 octobre 2010
L'AFFAIRE COFFIN IT AIN'T OVER TILL IT'S OVER
CE N’EST PAS FINI TANT QUE CE N’EST PAS FINI
IT AIN’T OVER TILL IT’S OVER
Une amie très chère est aux soins palliatifs.
A dear friend of mine is receiving palliative care.
Vous comprendrez que je consacre tout mon temps à aider cet être cher. Rassurez-vous, je n’abandonne pas.
You certainly understand that I devote all my time to helping her. You may rest assured. I am not giving up.
J’attends toujours le rapport de l’Association in Defence of the Wrongly Convicted et du Groupe de la révision des condamnations criminelles.
Yogi Berra dirait : « Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini. »
I am still waiting for the report from the Association in Defence of the Wrongly Convicted and the report from the Criminal Conviction Review Group.
Yogi Berra would say: "It ain't over till it's over"
14 juillet 2010
ABANDON DU CENTRE D'INTERPRÉTATION COFFIN À MURDOCHVILLE
ABANDON DU PROJET DE CENTRE D'INTERPRÉTATION DE L'AFFAIRE COFFIN, À MURDOCHVILLE
LE SOLEIL
Publié le 13 juillet 2010 à 05h00 Mis à jour le 13 juillet 2010 à 10h03
Opposition au «parc Coffin» de Murdochville
Agrandir
Marie Coffin, la soeur de Wilbert, a appris par les journaux l'existence du projet de parc d'interprétation sur l'affaire Coffin. Elle a expliqué aux promoteurs qu'elle refusait qu'on «exploite son frère au profit du tourisme».
Collaboration spéciale Geneviève Gélinas
Geneviève Gélinas, collaboration spéciale
Le Soleil
(Murdochville) Le parc d'interprétation sur l'affaire Wilbert Coffin ne verra finalement pas le jour. Les promoteurs du projet ont abandonné l'idée de commémorer le lieu où trois chasseurs américains ont été tués il y a maintenant 57 ans, à Murdochville. Les critiques de Marie Coffin, la soeur de celui qui a été accusé, condamné et pendu pour ce crime, ont eu raison de l'initiative.
En entrevue au Soleil, Marie Coffin se dit «soulagée et heureuse», elle qui refusait qu'on «exploite son frère au profit du tourisme».
La Ville de Murdochville souhaitait aménager l'emplacement forestier où trois chasseurs américains ont été tués il y a 57 ans, à une vingtaine de kilomètres de la municipalité. Ces meurtres avaient mené à la pendaison du prospecteur gaspésien Wilbert Coffin, après un procès entaché d'irrégularités.
La municipalité et le Club Quad de Murdochville voulaient améliorer la route d'accès aux vestiges du camp de chasse, y installer des panneaux d'interprétation et une aire de pique-nique. La Conférence régionale des élus avait déjà accordé une somme de 36 000 $ pour payer les travaux.
Mme Coffin, qui habite Gaspé, a appris l'existence du projet par les journaux. «Les promoteurs ne m'ont jamais contactée pour me demander mon opinion», dit-elle.
Le contenu du projet l'a mise hors d'elle. «Ça a déjà été assez dur de passer à travers tout ça, sans voir un mémorial au meurtre des chasseurs américains», affirme Mme Coffin.
Ces derniers jours, Marie Coffin a rencontré le président du Club Quad, Alain Arsenault, et le commissaire à la relance de Murdochville, André Lemieux. «Je leur ai dit que je désapprouve totalement le projet, dit-elle, pas seulement à cause de ma famille, mais aussi à cause des familles des trois Américains et de tous les Gaspésiens.»
Loin des médias
Mme Coffin est pleinement satisfaite de la conclusion de cette rencontre avec les promoteurs. «Ils ont été très gentils, et ils m'ont dit que c'était à moi de décider s'ils allaient de l'avant avec le projet», rapporte-t-elle.
Selon Mme Coffin, il n'y a pas de façon correcte de parler de cette affaire aux touristes. «Ce n'est pas le genre de chose qui doit servir à attirer des touristes. Il y a bien d'autres choses en Gaspésie de plus intéressant que ce qui s'est passé dans le bois.»
Joint par Le Soleil, Alain Arsenault confirme que le projet est abandonné, mais refuse de commenter davantage. «Je ne veux pas aller dans les médias avec ça, dit-il. Ça a fait une grosse histoire pour rien. On va envoyer un communiqué de presse [mardi].»
L'affaire Coffin continuera sûrement de faire parler d'elle. Des avocats du Groupe de révision des condamnations criminelles, qui assistent le ministre canadien de la Justice, examinent actuellement les documents liés au procès de Wilbert Coffin. Les juristes bénévoles de l'organisme Association in Defence of the Wrongly Convicted scrutent aussi l'affaire à la loupe.
Opposition au «parc Coffin» de Murdochville
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Marie Coffin, la soeur de Wilbert, a appris par les journaux l'existence du projet de parc d'interprétation sur l'affaire Coffin. Elle a expliqué aux promoteurs qu'elle refusait qu'on «exploite son frère au profit du tourisme».
Collaboration spéciale Geneviève Gélinas
Geneviève Gélinas, collaboration spéciale
Le Soleil
(Murdochville) Le parc d'interprétation sur l'affaire Wilbert Coffin ne verra finalement pas le jour. Les promoteurs du projet ont abandonné l'idée de commémorer le lieu où trois chasseurs américains ont été tués il y a maintenant 57 ans, à Murdochville. Les critiques de Marie Coffin, la soeur de celui qui a été accusé, condamné et pendu pour ce crime, ont eu raison de l'initiative.
En entrevue au Soleil, Marie Coffin se dit «soulagée et heureuse», elle qui refusait qu'on «exploite son frère au profit du tourisme».
La Ville de Murdochville souhaitait aménager l'emplacement forestier où trois chasseurs américains ont été tués il y a 57 ans, à une vingtaine de kilomètres de la municipalité. Ces meurtres avaient mené à la pendaison du prospecteur gaspésien Wilbert Coffin, après un procès entaché d'irrégularités.
La municipalité et le Club Quad de Murdochville voulaient améliorer la route d'accès aux vestiges du camp de chasse, y installer des panneaux d'interprétation et une aire de pique-nique. La Conférence régionale des élus avait déjà accordé une somme de 36 000 $ pour payer les travaux.
Mme Coffin, qui habite Gaspé, a appris l'existence du projet par les journaux. «Les promoteurs ne m'ont jamais contactée pour me demander mon opinion», dit-elle.
Le contenu du projet l'a mise hors d'elle. «Ça a déjà été assez dur de passer à travers tout ça, sans voir un mémorial au meurtre des chasseurs américains», affirme Mme Coffin.
Ces derniers jours, Marie Coffin a rencontré le président du Club Quad, Alain Arsenault, et le commissaire à la relance de Murdochville, André Lemieux. «Je leur ai dit que je désapprouve totalement le projet, dit-elle, pas seulement à cause de ma famille, mais aussi à cause des familles des trois Américains et de tous les Gaspésiens.»
Loin des médias
Mme Coffin est pleinement satisfaite de la conclusion de cette rencontre avec les promoteurs. «Ils ont été très gentils, et ils m'ont dit que c'était à moi de décider s'ils allaient de l'avant avec le projet», rapporte-t-elle.
Selon Mme Coffin, il n'y a pas de façon correcte de parler de cette affaire aux touristes. «Ce n'est pas le genre de chose qui doit servir à attirer des touristes. Il y a bien d'autres choses en Gaspésie de plus intéressant que ce qui s'est passé dans le bois.»
Joint par Le Soleil, Alain Arsenault confirme que le projet est abandonné, mais refuse de commenter davantage. «Je ne veux pas aller dans les médias avec ça, dit-il. Ça a fait une grosse histoire pour rien. On va envoyer un communiqué de presse [mardi].»
L'affaire Coffin continuera sûrement de faire parler d'elle. Des avocats du Groupe de révision des condamnations criminelles, qui assistent le ministre canadien de la Justice, examinent actuellement les documents liés au procès de Wilbert Coffin. Les juristes bénévoles de l'organisme Association in Defence of the Wrongly Convicted scrutent aussi l'affaire à la loupe.
30 juin 2010
MURDOCHVILLE CRÉERA UN CENTRE D'INTERPRÉTATION DE L'AFFAIRE COFFIN
Une vue aérienne
de Murdochville
Coffin à son camp
Alain Arsenault veut construire trois pavillons sur le site du crime, près de Murdochville. He wants to build three pavilions on the site of the murder, near Murdochville. Là, où on peut facilement trouver des artefacts. Where artefacts can be easily found.
Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier Photo special collaboration, Johanne Fournier
LISEZ AUSSI, PLUS BAS, UNE ENTREVUE QUE MADAME MARIE COFFIN A ACCORDÉE AU JOURNAL LE PHARILLON, LE 5 JUILLET 2010.
Texte et traduction de Johanne Fournier, Freelance
Le Soleil Sun
(Murdochville) En collaboration avec la Ville de Murdochville, située à 94 km de Gaspé, le Club Quad de l'endroit amorce dès lundi la réalisation d'un projet visant à faire découvrir le lieu où le meurtre de trois chasseurs américains s'est déroulé en 1953 et pour lequel le prospecteur Wilbert Coffin a été pendu trois ans plus tard. (Murdochville) In collaboration with the City of Murdochville, located 94 km from the Gaspé, the Quad Club in place beginning on Monday the completion of a project to discover the place where the murder of three American hunters has place in 1953 and for which the prospector Wilbert Coffin was hanged three years later.
Les protagonistes de ce projet veulent raviver cette histoire qui a fait le tour du pays et qui a contribué à l'abolition de la peine de mort au Canada. The protagonists of this project want to rekindle this history that has toured the country and has contributed to the abolition of the death penalty in Canada.
La Conférence régionale des élus (CRE) de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine vient de confirmer un financement de 36 000 $ qui permettra d'entamer la première phase de réalisation du projet. The regional conference of elected officers (CRE) of the Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine has confirmed funding of $ 36,000 which will begin the first phase of the project.
Bien peu de gens, même parmi les locaux, connaissent l'endroit exact, qui est situé à une vingtaine de kilomètres de Murdochville. Few people, even among locals, know the exact location, which is located about twenty kilometers Murdochville. «Les gens sont fiers à l'idée de développer le site et ont hâte de le découvrir», estime la directrice de l'offre touristique de la Ville de Murdochville, Francine Chouinard. "People are proud of the idea of developing the site and are eager to discover," says the director of tourism for the City of Murdochville, Francine Chouinard. «C'est comme un trésor caché.» L'instigateur du projet est le président du Club Quad de Murdochville, Alain Arsenault, qui en rêve depuis 10 ans. "It's like a hidden treasure." The instigator of the project is the president of the Club Quad Murdochville Alain Arsenault, who dreamed of it for 10 years.
L'aventure commence à l'est de l'ancienne ville minière. Your adventure begins in the east of the old mining town. Il faut d'abord emprunter une route de terre pendant une dizaine de kilomètres, où la faune est abondante. We must first take a dirt road for about ten kilometers, where wildlife is abundant. D'ailleurs, lors de la visite du Soleil, il a été possible d'observer un ourson noir pendant quelques instants, avant qu'il ne se sauve. Moreover, during the visit of the Sun, it was possible to observe a black bear cub for a few moments before he escaped.
Ensuite, il suffit d'enfourcher un quad et d'utiliser le sentier qui mène au lieu. Then just to ride a quad and use the footpath instead. Sur 8 km de forêt giboyeuse, où les pistes d'orignal encore fraîches ne sont pas rares, la flore est dense. Over 8 km of forest abounding in game, where the tracks still fresh moose are not uncommon, the flora is dense. La nature a pris sa revanche sur cette ancienne route qu'utilisaient Wilbert Coffin et les chasseurs, il ya près de 60 ans. Nature took its revenge on the old road that Wilbert Coffin and hunters used for nearly 60 years. Ce sentier donne sur une immense clairière. This trail overlooks a vast clearing. «C'est étrange qu'en 60 ans, la végétation a poussé partout, sauf là», fait remarquer Alain Arsenault, en affichant une mine intriguée. "It is strange that in 60 years, the vegetation has grown everywhere except here," says Alain Arsenault, displaying a wealth intrigued.
Sous les arbres, les vestiges des sept camps de chasse sont toujours là. Under the trees, the remains of seven hunting camps are still there. L'affaissement de ces petites habitations de fortune en rondins témoigne du poids des années et de l'oubli dont elles ont été victimes. The collapse of these small makeshift dwellings log shows the weight of years of neglect they have suffered.
À proximité des camps, des déchets de l'époque, devenus aujourd'hui des artéfacts, sont visibles ici et là. Nearby camps, waste of time, which have become artifacts, are visible here and there. Nul besoin de creuser très profondément pour que d'autres objets surgissent. No need to dig deep for other objects emerge. Sans trop fouiller, Alain Arsenault a mis la main sur une vieille bouteille de 7UP et une tasse. Without much digging, Alain Arsenault got his hands on an old bottle of 7UP and a cup. «Ces objets ont-ils appartenu à Coffin?» se demande-t-il, avec toute la fascination que cette histoire exerce sur lui. "These objects have belonged to Coffin?" Asks he, with all the fascination of this story has on him.
Le financement de la CRE servira d'abord à débroussailler, à aplanir et à élargir le sentier qui mène au site. Funding from the CRE will first to be cleared, flatten and widen the trail to the site. Une signalisation adéquate est prévue dans toutes les directions sur les sentiers fédérés de quad. Adequate signage is provided in all directions on the trails Federated quad.
Dans la clairière, trois gloriettes avec des tables de pique-nique seront bâties. In the clearing, three pavilions with picnic tables will be built. Sur le site, 10 bornes d'interprétation informeront les visiteurs de l'histoire des lieux. On the site, 10 terminals interpretation inform visitors of the history of places. L'activité, qui fera partie de l'offre touristique de Murdochville à l'été 2011, sera gratuite. The event, which will be part of the tourist offer of Murdochville summer 2011, will be free.
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DO YOU AGREE? GIVE US YOUR OPINION.
Voici une entrevue que madame Marie Coffin a accordée à Pharillon
Site touristique sur l'Affaire Coffin: la famille ne comprend pas.
Mary Coffin se confie
Marie-Claude Costisella
Général - Publié le 5 juillet 2010 à 17:13
La Ville de Murdochville et le club VTT de l’endroit ont confirmé récemment que la Conférence Régionale des Élus Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (CRE) a donné son appui au financement d’un projet touristique qui devrait voir le jour à l’été 2011.
Il s’agit d’aménager un site d’interprétation relatant l’affaire Coffin (dans laquelle Wilbert Coffin aurait peut-être été injustement condamné à mort pour meurtre en 1953), sur les lieux de la tragédie, à 20 km de Murdochville. On estime que les coûts reliés à l’aménagement de ce site sont de plus ou moins 40 000 $. Tout le monde en a parlé, sauf la principale intéressée.
Meurtre touristique
La dame de 78 ans a avoué qu’après avoir réalisé vraiment ce qui se passait, elle a failli annuler son rendez-vous avec le Journal Le Pharillon. Mais elle s’est ravisée: « C’est tellement irrespectueux pour mon frère, pour les Américains et pour tous les Gaspésiens. Je ne crois pas que ceux-ci accepteront qu’une telle chose se fasse. Mais que puis-je faire sinon vous exprimer ma grande et profonde tristesse. »
Madame Coffin ne comprend pas en quoi l’histoire du triple meurtre des Américains survenu en 1953 peut se transformer en circuit touristique : « Cet évènement a laissé une marque très sombre dans l’histoire du Canada et je trouve très bizarre qu’on veuille l’exploiter pour des raisons touristiques ». La dame essuie quelques larmes, respire un grand coup et ajoute : « C’est tellement bizarre, d’exploiter un évènement pareil de telle façon. Mais qu’est-ce qu’on va y faire ? Emmener des gens au bout d’un sentier en VTT et leur dire : Voilà, c’est ici qu’on été tués trois Américains ? Je n’arrive pas à comprendre. C’est très, très triste et j’ai vraiment le cœur brisé… »
Besoin de preuves
La sœur de Wilbert Coffin rappelle que les Gaspésiens l’ont soutenue il y a quelques mois alors qu’elle organisait une levée de fonds. L’exercice avait pour but d’amasser assez d’argent pour rouvrir le dossier de son frère, en faisant affaire avec une importante firme d’avocats de Toronto. Leur travail consiste pour l’instant à réviser à la loupe le dossier Coffin, le dernier homme à avoir été pendu au Canada : « Il y a maintenant toute une équipe d’avocats qui travaillent sur le cas de mon frère. Tout cela a été possible grâce au support des gens de Gaspé et de plusieurs autres personnes de l’extérieur de la région. Je n’aurais jamais pu y arriver sans leurs dons »
Jamais mise au courant
Bien que le projet soit en marche depuis plus de six mois, Mary Coffin se dit surprise que personne ne soit jamais entré en contact avec elle pour lui en parler, ni la Ville de Murdochville, ni le club VTT, ni la CRÉ. À propos du financement, elle a tenu à donner son avis sur l‘utilisation de cet argent : « Si tout cet argent est disponible, pourquoi ils ne l’offriraient pas à l'organisme AIDWYC (Association in Defence of the Wrongly Convicted) et ainsi aider mon frère et des centaines d’autres Canadiens, emprisonnés pour un crime jamais commis ? »
Avant de terminer. Madame Coffin a répété à quel point elle était triste pour tous les Gaspésiens. Comme elle, ils ont à revivre la tragédie de 1953 à travers un projet bizarre, une idée qu’elle et sa famille ne comprennent pas. « Mon frère était un homme si bon. Il aurait tout donné pour aider autrui.»
4 juin 2010
L'AFFAIRE COFFIN PAR ME CLÉMENT FORTIN, AVOCAT À LA RETRAITE
BONNES VACANCES
HAPPY HOLIDAYS
CanadianPlanet: Canada's search engine
Je publie les textes de présentation que j’ai écrits pour le lancement de mes romans. J’y expose notamment les difficultés que j’ai rencontrées en les écrivant. Je les publie séparément sur ce blogue et par ordre chronologique :
Les amours du Pied-de-Côte
On s’amuse à mort
L’affaire Coffin : une supercherie?
Ceux qui songent à écrire leur premier roman trouveront sûrement dans ces présentations des idées qui les inciteront à se mettre, dès maintenant, à la tâche.
Si vous avez des questions relativement à ces textes, n’hésitez pas à communiquer avec moi.
BONNES VACANCES
Je me permets de vous faire quelques suggestions de lecture pendant vos vacances.
Vous pouvez vous procurer mes livres chez Wilson & Lafleur
http://www.wilsonlafleur.com/
http://www.wilsonlafleur.com/WilsonLafleur/default.aspx?Action=Detail&CodeCat=340.471
Wilson & Lafleur Ltée
40, rue Notre-Dame Est
Montréal (Québec)
H2Y 1B9
Téléphone : 514 875-6326
Sans frais : 1 800 363-2327
Télécopieur : 514 875-8356
Courriel : librairie@wilsonlafleur.com
Heures d'ouverture
Librairie : lundi au vendredi de 9 h 00 à 17 h 00
Administration : lundi au vendredi de 9 h 00 à 16 h 10
May I suggest that you read my books on your vacation. You may order them from Wilson & Lafleur.
Voici quelques commentaires que des journalistes ont fait au sujet de mes livres:
Here are some comments that were made about my books. The literal translation is mine.
L'Affaire Coffin, une supercherie?, dissipe tout soupçon quant aux assertions de certains dont le sénateur Hébert selon lesquelles le procès a été bâclé et que Coffin a été condamné, car le jury était formé de Gaspésiens ignorants. On a fait entendre au jury des dizaines de témoins qui ont rassemblé les éléments d'une preuve circonstancielle écrasante contre Coffin. (L’affaire Coffin : une supercherie ?, clears up all suspicion about the assertions made by some, senator Hébert is one of them, purporting that the trial was botched and that Coffin was condemned because the jury was formed with ignorant Gaspesians. Dozens of witnesses were heard who brought together the elements of an overwhelming circumstantial evidence against Coffin.)
David Santerre, Le Journal de Montréal
Dans un minutieux travail de reconstitution du célèbre procès, l'avocat Clément Fortin en arrive à une brutale conclusion.(In a meticulous work of reconstituting the famous trial, the lawyer Clément Fortin reaches a brutal conclusion.)
Bryan Miles, Le Devoir
Le juge Brossard avançait que les propos de Jacques Hébert étaient sans fondement. Pour sa part, Clément Fortin fait valoir que n’eût été le brûlot de Jacques Hébert clamant l’innocence de Coffin, l’affaire Coffin serait oubliée depuis belle lurette, et le public n’aurait pas si longtemps douté du bon déroulement du procès. (Justice Brossard put forward that Jacques Hébert’s remarks were unfounded. Clément Fortin explains that without Jacques Hébert’s pamphlet crying out Coffin’s innocence, the Coffin affair would have been forgotten a long time ago.)
Rollande Parent, Le journal du Barreau
Contrairement aux livres à succès de feu Jacques Hébert, celui de M. Fortin s’appuie sur une documentation solide. Il démonte la thèse de l’erreur judiciaire, sans pour autant prendre parti clairement. (Unlike Jacques Hébert’s bestsellers, Mr. Fortin’s book relies on a solid documentation. He takes to pieces the miscarriage of justice thesis, without however taking a clear stand.)
Yves Boisvert, La Presse
Loin d'être un pamphlet, L'affaire Coffin : une supercherie? s'attarde avec patience aux faits présentés aux jurés. L'auteur se garde quelques pages à la fin de son bouquin pour donner ses conclusions, sans plus. Quelques commentaires qui suffisent toutefois à faire comprendre que toute la controverse sur la non-culpabilité de Coffin a longtemps vogué sur une vague de ouï-dire, de sensationnalisme et d'intérêts politiques. (Far from being a pamphlet, L’affaire Coffin : une supercherie ? patiently lingers over the facts submitted to the jurors. The author reserves for himself a few pages at the end of his book to give his conclusions. A few comments are sufficient however to realize that the whole controversy on the non-guiltiness of Coffin has drifted for a long time on a wave of hearsay, sensationalism and political interests.)
Éric Nicol, Le Journal de la Vallée
Clément Fortin n’a pas ménagé ses efforts afin de reconstituer le plus fidèlement possible les éléments de ce drame. (Clément Fortin has spared no effort to reconstitute as faithfully as possible the elements of this drama.)
Jean Larrivée, L’Estuaire
Pas l’ombre d’un doute : ce fascinant docu-roman porte un dur coup à la thèse de Jacques Hébert. Il résume les 2 250 pages de transcriptions sténographiques et de procédures du procès de Wilbert Coffin, à Percé, en 1954. Loin des ragots, il s’en tient aux faits mis en preuve devant la Cour du banc de la reine. (Without the shade of a doubt, this docu-novel strikes a hard blow at Jacques Hébert’s thesis. It summarizes the 2 250 page short-hand transcripts and proceedings of Wilbert Coffin’s trial, at Percé, in 1954. Far from gossips, he sticks to the facts which were proven before the Court of Queen’s Bench.)
http://andrepronovost.com/Nouvelles.htm
HAPPY HOLIDAYS
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Je publie les textes de présentation que j’ai écrits pour le lancement de mes romans. J’y expose notamment les difficultés que j’ai rencontrées en les écrivant. Je les publie séparément sur ce blogue et par ordre chronologique :
Les amours du Pied-de-Côte
On s’amuse à mort
L’affaire Coffin : une supercherie?
Ceux qui songent à écrire leur premier roman trouveront sûrement dans ces présentations des idées qui les inciteront à se mettre, dès maintenant, à la tâche.
Si vous avez des questions relativement à ces textes, n’hésitez pas à communiquer avec moi.
BONNES VACANCES
Je me permets de vous faire quelques suggestions de lecture pendant vos vacances.
Vous pouvez vous procurer mes livres chez Wilson & Lafleur
http://www.wilsonlafleur.com/
http://www.wilsonlafleur.com/WilsonLafleur/default.aspx?Action=Detail&CodeCat=340.471
Wilson & Lafleur Ltée
40, rue Notre-Dame Est
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H2Y 1B9
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Librairie : lundi au vendredi de 9 h 00 à 17 h 00
Administration : lundi au vendredi de 9 h 00 à 16 h 10
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Voici quelques commentaires que des journalistes ont fait au sujet de mes livres:
Here are some comments that were made about my books. The literal translation is mine.
L'Affaire Coffin, une supercherie?, dissipe tout soupçon quant aux assertions de certains dont le sénateur Hébert selon lesquelles le procès a été bâclé et que Coffin a été condamné, car le jury était formé de Gaspésiens ignorants. On a fait entendre au jury des dizaines de témoins qui ont rassemblé les éléments d'une preuve circonstancielle écrasante contre Coffin. (L’affaire Coffin : une supercherie ?, clears up all suspicion about the assertions made by some, senator Hébert is one of them, purporting that the trial was botched and that Coffin was condemned because the jury was formed with ignorant Gaspesians. Dozens of witnesses were heard who brought together the elements of an overwhelming circumstantial evidence against Coffin.)
David Santerre, Le Journal de Montréal
Dans un minutieux travail de reconstitution du célèbre procès, l'avocat Clément Fortin en arrive à une brutale conclusion.(In a meticulous work of reconstituting the famous trial, the lawyer Clément Fortin reaches a brutal conclusion.)
Bryan Miles, Le Devoir
Le juge Brossard avançait que les propos de Jacques Hébert étaient sans fondement. Pour sa part, Clément Fortin fait valoir que n’eût été le brûlot de Jacques Hébert clamant l’innocence de Coffin, l’affaire Coffin serait oubliée depuis belle lurette, et le public n’aurait pas si longtemps douté du bon déroulement du procès. (Justice Brossard put forward that Jacques Hébert’s remarks were unfounded. Clément Fortin explains that without Jacques Hébert’s pamphlet crying out Coffin’s innocence, the Coffin affair would have been forgotten a long time ago.)
Rollande Parent, Le journal du Barreau
Contrairement aux livres à succès de feu Jacques Hébert, celui de M. Fortin s’appuie sur une documentation solide. Il démonte la thèse de l’erreur judiciaire, sans pour autant prendre parti clairement. (Unlike Jacques Hébert’s bestsellers, Mr. Fortin’s book relies on a solid documentation. He takes to pieces the miscarriage of justice thesis, without however taking a clear stand.)
Yves Boisvert, La Presse
Loin d'être un pamphlet, L'affaire Coffin : une supercherie? s'attarde avec patience aux faits présentés aux jurés. L'auteur se garde quelques pages à la fin de son bouquin pour donner ses conclusions, sans plus. Quelques commentaires qui suffisent toutefois à faire comprendre que toute la controverse sur la non-culpabilité de Coffin a longtemps vogué sur une vague de ouï-dire, de sensationnalisme et d'intérêts politiques. (Far from being a pamphlet, L’affaire Coffin : une supercherie ? patiently lingers over the facts submitted to the jurors. The author reserves for himself a few pages at the end of his book to give his conclusions. A few comments are sufficient however to realize that the whole controversy on the non-guiltiness of Coffin has drifted for a long time on a wave of hearsay, sensationalism and political interests.)
Éric Nicol, Le Journal de la Vallée
Clément Fortin n’a pas ménagé ses efforts afin de reconstituer le plus fidèlement possible les éléments de ce drame. (Clément Fortin has spared no effort to reconstitute as faithfully as possible the elements of this drama.)
Jean Larrivée, L’Estuaire
Pas l’ombre d’un doute : ce fascinant docu-roman porte un dur coup à la thèse de Jacques Hébert. Il résume les 2 250 pages de transcriptions sténographiques et de procédures du procès de Wilbert Coffin, à Percé, en 1954. Loin des ragots, il s’en tient aux faits mis en preuve devant la Cour du banc de la reine. (Without the shade of a doubt, this docu-novel strikes a hard blow at Jacques Hébert’s thesis. It summarizes the 2 250 page short-hand transcripts and proceedings of Wilbert Coffin’s trial, at Percé, in 1954. Far from gossips, he sticks to the facts which were proven before the Court of Queen’s Bench.)
http://andrepronovost.com/Nouvelles.htm
Bibliothèque municipale, Fonds de solidarité FTQ, de Matane, 19 h 30, samedi 3 novembre 2007
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son docu-roman
L’affaire Coffin : une supercherie?
Les éditions Wilson & Lafleur
40, rue Notre-Dame Est
Montréal (Québec) H2Y 1B9
Tél. 514.875.6326
Sans frais 1 800 363.2327
Télécopieur 514 875 8356
Courriel : librairie@wilsonlafleur.com
Mesdames, Messieurs,
Merci d’être venus aussi nombreux. C’est toujours un grand bonheur pour moi de vous accueillir, à Matane, une ville qui ne cesse de s’embellir au passage du temps. J’aime l’atmosphère qui se dégage de cette magnifique maison de la culture avec ses grandes fenêtres qui donnent sur l’embouchure de la rivière et sur le fleuve. Cette vue sur le large invite les gens d’ici à l’aventure et les incite au dépassement.
Vous êtes venus de Gatineau, de Saint-Sauveur, de Laval et de Montréal. Quelques-uns sont venus de Québec et de Rimouski. Et heureusement, je vois plusieurs Matanaises et Matanais m’honorer aussi de leur présence.
Je remercie madame Lise Whittom Grenier de m’avoir invité à présenter mon docu-roman dans ce merveilleux palais de la culture. Les efforts qu’elle déploie pour intéresser les jeunes à la lecture méritent toute notre admiration. Je la remercie aussi de mettre à votre disposition les notes de cette présentation.
À chacune de nos rencontres, je vous ai soumis un document dans lequel j’explique la méthode que j’ai suivie pour écrire mon roman et les principales difficultés que j’ai surmontées dans sa rédaction. Ainsi, en 2001, au lancement de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte, je vous ai exposé comment j’ai conçu ce roman historique. Au lancement de On s’amuse à mort, en 2005, je vous ai expliqué comment j’en étais arrivé à raconter cette histoire dans un docu-roman.
Des copies de ces présentations vous ont été distribuées ce soir. Je ne répéterai donc pas ces explications. De plus, en vous présentant ces notes, je présume que vous avez lu mes romans. Je ne voudrais surtout pas être trop répétitif.
Le choix d’un sujet de roman
J’étais à la recherche d’un nouveau sujet de roman quand on m’a suggéré d’écrire un docu-roman sur l’affaire Coffin tout comme je l’avais fait pour l’affaire Poisson. En juillet 1953, on retrouvait les ossements de trois chasseurs américains dans la forêt gaspésienne. Dès lors, je me suis intéressé à cette affaire. Comme un grand nombre de Gaspésiens, de Québécois et de Canadiens, j’ai lu les livres de Jacques Hébert sur cette affaire. Leur lecture m’avait convaincu qu’il s’agissait d’une erreur judiciaire grave. J’ai hésité à entreprendre la rédaction de ce docu-roman. Déjà, quatre livres avaient été écrits. Qu’est-ce que je pouvais dire de plus?
J’ai fait quelques séjours exploratoires au Centre d’archives de Rimouski. On m’a permis d’enregistrer sur cédérom les 2250 pages de transcriptions sténographiques du procès devant la Cour du banc de la reine, à Percé. Une première lecture m’a laissé perplexe. Vraiment, je ne comprenais pas le sens de ce procès. À titre d’exemple, pourquoi les avocats de Coffin n’étaient-ils pas plus combatifs? Pourquoi ne contre-interrogeaient-ils pas certains témoins? En compulsant le procès-verbal de l’enquête préliminaire, j’ai découvert qu’une déclaration statutaire, faite par Coffin le 6 août 1953, avait été reçue en preuve et versée au dossier de la cour, sous la cote P-22. Cette déclaration statutaire n’a pas été soumise au jury de Percé. Je cherchais désespérément ce document.
Le mystère Coffin d’ENJEUX
Au même moment, l’équipe d’ENJEUX préparait Le mystère Coffin qui a été diffusé une première fois sur les ondes de Radio-Canada, le 28 mars 2007. En apprenant que j’écrivais un ouvrage sur l’affaire Coffin, madame Solveig Miller m’a téléphoné avant Noël. Nous avons longuement parlé de cette affaire. Je lui ai dit que je cherchais désespérément la déclaration statutaire que Coffin avait faite, le 6 août 1953. Elle se l’était procurée au Musée de la Gaspésie. Elle m’en a fait parvenir une copie de même que la déclaration de Marion Petrie et certains rapports de police.
En ayant à l’esprit ces documents, j’ai relu les 2250 pages de transcriptions sténographiques. J’ai aussi lu et relu le rapport de la Commission royale d’enquête sur l’affaire Coffin. Et plusieurs transcriptions sténographiques de cette Commission. Enfin, je comprenais ce qui s’était passé devant le jury de Percé. La poursuite gardait en réserve la déclaration statutaire que Coffin avait faite le 6 août 1953. Si Coffin avait été appelé à témoigner, elle était prête à faire une contre-preuve. Elle aurait confronté sa déclaration du 6 août 1953 aux dépositions des témoins qu’elle avait entendues.
Madame Miller m’a invité à participer à cette émission. Le 1er février, l’équipe d’ENJEUX est venue m’interviewer chez moi : son réalisateur Jean-Louis Boudou, la journaliste Solveig Miller, un cadreur et un preneur de son. Cette agréable collaboration m’a permis de hâter la rédaction de cet ouvrage.
Une montagne de documents
J’ai parcouru tous les centres d’archives susceptibles de me fournir des documents sur cette affaire : Rimouski, Québec, Gaspé et Ottawa. Je me sentais écrasé sous une montagne de documents.
En 1964, à la suite de la publication du brûlot de Jacques Hébert, J’accuse les assassins de Wilbert Coffin, le gouvernement de Jean Lesage a institué une Commission royale d’enquête sur l’affaire Coffin. Le juge Roger Brossard a présidé cette Commission qui a siégé 67 jours et entendu 214 témoins. À la demande de la Commission, des enquêtes ont été faites par la police de Vancouver, de Toronto, la Gendarmerie royale, la Sûreté provinciale, la Police de l’État de Pennsylvanie, la police de l’État du New Jersey et la Police municipale de Plainfield, New Jersey. Elle a produit un rapport de 693 pages et 16000 pages de transcriptions sténographiques.
De ces transcriptions sténographiques, 500 pages sont soumises au huis clos. Et tout le dossier de police fait aussi l’objet d’un huis clos. Le 5 avril 2006, Bibliothèque et Archives nationales m’a refusé l’accès à ces documents. J’avais aussi demandé la permission d’examiner le dossier d’enquête de la police. On m’a dirigé vers le ministère de la Sécurité publique. Là aussi, on ne m’a pas permis de consulter ce dossier. Le 17 juin 2006, je me suis adressé à la Commission d’accès à l’information lui demandant de me permettre de consulter ces documents. Elle m’a entendu le 5 juin dernier. Le Commissaire a pris ma demande en délibéré. J’attends sa décision. Si elle ne m’est pas favorable, j’interjetterai appel.
Le ministère de la Sécurité publique me refuse l’accès à ce dossier au motif qu’il ne veut pas révéler les méthodes d’enquête de police utilisées à l’époque. J’ai prétexté que le policier Alphonse Matte avait mené l’enquête dans l’affaire Coffin et dans l’affaire Poisson. Et que manifestement mes deux docu-romans exposent ces méthodes d’enquête.
Étonnamment, à Bibliothèque et Archives Canada, j’ai pu lire des documents auxquels on me refuse l’accès, au Québec. Ainsi, j’ai déjà une bonne idée du contenu des documents soumis au huis clos.
Une erreur judiciaire?
En 1993, un groupe d’avocats de Toronto a créé The Association in Defence of the Wrongly Convicted, un organisme qui vient en aide à des condamnés qu’on croit innocents. Cette association étudie en ce moment le dossier de Wilbert Coffin.
À Ottawa, des parlementaires obtiennent de la Chambre des communes l’ouverture de ce dossier. Le 25 octobre 2006, une motion a été présentée demandant au Groupe de la révision des condamnations criminelles d’engager la révision judiciaire de l’affaire Coffin.
Des contraintes particulières
Pour rendre plus réel le voyage de chasse des Américains, je désirais les suivre sur la route de Hollydaysburg, Pennsylvanie jusqu’à Gaspé. Par l’entremise d’eBay, j’ai obtenu d’un Californien une carte routière de l’est des États-Unis de 1953. Je pouvais donc reconstituer leur trajet. Grâce à Internet, j’ai obtenu d’un Québécois une carte routière du Québec de 1954. Ainsi, j’ai pu décrire le voyage de Coffin de Gaspé jusqu’à Montréal et de Val-d’Or jusqu’à Gaspé.
Le travail sur le terrain
En juillet, j’ai refait le tour de la Gaspésie. J’avais plusieurs choses à vérifier tout au long du littoral. Je voulais aussi repérer les lieux du crime. Tout a changé au cours de ces 54 années passées. J’ai causé de l’affaire Coffin avec des Gaspésiens. J’avais à l’esprit cette objection qu’on opposait à la publication de mon ouvrage : « La grande question : pourquoi tant de gens ont-ils cru Coffin innocent? » Évidemment, les jurés rendent leur verdict selon la preuve qui leur est soumise et non d’après les sentiments qu’éprouvent les gens. Bien sûr, il s’en trouve qui croient qu’il était coupable. D’autres clament toujours son innocence. À ceux-là, j’ai demandé sur quoi ils se fondaient pour affirmer qu’il était innocent. Au soutien de son innocence, ils parlaient vaguement d’un sentiment. En leur exposant ce qu’est une preuve circonstancielle et les faits retenus par les jurés pour rendre leur verdict, ils se disent surpris d’apprendre leur existence. Singulièrement, ils ignorent ce qui s’est passé à ce procès. Comme Confucius le suggère, je ne suis pas resté seul à me désoler dans le noir. J’ai allumé une chandelle. Je les ai sentis disposés à en apprendre davantage. J’avais vécu la même expérience avec l’affaire Poisson. Ces gens sont souvent mal informés et parfois désinformés.
Des Gaspésiens mêlent les cartes
Dans ses mémoires La vie et les misères d’un médecin de campagne publiés aux Éditions Québécor, en 1995, le coroner Lionel Rioux affirme ce qui suit à la page 144 :
Comme coroner, mon enquête m’en apprit plus que tout autre sur les circonstances et les faits entourant cette affaire de meurtre. Encore aujourd’hui, je demeure convaincu que Coffin n’était pas l’assassin des trois Américains. Mais je n’ai pas les preuves pour justifier cette assertion.
Pourtant, en 1964, devant la Commission Brossard, sous serment, ce même médecin rendait le témoignage suivant :
J’étais convaincu que Coffin était le meurtrier au moment de la tenue des enquêtes. (Page 8053 des transcriptions sténographiques de la Commission Brossard.)
Le coroner voulait arracher des aveux à Coffin. Le procureur Noël Dorion a été obligé d’intervenir pour lui expliquer que ce n’était pas là le rôle d’un coroner.
Le Rapport Brossard fait état de l’incompétence du coroner Lionel Rioux. Aujourd’hui, on confie à des gens de loi les fonctions de coroner. Le docteur Rioux n’est pas étranger à cette décision.
Pour sa part, le sergent Henri Doyon, peu de temps après le procès, a contredit son témoignage voulant qu’il n’ait pas vu de traces de Jeep. Pourtant, sous serment, devant la Commission Brossard, il a maintenu le témoignage qu’il avait rendu devant le jury de Percé : Je n’ai vu aucune trace de Jeep, a-t-il répété.
De son côté, l’agent Lewis Sinnett, en 1963, à la télévision, a révélé l’existence d’un morceau de papier, portant la date du 13 juin 1953, sur lequel l’une des trois victimes aurait écrit une note. On a vite tiré de l’existence de cette note les conclusions suivantes : a) Coffin était innocent puisque le 13 juin, au moins, l’une des trois victimes était encore vivante, Coffin étant sorti de la forêt le 12 juin au soir, et b) cet écrit avait été caché au jury. (Page 320 du Rapport Brossard)
Devant la Commission Brossard, il a été prouvé hors de tout doute que cette note avait été écrite par Thomas Miller, un Gaspésien qui avait participé aux recherches des trois chasseurs. Il l’avait laissé sur une roche pour informer d’autres chercheurs qu’il se rendait à un endroit particulier où on pourrait le rejoindre si nécessaire. (Pages 319 et 320 du Rapport Brossard)
Leurs fausses déclarations ont induit leurs compatriotes en erreur. Tout ça par esprit de vengeance. Le premier, pour avoir été congédié et le second, parce qu’on a refusé de le rembaucher après avoir démissionné de son poste. Ces Gaspésiens ont contribué à mêler les cartes en Gaspésie et ailleurs.
Dans un chapitre de son rapport qu’il consacre aux diverses jeeps dont il a été question dans cette affaire, le juge Brossard déplore « … le peu d’importance qu’ils (quelques Gaspésiens) attachent à la stricte vérité et combien peu ils se soucient des conséquences d’inexactitudes commises à la légère, même parfois sous serment. » (Rapport Brossard p.199.)
À la recherche d’un plan de match
Comme je n’avais ni le plan de match de la poursuite ni celui de la défense, j’ai cherché à déceler dans les dépositions des témoins ce que chaque partie tentait de mettre en preuve. Je désirais guider mon lecteur en le prévenant, dès le début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désirait verser au dossier de la cour. J’ai expliqué tout au long du déroulement de cette affaire pourquoi les procureurs de la défense ne désiraient pas interroger un témoin. Prenons pour exemple le témoignage de madame Ross Baird, l’épouse du garde-barrière. La défense connaissait ceux qui avaient contourné cette barrière. Elle n’avait donc pas à contre-interroger ce témoin et risquer de se mettre dans l’embarras.
Les pièces à conviction
À Bibliothèque et Archives du Canada, j’ai trouvé plusieurs photos qui avaient été versées au dossier de la cour. Comme il se doit, les effets ayant appartenu aux victimes et produits comme pièces à conviction au dossier de la cour ont été remis à leur famille. Ils n’ont pas été détruits comme certains l’ont affirmé.
Un procès bilingue
Une grande partie du procès s’est déroulée en anglais. J’ai dû faire la traduction et l’adaptation de ces témoignages en français.
Ce n’est pas une enquête policière
Je suis sûr d’en décevoir plusieurs. Je n’ai pas fait une enquête policière. Ce n’est pas de ma compétence. J’étais à la recherche de la vérité et non de sensationnalisme. Pour la première fois, un juriste vous expose les faits de cette affaire au regard du droit et comme ils l’ont été devant le jury de Percé.
Branchez-vous sur mon blogue
Si vous désirez me poser des questions ou faire des commentaires au sujet de ce docu-roman, branchez-vous sur mon blogue à l’adresse suivante :
http://fortinclement.blogspot.com
Je me ferai un plaisir et un devoir de répondre à toutes vos questions.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son docu-roman
L’affaire Coffin : une supercherie?
Les éditions Wilson & Lafleur
40, rue Notre-Dame Est
Montréal (Québec) H2Y 1B9
Tél. 514.875.6326
Sans frais 1 800 363.2327
Télécopieur 514 875 8356
Courriel : librairie@wilsonlafleur.com
Mesdames, Messieurs,
Merci d’être venus aussi nombreux. C’est toujours un grand bonheur pour moi de vous accueillir, à Matane, une ville qui ne cesse de s’embellir au passage du temps. J’aime l’atmosphère qui se dégage de cette magnifique maison de la culture avec ses grandes fenêtres qui donnent sur l’embouchure de la rivière et sur le fleuve. Cette vue sur le large invite les gens d’ici à l’aventure et les incite au dépassement.
Vous êtes venus de Gatineau, de Saint-Sauveur, de Laval et de Montréal. Quelques-uns sont venus de Québec et de Rimouski. Et heureusement, je vois plusieurs Matanaises et Matanais m’honorer aussi de leur présence.
Je remercie madame Lise Whittom Grenier de m’avoir invité à présenter mon docu-roman dans ce merveilleux palais de la culture. Les efforts qu’elle déploie pour intéresser les jeunes à la lecture méritent toute notre admiration. Je la remercie aussi de mettre à votre disposition les notes de cette présentation.
À chacune de nos rencontres, je vous ai soumis un document dans lequel j’explique la méthode que j’ai suivie pour écrire mon roman et les principales difficultés que j’ai surmontées dans sa rédaction. Ainsi, en 2001, au lancement de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte, je vous ai exposé comment j’ai conçu ce roman historique. Au lancement de On s’amuse à mort, en 2005, je vous ai expliqué comment j’en étais arrivé à raconter cette histoire dans un docu-roman.
Des copies de ces présentations vous ont été distribuées ce soir. Je ne répéterai donc pas ces explications. De plus, en vous présentant ces notes, je présume que vous avez lu mes romans. Je ne voudrais surtout pas être trop répétitif.
Le choix d’un sujet de roman
J’étais à la recherche d’un nouveau sujet de roman quand on m’a suggéré d’écrire un docu-roman sur l’affaire Coffin tout comme je l’avais fait pour l’affaire Poisson. En juillet 1953, on retrouvait les ossements de trois chasseurs américains dans la forêt gaspésienne. Dès lors, je me suis intéressé à cette affaire. Comme un grand nombre de Gaspésiens, de Québécois et de Canadiens, j’ai lu les livres de Jacques Hébert sur cette affaire. Leur lecture m’avait convaincu qu’il s’agissait d’une erreur judiciaire grave. J’ai hésité à entreprendre la rédaction de ce docu-roman. Déjà, quatre livres avaient été écrits. Qu’est-ce que je pouvais dire de plus?
J’ai fait quelques séjours exploratoires au Centre d’archives de Rimouski. On m’a permis d’enregistrer sur cédérom les 2250 pages de transcriptions sténographiques du procès devant la Cour du banc de la reine, à Percé. Une première lecture m’a laissé perplexe. Vraiment, je ne comprenais pas le sens de ce procès. À titre d’exemple, pourquoi les avocats de Coffin n’étaient-ils pas plus combatifs? Pourquoi ne contre-interrogeaient-ils pas certains témoins? En compulsant le procès-verbal de l’enquête préliminaire, j’ai découvert qu’une déclaration statutaire, faite par Coffin le 6 août 1953, avait été reçue en preuve et versée au dossier de la cour, sous la cote P-22. Cette déclaration statutaire n’a pas été soumise au jury de Percé. Je cherchais désespérément ce document.
Le mystère Coffin d’ENJEUX
Au même moment, l’équipe d’ENJEUX préparait Le mystère Coffin qui a été diffusé une première fois sur les ondes de Radio-Canada, le 28 mars 2007. En apprenant que j’écrivais un ouvrage sur l’affaire Coffin, madame Solveig Miller m’a téléphoné avant Noël. Nous avons longuement parlé de cette affaire. Je lui ai dit que je cherchais désespérément la déclaration statutaire que Coffin avait faite, le 6 août 1953. Elle se l’était procurée au Musée de la Gaspésie. Elle m’en a fait parvenir une copie de même que la déclaration de Marion Petrie et certains rapports de police.
En ayant à l’esprit ces documents, j’ai relu les 2250 pages de transcriptions sténographiques. J’ai aussi lu et relu le rapport de la Commission royale d’enquête sur l’affaire Coffin. Et plusieurs transcriptions sténographiques de cette Commission. Enfin, je comprenais ce qui s’était passé devant le jury de Percé. La poursuite gardait en réserve la déclaration statutaire que Coffin avait faite le 6 août 1953. Si Coffin avait été appelé à témoigner, elle était prête à faire une contre-preuve. Elle aurait confronté sa déclaration du 6 août 1953 aux dépositions des témoins qu’elle avait entendues.
Madame Miller m’a invité à participer à cette émission. Le 1er février, l’équipe d’ENJEUX est venue m’interviewer chez moi : son réalisateur Jean-Louis Boudou, la journaliste Solveig Miller, un cadreur et un preneur de son. Cette agréable collaboration m’a permis de hâter la rédaction de cet ouvrage.
Une montagne de documents
J’ai parcouru tous les centres d’archives susceptibles de me fournir des documents sur cette affaire : Rimouski, Québec, Gaspé et Ottawa. Je me sentais écrasé sous une montagne de documents.
En 1964, à la suite de la publication du brûlot de Jacques Hébert, J’accuse les assassins de Wilbert Coffin, le gouvernement de Jean Lesage a institué une Commission royale d’enquête sur l’affaire Coffin. Le juge Roger Brossard a présidé cette Commission qui a siégé 67 jours et entendu 214 témoins. À la demande de la Commission, des enquêtes ont été faites par la police de Vancouver, de Toronto, la Gendarmerie royale, la Sûreté provinciale, la Police de l’État de Pennsylvanie, la police de l’État du New Jersey et la Police municipale de Plainfield, New Jersey. Elle a produit un rapport de 693 pages et 16000 pages de transcriptions sténographiques.
De ces transcriptions sténographiques, 500 pages sont soumises au huis clos. Et tout le dossier de police fait aussi l’objet d’un huis clos. Le 5 avril 2006, Bibliothèque et Archives nationales m’a refusé l’accès à ces documents. J’avais aussi demandé la permission d’examiner le dossier d’enquête de la police. On m’a dirigé vers le ministère de la Sécurité publique. Là aussi, on ne m’a pas permis de consulter ce dossier. Le 17 juin 2006, je me suis adressé à la Commission d’accès à l’information lui demandant de me permettre de consulter ces documents. Elle m’a entendu le 5 juin dernier. Le Commissaire a pris ma demande en délibéré. J’attends sa décision. Si elle ne m’est pas favorable, j’interjetterai appel.
Le ministère de la Sécurité publique me refuse l’accès à ce dossier au motif qu’il ne veut pas révéler les méthodes d’enquête de police utilisées à l’époque. J’ai prétexté que le policier Alphonse Matte avait mené l’enquête dans l’affaire Coffin et dans l’affaire Poisson. Et que manifestement mes deux docu-romans exposent ces méthodes d’enquête.
Étonnamment, à Bibliothèque et Archives Canada, j’ai pu lire des documents auxquels on me refuse l’accès, au Québec. Ainsi, j’ai déjà une bonne idée du contenu des documents soumis au huis clos.
Une erreur judiciaire?
En 1993, un groupe d’avocats de Toronto a créé The Association in Defence of the Wrongly Convicted, un organisme qui vient en aide à des condamnés qu’on croit innocents. Cette association étudie en ce moment le dossier de Wilbert Coffin.
À Ottawa, des parlementaires obtiennent de la Chambre des communes l’ouverture de ce dossier. Le 25 octobre 2006, une motion a été présentée demandant au Groupe de la révision des condamnations criminelles d’engager la révision judiciaire de l’affaire Coffin.
Des contraintes particulières
Pour rendre plus réel le voyage de chasse des Américains, je désirais les suivre sur la route de Hollydaysburg, Pennsylvanie jusqu’à Gaspé. Par l’entremise d’eBay, j’ai obtenu d’un Californien une carte routière de l’est des États-Unis de 1953. Je pouvais donc reconstituer leur trajet. Grâce à Internet, j’ai obtenu d’un Québécois une carte routière du Québec de 1954. Ainsi, j’ai pu décrire le voyage de Coffin de Gaspé jusqu’à Montréal et de Val-d’Or jusqu’à Gaspé.
Le travail sur le terrain
En juillet, j’ai refait le tour de la Gaspésie. J’avais plusieurs choses à vérifier tout au long du littoral. Je voulais aussi repérer les lieux du crime. Tout a changé au cours de ces 54 années passées. J’ai causé de l’affaire Coffin avec des Gaspésiens. J’avais à l’esprit cette objection qu’on opposait à la publication de mon ouvrage : « La grande question : pourquoi tant de gens ont-ils cru Coffin innocent? » Évidemment, les jurés rendent leur verdict selon la preuve qui leur est soumise et non d’après les sentiments qu’éprouvent les gens. Bien sûr, il s’en trouve qui croient qu’il était coupable. D’autres clament toujours son innocence. À ceux-là, j’ai demandé sur quoi ils se fondaient pour affirmer qu’il était innocent. Au soutien de son innocence, ils parlaient vaguement d’un sentiment. En leur exposant ce qu’est une preuve circonstancielle et les faits retenus par les jurés pour rendre leur verdict, ils se disent surpris d’apprendre leur existence. Singulièrement, ils ignorent ce qui s’est passé à ce procès. Comme Confucius le suggère, je ne suis pas resté seul à me désoler dans le noir. J’ai allumé une chandelle. Je les ai sentis disposés à en apprendre davantage. J’avais vécu la même expérience avec l’affaire Poisson. Ces gens sont souvent mal informés et parfois désinformés.
Des Gaspésiens mêlent les cartes
Dans ses mémoires La vie et les misères d’un médecin de campagne publiés aux Éditions Québécor, en 1995, le coroner Lionel Rioux affirme ce qui suit à la page 144 :
Comme coroner, mon enquête m’en apprit plus que tout autre sur les circonstances et les faits entourant cette affaire de meurtre. Encore aujourd’hui, je demeure convaincu que Coffin n’était pas l’assassin des trois Américains. Mais je n’ai pas les preuves pour justifier cette assertion.
Pourtant, en 1964, devant la Commission Brossard, sous serment, ce même médecin rendait le témoignage suivant :
J’étais convaincu que Coffin était le meurtrier au moment de la tenue des enquêtes. (Page 8053 des transcriptions sténographiques de la Commission Brossard.)
Le coroner voulait arracher des aveux à Coffin. Le procureur Noël Dorion a été obligé d’intervenir pour lui expliquer que ce n’était pas là le rôle d’un coroner.
Le Rapport Brossard fait état de l’incompétence du coroner Lionel Rioux. Aujourd’hui, on confie à des gens de loi les fonctions de coroner. Le docteur Rioux n’est pas étranger à cette décision.
Pour sa part, le sergent Henri Doyon, peu de temps après le procès, a contredit son témoignage voulant qu’il n’ait pas vu de traces de Jeep. Pourtant, sous serment, devant la Commission Brossard, il a maintenu le témoignage qu’il avait rendu devant le jury de Percé : Je n’ai vu aucune trace de Jeep, a-t-il répété.
De son côté, l’agent Lewis Sinnett, en 1963, à la télévision, a révélé l’existence d’un morceau de papier, portant la date du 13 juin 1953, sur lequel l’une des trois victimes aurait écrit une note. On a vite tiré de l’existence de cette note les conclusions suivantes : a) Coffin était innocent puisque le 13 juin, au moins, l’une des trois victimes était encore vivante, Coffin étant sorti de la forêt le 12 juin au soir, et b) cet écrit avait été caché au jury. (Page 320 du Rapport Brossard)
Devant la Commission Brossard, il a été prouvé hors de tout doute que cette note avait été écrite par Thomas Miller, un Gaspésien qui avait participé aux recherches des trois chasseurs. Il l’avait laissé sur une roche pour informer d’autres chercheurs qu’il se rendait à un endroit particulier où on pourrait le rejoindre si nécessaire. (Pages 319 et 320 du Rapport Brossard)
Leurs fausses déclarations ont induit leurs compatriotes en erreur. Tout ça par esprit de vengeance. Le premier, pour avoir été congédié et le second, parce qu’on a refusé de le rembaucher après avoir démissionné de son poste. Ces Gaspésiens ont contribué à mêler les cartes en Gaspésie et ailleurs.
Dans un chapitre de son rapport qu’il consacre aux diverses jeeps dont il a été question dans cette affaire, le juge Brossard déplore « … le peu d’importance qu’ils (quelques Gaspésiens) attachent à la stricte vérité et combien peu ils se soucient des conséquences d’inexactitudes commises à la légère, même parfois sous serment. » (Rapport Brossard p.199.)
À la recherche d’un plan de match
Comme je n’avais ni le plan de match de la poursuite ni celui de la défense, j’ai cherché à déceler dans les dépositions des témoins ce que chaque partie tentait de mettre en preuve. Je désirais guider mon lecteur en le prévenant, dès le début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désirait verser au dossier de la cour. J’ai expliqué tout au long du déroulement de cette affaire pourquoi les procureurs de la défense ne désiraient pas interroger un témoin. Prenons pour exemple le témoignage de madame Ross Baird, l’épouse du garde-barrière. La défense connaissait ceux qui avaient contourné cette barrière. Elle n’avait donc pas à contre-interroger ce témoin et risquer de se mettre dans l’embarras.
Les pièces à conviction
À Bibliothèque et Archives du Canada, j’ai trouvé plusieurs photos qui avaient été versées au dossier de la cour. Comme il se doit, les effets ayant appartenu aux victimes et produits comme pièces à conviction au dossier de la cour ont été remis à leur famille. Ils n’ont pas été détruits comme certains l’ont affirmé.
Un procès bilingue
Une grande partie du procès s’est déroulée en anglais. J’ai dû faire la traduction et l’adaptation de ces témoignages en français.
Ce n’est pas une enquête policière
Je suis sûr d’en décevoir plusieurs. Je n’ai pas fait une enquête policière. Ce n’est pas de ma compétence. J’étais à la recherche de la vérité et non de sensationnalisme. Pour la première fois, un juriste vous expose les faits de cette affaire au regard du droit et comme ils l’ont été devant le jury de Percé.
Branchez-vous sur mon blogue
Si vous désirez me poser des questions ou faire des commentaires au sujet de ce docu-roman, branchez-vous sur mon blogue à l’adresse suivante :
http://fortinclement.blogspot.com
Je me ferai un plaisir et un devoir de répondre à toutes vos questions.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
ON S'AMUSE À MORT AU COLLÈGE DE MATANE L'AFFAIRE POISSON
CanadianPlanet: Canada's search engine
L’auteur fait revivre l’affaire Poisson dans un docu-roman. En 1964, au Collège de Matane, le frère Oscar Lalonde est tué à coups de marteau. Trois étudiants sont écroués et traduits en justice. Un bon suspense judiciaire…
The author brings back to life the Poisson affair. In 1964, at the Collège de Matane, Brother Oscar Lalonde was murdered with blows of hammer. Three students were imprisoned and prosecuted. A good suspense…”
« Un avocat retraité en fait une solide étude de cas dans On s’amuse à mort au collège de Matane… » (A retired lawyer makes of it a solid case study in On s’amuse à mort au Collège de Matane…”
Michel Auger, Le Journal de Montréal
« Un véritable reportage où l’on voit deux avocats en vue se livrer à une lutte acharnée pendant les 23 jours que dura le procès : Jean Bienvenue pour la poursuite et René Letarte pour la défense. Le mobile du crime? Un simple geste gratuit inspiré du film américain The Rope! Pas si gratuit que ça, le geste : la discipline de fer des Clercs de Saint-Viateur était terriblement pesante… « (A real report wherein we see two renowned attorneys indulging in a fierce battle during the 23 days of the trial; Jean Bienvenue for the prosecution and René Letarte for the defence. The crime motive? A simple gratuitous gesture inspired by the American film The Rope! Not so gratuitous than that, that gesture: the iron discipline of the Clercs de Saint-Viateur was terribly heavy…) Didier Fessou, Le Soleil
« Il [Clément Fortin] a eu la bonne idée de reprendre sous nos yeux le procès pour une affaire de meurtre authentique qui s’est passée à Matane en 1964. Me Fortin nous fait revivre cette histoire des annales judiciaires.... « (He (Clément Fortin) has had the good idea to take up before our eyes the trial for a real murder that happened in Matane in 1964. Me Fortin brings back to life this murder affair.)
Daniel Rolland, Culture Hebdo.com
40e Salon du livre de Rimouski – 3 au 6 novembre 2005
Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son roman
On s’amuse à mort
Les éditions du Septentrion
www.septentrion.qc.ca
Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais trop vous dire quel bonheur je ressens de participer à ce 40e Salon du livre de Rimouski. Je me sens chez moi à Rimouski. Dès ma tendre enfance, mes parents et grands-parents m’ont inculqué un sentiment d’appartenance à cette ville. Ma grand-mère était une Lepage de Rimouski et mon grand-père était de Saint-Simon de Rimouski.
La profanation d’une sépulture dans le cimetière de Matane et l’assassinat du frère Oscar Lalonde au Collège de Matane en 1964 que je raconte dans mon roman ont trouvé leur dénouement devant les tribunaux de Rimouski. Ces crimes crapuleux ont attiré sur Rimouski toute l’attention des médias du Québec et même du Canada. C’est encore l’affaire judiciaire la plus importante qui est survenue dans le district judiciaire de Rimouski.
Je remercie les organisateurs et les organisatrices de ce grand événement culturel de m’avoir invité à y participer.
Le choix d’un sujet de roman
Comme tout le monde à l’époque, j’avais lu dans les journaux et vu à la télévision des reportages sur l’assassinat du frère Lalonde survenu au Collège de Matane, en avril 1964. Des gens de Matane m’avaient aussi donné leur version de cette affaire. Matane était devenu un centre d’intérêt dans tout le pays. Cette histoire m’avait laissé perplexe. Quel impact cette affaire avait-elle sur Matane et sur son Collège en particulier? Comme j’en étais au début de l’exercice de ma profession, le temps ne me permettait pas de l’approfondir. J’avais reporté ce projet aux jours de ma retraite. J’ai lu et relu les transcriptions sténographiques de l’affaire Poisson aux Archives nationales à Rimouski. Cette documentation de plus de 3000 pages m’a convaincu de l’importance que cette affaire avait eue dans tout le pays. J’ai décidé de rapporter les faits judiciaires tels qu’ils ont été présentés devant les tribunaux, laissant aux lecteurs tout le loisir de juger par eux-mêmes.
Cependant, je trouvais onéreux de m’installer à Rimouski pendant tout le temps qu’il fallait pour tirer des Archives nationales ce dont j’avais besoin pour écrire ce roman. Aussi j’ai demandé au ministère de la Culture de transférer temporairement cette documentation aux Archives nationales de Montréal. Comme il n’était pas question d’en permettre le transfert, on m’a offert de copier ces dossiers sur cédérom. Ainsi, j’ai travaillé chez moi devant mon ordinateur pendant ces quelques années que j’ai consacrées à écrire mon récit.
La méthode suivie
Je trouvais l’histoire captivante. Cependant, je ne savais pas comment l’aborder, mon expérience se limitant à l’écriture d’un roman historique. Comment intéresser les lectrices et les lecteurs à une affaire aussi sordide? Au fur et à mesure que j’explorais mon sujet, il m’est apparu que le docu-roman était la formule appropriée à ce genre d’écrit. J’allais donc écrire un livre qui propose une intégration de textes de fiction et de renseignements documentaires.
Par bonheur, j’ai croisé Robert Gauthier dans le village de Saint-Sauveur. Il m’a invité à m’inscrire à ses ateliers de scénarisation. C’est lui qui a scénarisé les romans de Francine Ouellette Au nom du père et du fils et Le sorcier. Plusieurs d’entre vous ont certes vu ces téléromans à TVA. La scénarisation m’est apparue comme une façon intéressante d’aborder l’écriture de mon nouveau roman. Elle me permettrait de mieux présenter certaines dramatisations.
Sur le plan méthodologique, j’ai procédé de la même manière que pour Les amours du Pied-de-la-Côte . C’est selon cette méthode que j’ai apprécié les faits recueillis sur le terrain. Cependant, comme il s’agissait d’une affaire judiciaire, la recherche d’un coupable était dès lors soumise à un ensemble de règles qui s’appliquent de façon rigoureuse. Quand la police appréhende des suspects, elle doit respecter les droits que la loi leur reconnaît. À titre d’exemple, les policiers doivent les informer de leurs droits et leur dire, notamment, qu’ils ont droit à l’assistance d’un avocat. Pour sa part, le procureur de la poursuite présente sa cause devant le tribunal selon les règles de la preuve pénale. Aux assises, le jury prête serment de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité selon les faits qu’on lui a présentés. Pour cette partie du roman, je n’avais pas le choix de la méthode. Je devais suivre le déroulement du procès en observant rigoureusement les règles du droit criminel.
Des contraintes particulières
Comme il s’agissait de personnages réels, je devais les décrire comme ils étaient à l’époque. Je me suis inspiré de photos parues dans les journaux. Pour éviter de tomber dans l’erreur, j’ai limité les descriptions. En revanche, l’auteur d’une véritable fiction peut camper ses personnages comme il les imagine.
Je devais créer des scènes qui collaient à la réalité judiciaire. Pour concevoir les dramatisations, j’ai puisé presque tous les faits dans les transcriptions sténographiques. Les renseignements obtenus auprès d’anciens gardiens de prison et ma visite de quelques prisons m’ont permis de rendre plus authentiques les scènes que j’ai décrites.
Le droit me posait une autre contrainte. Depuis l’assassinat du frère Lalonde, le Code pénal a subi plusieurs modifications. J’ai été obligé de revoir le droit pénal en vigueur au moment de l’assassinat du frère Lalonde.
Comme j’ignorais le plan du déroulement du procès établi par les procureurs de la poursuite et de la défense, je devais percevoir, par les questions qu’ils posaient aux témoins, la preuve qu’ils cherchaient à soumettre au tribunal. Pour guider le lecteur, je le préviens, au début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désire verser au dossier de la cour. À titre d’exemple, tout au long du déroulement de cette affaire, le procureur de la défense tente de démontrer que les enquêteurs n’ont pas bien fait leur travail, notamment, en ne relevant pas d’empreintes digitales sur le marteau au motif que le manche était trop rugueux. À la fin, la défense invite un témoin expert qui explique que si l’arme du crime avait été expertisée, on aurait pu y relever des empreintes digitales des auteurs du crime.
L’absence des pièces à conviction aux Archives nationales m’a aussi posé une autre contrainte. Dans les interrogatoires et les contre-interrogatoires portant sur ces pièces, je devais m’en reporter uniquement aux descriptions données soit par les procureurs soit par les déposants, me privant de l’information que j’aurais pu tirer de l’examen de ces pièces.
La langue me créait aussi une contrainte. Notre droit criminel nous vient d’Angleterre. Au début, on le traduisait mot à mot. Sur ce plan, je n’ai pas été entièrement fidèle à mes sources, car j’ai francisé plusieurs expressions. En voici quelques exemples : les expressions examination et re-examination ont été traduites par « examen » et « réexamen ». En français, ces mots se traduisent par interrogatoire et réinterrogatoire. On a traduit cross-examination par transquestion alors qu’il faut dire contre-interrogatoire. Une « preuve de caractère » se traduit en français par une preuve de bonne ou mauvaise réputation. Il faut signaler que le législateur rédige maintenant ses lois dans un meilleur français.
La recherche sur le terrain
J’ai heureusement reçu l’aide de plusieurs personnes sur le terrain : archivistes, greffiers, gardiens de prison, anciens professeurs et étudiants, etc.
J’ai visité les prisons communes de Rivière-du-Loup et de Rimouski. Elles sont restées dans le même état qu’elles étaient au moment où mes personnages y ont été détenus. Ces visites et le règlement des prisons de l’époque m’ont inspiré quelques scènes. J’ai aussi visité les palais de justice de Matane, Rimouski, Rivière-du-Loup et Québec. Cette mise en contexte m’a facilité la description des salles d’audience où se sont déroulés l’enquête du coroner, les enquêtes préliminaires et le procès devant jury.
J’ai aussi visité l’Hôtel Saint-Louis à Rimouski où le juge, les avocats et les témoins logeaient. Cet hôtel a été transformé en résidence pour personnes âgées. Une ancienne employée de l’hôtel, maintenant au service de cette résidence, m’a rappelé le souvenir de ses années passées dans cet établissement reconnu pour la qualité de sa table. Le bâtiment a subi peu de modifications. Le comptoir de la réception, le foyer, la salle à manger sont restés tels qu’ils étaient au moment du procès de Claude Poisson devant les assises. J’ai pu ainsi décrire des scènes dans un cadre réel.
Les écrits restent
Verba volant, scripta manent. Comme le dit le vieil adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Vous travaillez toute votre vie à l’édification de quelque chose. Dès votre départ, votre successeur s’efforcera d’effacer toutes les traces que vous y avez laissées. Les seules qu’il ne pourra pas faire disparaître, ce sont vos écrits. Mais les écrits ne jouissent pas tous de la même pérennité. Je prends pour exemple un ouvrage de droit. Dès que le législateur modifie la loi ou que les tribunaux en donnent une nouvelle interprétation, à moins que vous mettiez à jour votre œuvre, celle-ci sera moins consultée et tombera dans l’oubli. La vie d’une œuvre juridique qu’on ne met pas à jour n’est que de quelques années. Toutefois, les ouvrages des historiens semblent résister plus longtemps au supplice du temps. Quoique la découverte de documents inédits peut leur faire perdre rapidement leur pertinence. En revanche, les romans résistent mieux au passage du temps. Certains sont toujours d’actualité comme Les misérables de Victor Hugo. Et ils le seront encore longtemps.
L’écriture est une drogue
J’ai eu beaucoup de bonheur à écrire ce roman. Avant que quelqu’un me demande comment je m’éclate en écrivant un roman, je l’invite instamment à se mettre tout de suite à l’écriture. Il découvrira qu’il n’y a pas plus cool et plus tripatif pour se défoncer.
Si vous désirez en causer plus longuement avec moi, je vous invite à venir me voir au stand 24 des Éditions du Septentrion. J’y serai présent et particulièrement :
Le jeudi 3 novembre de 17h à 18h
Le vendredi 4 novembre de 11h à 12h et de 19h à 20h
Le samedi 5 novembre de 14h à 15h et de 17h à 18h
Le dimanche 6 novembre de 13h à 14h
Je vous invite aussi à venir discuter avec moi de cette affaire judiciaire au Café des écrivains Télus, le samedi 5 novembre de 16h à 17h.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son roman
On s’amuse à mort
Les éditions du Septentrion
www.septentrion.qc.ca
Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais trop vous dire quel bonheur je ressens de participer à ce 40e Salon du livre de Rimouski. Je me sens chez moi à Rimouski. Dès ma tendre enfance, mes parents et grands-parents m’ont inculqué un sentiment d’appartenance à cette ville. Ma grand-mère était une Lepage de Rimouski et mon grand-père était de Saint-Simon de Rimouski.
La profanation d’une sépulture dans le cimetière de Matane et l’assassinat du frère Oscar Lalonde au Collège de Matane en 1964 que je raconte dans mon roman ont trouvé leur dénouement devant les tribunaux de Rimouski. Ces crimes crapuleux ont attiré sur Rimouski toute l’attention des médias du Québec et même du Canada. C’est encore l’affaire judiciaire la plus importante qui est survenue dans le district judiciaire de Rimouski.
Je remercie les organisateurs et les organisatrices de ce grand événement culturel de m’avoir invité à y participer.
Le choix d’un sujet de roman
Comme tout le monde à l’époque, j’avais lu dans les journaux et vu à la télévision des reportages sur l’assassinat du frère Lalonde survenu au Collège de Matane, en avril 1964. Des gens de Matane m’avaient aussi donné leur version de cette affaire. Matane était devenu un centre d’intérêt dans tout le pays. Cette histoire m’avait laissé perplexe. Quel impact cette affaire avait-elle sur Matane et sur son Collège en particulier? Comme j’en étais au début de l’exercice de ma profession, le temps ne me permettait pas de l’approfondir. J’avais reporté ce projet aux jours de ma retraite. J’ai lu et relu les transcriptions sténographiques de l’affaire Poisson aux Archives nationales à Rimouski. Cette documentation de plus de 3000 pages m’a convaincu de l’importance que cette affaire avait eue dans tout le pays. J’ai décidé de rapporter les faits judiciaires tels qu’ils ont été présentés devant les tribunaux, laissant aux lecteurs tout le loisir de juger par eux-mêmes.
Cependant, je trouvais onéreux de m’installer à Rimouski pendant tout le temps qu’il fallait pour tirer des Archives nationales ce dont j’avais besoin pour écrire ce roman. Aussi j’ai demandé au ministère de la Culture de transférer temporairement cette documentation aux Archives nationales de Montréal. Comme il n’était pas question d’en permettre le transfert, on m’a offert de copier ces dossiers sur cédérom. Ainsi, j’ai travaillé chez moi devant mon ordinateur pendant ces quelques années que j’ai consacrées à écrire mon récit.
La méthode suivie
Je trouvais l’histoire captivante. Cependant, je ne savais pas comment l’aborder, mon expérience se limitant à l’écriture d’un roman historique. Comment intéresser les lectrices et les lecteurs à une affaire aussi sordide? Au fur et à mesure que j’explorais mon sujet, il m’est apparu que le docu-roman était la formule appropriée à ce genre d’écrit. J’allais donc écrire un livre qui propose une intégration de textes de fiction et de renseignements documentaires.
Par bonheur, j’ai croisé Robert Gauthier dans le village de Saint-Sauveur. Il m’a invité à m’inscrire à ses ateliers de scénarisation. C’est lui qui a scénarisé les romans de Francine Ouellette Au nom du père et du fils et Le sorcier. Plusieurs d’entre vous ont certes vu ces téléromans à TVA. La scénarisation m’est apparue comme une façon intéressante d’aborder l’écriture de mon nouveau roman. Elle me permettrait de mieux présenter certaines dramatisations.
Sur le plan méthodologique, j’ai procédé de la même manière que pour Les amours du Pied-de-la-Côte . C’est selon cette méthode que j’ai apprécié les faits recueillis sur le terrain. Cependant, comme il s’agissait d’une affaire judiciaire, la recherche d’un coupable était dès lors soumise à un ensemble de règles qui s’appliquent de façon rigoureuse. Quand la police appréhende des suspects, elle doit respecter les droits que la loi leur reconnaît. À titre d’exemple, les policiers doivent les informer de leurs droits et leur dire, notamment, qu’ils ont droit à l’assistance d’un avocat. Pour sa part, le procureur de la poursuite présente sa cause devant le tribunal selon les règles de la preuve pénale. Aux assises, le jury prête serment de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité selon les faits qu’on lui a présentés. Pour cette partie du roman, je n’avais pas le choix de la méthode. Je devais suivre le déroulement du procès en observant rigoureusement les règles du droit criminel.
Des contraintes particulières
Comme il s’agissait de personnages réels, je devais les décrire comme ils étaient à l’époque. Je me suis inspiré de photos parues dans les journaux. Pour éviter de tomber dans l’erreur, j’ai limité les descriptions. En revanche, l’auteur d’une véritable fiction peut camper ses personnages comme il les imagine.
Je devais créer des scènes qui collaient à la réalité judiciaire. Pour concevoir les dramatisations, j’ai puisé presque tous les faits dans les transcriptions sténographiques. Les renseignements obtenus auprès d’anciens gardiens de prison et ma visite de quelques prisons m’ont permis de rendre plus authentiques les scènes que j’ai décrites.
Le droit me posait une autre contrainte. Depuis l’assassinat du frère Lalonde, le Code pénal a subi plusieurs modifications. J’ai été obligé de revoir le droit pénal en vigueur au moment de l’assassinat du frère Lalonde.
Comme j’ignorais le plan du déroulement du procès établi par les procureurs de la poursuite et de la défense, je devais percevoir, par les questions qu’ils posaient aux témoins, la preuve qu’ils cherchaient à soumettre au tribunal. Pour guider le lecteur, je le préviens, au début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désire verser au dossier de la cour. À titre d’exemple, tout au long du déroulement de cette affaire, le procureur de la défense tente de démontrer que les enquêteurs n’ont pas bien fait leur travail, notamment, en ne relevant pas d’empreintes digitales sur le marteau au motif que le manche était trop rugueux. À la fin, la défense invite un témoin expert qui explique que si l’arme du crime avait été expertisée, on aurait pu y relever des empreintes digitales des auteurs du crime.
L’absence des pièces à conviction aux Archives nationales m’a aussi posé une autre contrainte. Dans les interrogatoires et les contre-interrogatoires portant sur ces pièces, je devais m’en reporter uniquement aux descriptions données soit par les procureurs soit par les déposants, me privant de l’information que j’aurais pu tirer de l’examen de ces pièces.
La langue me créait aussi une contrainte. Notre droit criminel nous vient d’Angleterre. Au début, on le traduisait mot à mot. Sur ce plan, je n’ai pas été entièrement fidèle à mes sources, car j’ai francisé plusieurs expressions. En voici quelques exemples : les expressions examination et re-examination ont été traduites par « examen » et « réexamen ». En français, ces mots se traduisent par interrogatoire et réinterrogatoire. On a traduit cross-examination par transquestion alors qu’il faut dire contre-interrogatoire. Une « preuve de caractère » se traduit en français par une preuve de bonne ou mauvaise réputation. Il faut signaler que le législateur rédige maintenant ses lois dans un meilleur français.
La recherche sur le terrain
J’ai heureusement reçu l’aide de plusieurs personnes sur le terrain : archivistes, greffiers, gardiens de prison, anciens professeurs et étudiants, etc.
J’ai visité les prisons communes de Rivière-du-Loup et de Rimouski. Elles sont restées dans le même état qu’elles étaient au moment où mes personnages y ont été détenus. Ces visites et le règlement des prisons de l’époque m’ont inspiré quelques scènes. J’ai aussi visité les palais de justice de Matane, Rimouski, Rivière-du-Loup et Québec. Cette mise en contexte m’a facilité la description des salles d’audience où se sont déroulés l’enquête du coroner, les enquêtes préliminaires et le procès devant jury.
J’ai aussi visité l’Hôtel Saint-Louis à Rimouski où le juge, les avocats et les témoins logeaient. Cet hôtel a été transformé en résidence pour personnes âgées. Une ancienne employée de l’hôtel, maintenant au service de cette résidence, m’a rappelé le souvenir de ses années passées dans cet établissement reconnu pour la qualité de sa table. Le bâtiment a subi peu de modifications. Le comptoir de la réception, le foyer, la salle à manger sont restés tels qu’ils étaient au moment du procès de Claude Poisson devant les assises. J’ai pu ainsi décrire des scènes dans un cadre réel.
Les écrits restent
Verba volant, scripta manent. Comme le dit le vieil adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Vous travaillez toute votre vie à l’édification de quelque chose. Dès votre départ, votre successeur s’efforcera d’effacer toutes les traces que vous y avez laissées. Les seules qu’il ne pourra pas faire disparaître, ce sont vos écrits. Mais les écrits ne jouissent pas tous de la même pérennité. Je prends pour exemple un ouvrage de droit. Dès que le législateur modifie la loi ou que les tribunaux en donnent une nouvelle interprétation, à moins que vous mettiez à jour votre œuvre, celle-ci sera moins consultée et tombera dans l’oubli. La vie d’une œuvre juridique qu’on ne met pas à jour n’est que de quelques années. Toutefois, les ouvrages des historiens semblent résister plus longtemps au supplice du temps. Quoique la découverte de documents inédits peut leur faire perdre rapidement leur pertinence. En revanche, les romans résistent mieux au passage du temps. Certains sont toujours d’actualité comme Les misérables de Victor Hugo. Et ils le seront encore longtemps.
L’écriture est une drogue
J’ai eu beaucoup de bonheur à écrire ce roman. Avant que quelqu’un me demande comment je m’éclate en écrivant un roman, je l’invite instamment à se mettre tout de suite à l’écriture. Il découvrira qu’il n’y a pas plus cool et plus tripatif pour se défoncer.
Si vous désirez en causer plus longuement avec moi, je vous invite à venir me voir au stand 24 des Éditions du Septentrion. J’y serai présent et particulièrement :
Le jeudi 3 novembre de 17h à 18h
Le vendredi 4 novembre de 11h à 12h et de 19h à 20h
Le samedi 5 novembre de 14h à 15h et de 17h à 18h
Le dimanche 6 novembre de 13h à 14h
Je vous invite aussi à venir discuter avec moi de cette affaire judiciaire au Café des écrivains Télus, le samedi 5 novembre de 16h à 17h.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
L’analyse conjecturale. Elle se résume ainsi : 1) tel fait est certain 2) tel autre est plausible ou douteux 3) et tel autre est impossible. Voyez mes notes pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte, p. 5 et 6.
LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE L'HISTOIRE DE MATANE DANS UN ROMAN
CanadianPlanet: Canada's search engine
Le manuscrit de ce roman historique dont l’action se déroule au début du siècle dernier, principalement à Matane, a obtenu une mention d’honneur à titre de finaliste du concours La plume d’argent édition 1997. (The manuscript of this historical novel whose action takes place at the beginning of the last century, mainly in Matane, has received a mention of honour as finalist in the literary contest La plume d’argent édition 1997.)
Clément Fortin raconte Matane dans un roman. (Clément Fortin recounts Matane in a novel.)
Romain Pelletier, La Voix du dimanche
« Voilà une œuvre majeure, où l’on décrit avec vérité une petite ville de chez nous, et son peuple que l’on regarde vivre, évoluer pendant un siècle. » (Here is a major work, where one describes with truth a small town and its people whom one watches living during a century.)
Marcel Séguin, ancien président de la Société des écrivains canadiens, section de Montréal (Past president of the Society of Canadian Writers, Montréal section)
L’écriture historique exige précision et objectivité. Le roman laisse plus de latitude et s’accommode bien de la fantaisie. Le roman historique, en se situant entre ces deux pôles, impose à son auteur la tâche peu facile de jouer sur les deux plans. Clément Fortin réussit avec brio cet exercice dans Les amours du Pied-de-la-Côte. (Historical writings require precision and objectivity. Novels leave more liberty and adapt well to fantasies. Historical novels, while being located between these two poles, impose on its author the uneasy task of playing on both plans. Clément Fortin succeeds brilliantly in this exercise in Les amours du Pied-de-la-Côte.
Robert Fournier, Au pays de Matane
Matane, 19 octobre 2001, 19 h 30
Notes rédigées par Clément Fortin pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte à la bibliothèque municipale de Matane
ATTENTION Je n'arrive pas à publier les numéros des notes de fin de document. Si quelqu'un sait le faire, je lui demande de communiquer avec moi. Merci!
CLÉMENT FORTIN RACONTE MATANE DANS UN ROMAN
Il m’est très agréable de me retrouver parmi vous dans cette magnifique Maison de la culture. Comment ne pas accepter l’invitation que m’a lancée madame Lise Whiton Grenier, la directrice de cette magnifique bibliothèque? Je me serais privé du bonheur de causer avec des gens de mon pays et d’entendre ceux et celles qui ont lu mon roman.
Au cours des prochaines minutes, je ferai un bref exposé de la démarche que j’ai suivie pour écrire ce roman. Ensuite, nous en discuterons. J’aimerais connaître ce que vous en pensez. Si vous le jugez opportun, vous pouvez m’interrompre et me poser des questions. À l’entrée de la salle, j’ai demandé qu’on vous distribue un texte que j’ai rédigé à votre intention. Ce faisant, vous pourrez vous concentrer entièrement à discuter avec moi du roman plutôt que de vous fatiguer à prendre des notes. Par ailleurs, je n’ai pas cru utile d’avoir recours à une aide visuelle comme la projection de transparents. Je me suis dit que les lectrices et lecteurs de romans ont l’habitude de créer leurs propres décors et que je ne devais pas leur en imposer un.
MES PREMIERS COURS D’HISTOIRE
Mes premiers cours d’histoire n’ont guère suscité d’enthousiasme chez moi. Les programmes d’études d’alors tendaient davantage à développer notre mémoire que notre capacité à raisonner. Ainsi, on nous bourrait le crâne de faits qu’on mémorisait et répétait comme des perroquets. Malgré cette initiation rébarbative, j’ai fini par développer un grand amour, et même une passion pour l’histoire. Heureusement, j’ai connu des professeurs d’histoire, dont Marcel Trudel, qui ont su m’en rendre l’apprentissage très vivant et même passionnant.
Dès son avènement, le cinéma ne tarde pas à porter à l’écran les œuvres de fiction et notamment celles de cape et d'épée, les romans historiques, les histoires bibliques et, plus tard, la télévision nous régale de documentaires et de téléromans historiques.
UN ÉVÉNEMENT IMPORTANT : LA PUBLICATION DE LA MONOGRAPHIE DE MATANE
Ce document est d’une importance capitale pour Matane. Sans cet écrit, que saurions-nous de Matane? Reportez-vous à 1945, au moment de sa publication. C’était la fin de la guerre. J’avais 10 ans. Pour la première fois, on parlait de nous, de chez nous dans un livre. Pensez à l’impact que cet écrit a eu et a encore de nos jours. En lisant cet ouvrage, je découvrais Matane sous un autre angle. Notamment, une vignette à la page 55 de l’édition de 1945 et à la page 49 de l’édition de 1977, me fascinait et m’émerveillait tout autant. Intitulée BRUMES DU PASSÉ, cette vignette imagine une scène de la vie en forêt, au pays des ombres et des montagnes affreuses en 1647-48.
PUBLICATION D’ARTICLES PRÉPARATOIRES AU ROMAN
En tout premier lieu, je dois vous dire que mes propos ne seront que le reflet d’une expérience limitée jusqu’à maintenant au seul roman que j’ai publié.
J’ai fait beaucoup de recherches pour écrire de courtes biographies. D’abord sur mes grands-parents maternels. À cette occasion, j’ai examiné de plus près les métiers que mon grand-père exerçait : charron, peintre ornemental et croque-mort, jusqu’en 1927. Ma grand-mère et mon grand-père faisaient partie du tiers ordre franciscain. Ma mère m’a prêté son Manuel des tertiaires que j’ai lu avec grand intérêt. En bref, il s’agit de laïcs qui vivent comme s’ils étaient des religieux. Il ne fait aucun doute que les tertiaires ont exercé une grande influence sur notre société.
Aux fins de mon roman, cela m’a permis de faire ensevelir Azélie dans sa bure. À son décès, une tertiaire peut demander que son corps soit revêtu du grand habit. Étant enfant, j’avais vu une vieille dame ainsi vêtue dans son cercueil. C’est un souvenir qui est resté gravé pour toujours dans ma mémoire. Les connaissances que j’avais acquises sur les tertiaires m’ont permis de mettre des propos dans la bouche d’Hermé. Aussi, celui-ci se plaint-il que sa femme exagère dans ses exercices de piété et qu’à la fin les astucieux Franciscains imposent leur célibat à tout le monde.
J’ai aussi écrit une courte biographie de mes parents. Entre autres choses, cela m’a amené à examiner le programme d’études que ma mère a suivi au couvent des Sœurs du Bon-Pasteur. Bref, quelle instruction pouvait-on acquérir au temps de ma mère? J’ai demandé à ma tante Simone, une sœur de ma mère, religieuse du Bon-Pasteur, de faire une recherche dans les archives de la maison mère pour retracer le programme d’études qui était en vigueur au Couvent de Matane quand ma mère y a fait ses études. Voici quelles étaient les matières enseignées : petit catéchisme de la province de Québec et celui plus avancé; le dogme, la morale et les moyens de salut et de sanctifications (3 volumes); l’histoire sainte, l’histoire du Canada, la géographie, la grammaire, l’analyse, la littérature, les mathématiques, la pédagogie de Mgr Ross, l’hygiène, la bienséance, l’anglais, le dessin, la broderie, le tricot, les arts ménagers et le chant.
On vous a sûrement dit que le cours que vous suiviez était plus faible que celui qu’avait suivi votre mère. C’est amusant de constater que l’histoire se répète. De nos jours, on entend des gens se plaindre que les jeunes n’apprennent rien. Au fond, nous savons tous que c’est tout à fait le contraire qui se produit. J’ai pu constater ce fait en enseignant dans une faculté de droit. Je peux vous affirmer que les étudiants à qui j’ai enseigné avaient à leur disposition de meilleurs outils pédagogiques que ceux qui existaient au moment où j’ai fait mon cours. Et ils avaient aussi des professeurs mieux formés.
FAIRE UNE MISE EN CONTEXTE
Il me faut connaître Matane. Une mise en contexte s’avère nécessaire. Il me faut connaître le cadre institutionnel de Matane. Je rédige alors un article intitulé Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel. Cette recherche me permet de connaître Matane au 19e siècle : son organisation paroissiale, municipale, scolaire, judiciaire et politique. Les moyens de communication : le chemin du Roy s’y rend depuis 1850 (et on a construit le pont à la même époque), le télégraphe y était déjà à l’arrivée de mon grand-père, le téléphone s’implante en 1898, l’électrification ne se fera qu’à compter de 1921 et la voie ferrée ne sera terminée qu’en 1910.
Sur le plan économique, l’industrie du sciage prend de l’expansion. Il n’y a pas de banque ni de caisse Desjardins à l’arrivée de mon grand-père à Matane. Les marchands jouent les banquiers : Lacroix, Bergeron, Blais, etc. Ils utilisent l’instrument de crédit de l’époque : la vente à réméré. Un coup d’œil sur la carte de Matane nous confirme ce fait. Matane compte près de 2700 âmes en 1882.
LE PIED-DE-LA-CÔTE
Ensuite, j’explore plus en profondeur un coin du village : le pied de la côte Saint-Luc. En fouillant dans l’histoire de ma famille, je me rends compte que tous les membres de ma famille sont passés par là, un jour ou l’autre. C’est ainsi que j’écris un autre article intitulé À Matane au Pied-de-la-Côte. Je peux espérer camper des personnages dans un contexte réel. Mais je n’en suis encore qu’à l’écriture d’articles.
COMMENT UTILISER CE MATÉRIEL POUR ÉCRIRE UNE ŒUVRE DE FICTION?
Vous vous imaginez que je me suis posé une foule de questions en me lançant dans cette aventure. Écrire un roman, soit! Mais quel genre de roman? Pour mettre en valeur toute la richesse de l’histoire de Matane et de sa région, je croyais que ce devait être un roman historique. J’écris quelques pages. Puis quelques chapitres. Je constate que la tâche est énorme. Je me rends compte aussi que mes efforts doivent être bien structurés. Même si le roman laisse toute latitude à son auteur, celui-ci doit reconnaître les limites inhérentes au sujet qu’il aborde.
LIRE TOUTE LA DOCUMENTATION PERTINENTE
Après avoir écrit ces articles et quelques chapitres du roman, je relis tout ou presque tout ce qu’on a écrit sur Matane et je prends des notes. Comme une grande partie du roman se déroule avant que j’aie pris conscience de la vie, il va sans dire que je dois m’instruire du passé. Ainsi, je lis et relis la Monographie de Matane d’Antoine Gagnon publiée en 1945 et l’Histoire de Matane publiée en 1977. Je lis et relis chacun des numéros de la revue Au pays de Matane et Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane. Je lis aussi l’Histoire de la Gaspésie, l’Histoire du Bas-Saint-Laurent, l’Histoire de la Côte-du-Sud, La Tradition maritime de Matane, Seigneurie de Matane, des monographies sur la Côte-Nord, Rimouski, Amqui, Baie-des-Sables et j’en passe. J’étudie les photos de l’époque. Elles m’informent des lieux, de l’allure des gens, de leurs vêtements, etc. Une image vaut mille mots, dit-on. C’est pourquoi les photos sont des documents historiques importants. Sur le terrain, j’interroge des personnes âgées. Certaines d’entre elles sont d’inépuisables sources de renseignements. À ce chapitre, j’aimerais souligner la contribution de ma mère qui a célébré son 92e anniversaire en juillet dernier, de celle de ma tante Anne-Marie Cazes Fortin qui a fêté ses 93 ans en janvier dernier. Honorine Grégoire, ma regrettée tante et marraine (elle aurait 89 ans), m’a raconté cette fameuse nuit rouge et mon oncle Léo Grégoire, âgé de 81 ans, m’a raconté des histoires au temps de la prohibition. Bref, je m’imprègne de l’histoire et de la petite histoire de Matane. Je la vis, je la respire et j’en rêve même. Je dois connaître comme mon petit catéchisme les lieux où naissent, vivent et meurent les personnages que je crée. Je dois leur prêter des sentiments. C’est la partie la plus difficile. Il faut laisser tomber ses inhibitions. Il ne faut surtout pas craindre d’être jugé par les propos que l’on prête à ses personnages.
LA MÉTHODE CRITIQUE HISTORIQUE
Je lis et relis plusieurs romans. En particulier, le roman de Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, paru en 1989 m’impressionne par sa méthodologie. Dans ce roman, c’est la présentation de Jésus qui m’intéresse. Cet écrit nous le rend très sympathique. Tout au long du roman, on a l’impression de vivre avec lui.
Pour écrire ce roman et les autres qui ont suivi, dont Moïse, Messadié a appliqué l’analyse conjecturale. Cette méthode de critique historique a retenu mon attention. Il la résume ainsi :
1) Tel fait est certain
2) Tel autre est plausible ou douteux
3) Et tel autre est impossible.
Par exemple, après avoir suivi une retraite, des paroissiens se suicident en se jetant dans les eaux glaciales du fleuve. Ainsi, selon cette méthode, on peut croire que les propos des prédicateurs ont perturbé profondément certains retraitants. Je ne peux pas dire que ce fait est certain, car je n’ai trouvé aucun document à cet effet. Cependant, je peux dire que ce fait est plausible. Le fait du suicide lui-même est certain, car des contemporains de cet événement me l’on confirmé. De plus, sous la rubrique Chronique, Antoine Gagnon rapporte cet incident dans sa Monographie de Matane.
SAVOIR TIRER LES CONSÉQUENCES DES FAITS
De plus, en partant des faits que l’on observe, on peut inférer que les gens qui ont été au cœur de l’action ont pensé telle chose ou ont eu telle réaction. Par exemple, l’église de Matane brûle en décembre 1932. On serait justifié de croire qu’en apprenant la nouvelle, les pompiers se sont précipités sur les lieux, que cet événement a désorganisé temporairement la vie des paroissiens, etc. On peut donc inférer plusieurs situations à partir de ce seul événement.
FAIRE ÉVOLUER L’HISTOIRE À TRAVERS SON PLAN EN DISTILLANT L’INTRIGUE ET EN CRÉANT DES REBONDISSEMENTS
J’ébauche un plan. J’invente ou je fais revivre une histoire qui se déroulera à travers chacun des chapitres que je rédigerai tout en essayant d’intéresser le lecteur à la suivre jusqu’à la fin. Je crée les personnages qui donneront vie à cette histoire. Je veux m’écarter des personnages traditionnels : curés, médecins, notaires, etc. Je choisis de faire vivre des gens de métier, car c’est eux qui ont bâti ce pays. Apparaissent le forgeron (Nérée), le charron (Hector), le ferblantier (Herménégilde), l’horloger (Arsène), le colleur-bûcheron-cultivateur-braconnier (Georges), le bûcheron-draveur-cageur-ancien combattant-artificier (Régis), l’épicier-boucher (Saint-Louis) etc., le médecin (Vézina) et les curés (Bouchard et Simard) ne jouant qu’un rôle secondaire. Sous l’influence du curé Bouchard, j’introduis le personnage de Marie, la pudibonde. Je devais aussi inclure dans mes personnages une représentante du plus vieux métier du monde. La Claude a donc fait son entrée. Il fallait un quêteux. C’est ainsi que Buffalo fait son apparition. Un pêcheur devait aussi faire partie de la distribution. Matane a déjà été un lieu de pêche important. Grandcoeur personnifie le déclin et la fin de la pêche commerciale à Matane.
MATANE UNE ANCIENNE BOURGADE MICMAQUE
Matane est une bourgade micmaque jusqu’en 1845, année où on l’érige en municipalité et en paroisse. Monseigneur Plessis , au cours de sa visite en 1842, en fait une description élogieuse. Il constate notamment avec admiration que la bonne entente règne parmi ses habitants et que certains d’entre eux parlent même jusqu’à quatre langues : le français, l’anglais, le micmac et l’allemand.
Je devais tenir compte de l’histoire des premiers occupants : les Micmacs. C’est pour cette raison que j’ai créé les personnages Baptiste (un pur Micmac) et Georges (un Métis). Cela m’autorisait à faire une incursion dans l’histoire de Matane. En passant, je vous suggère de lire La nouvelle relation de la Gaspésie de Chrestien Leclercq. Ce missionnaire récollet décrit son séjour en Gaspésie au xviie siècle. Réal Ouellet de l’Université Laval, avec l’aide de spécialistes, en fait une présentation de grande qualité.
LES ÉCRIVAINS SONT DES VAMPIRES, DES PIRATES, DES VOLEURS…
J’ai entendu Michel Tremblay à la télévision se comparer à un vampire. Il affirmait « vampiriser » tout son entourage. À ce propos, Margaret Atwood dit que « les écrivains sont des pirates. Ils volent. Il faut le dire. » Pour sa part, Victor-Lévy Beaulieu cite William Faulkner qui dit que les écrivains sont des pilleurs. « On ne peut pas être écrivain si on ne pille pas. » Marie-Claire Blais déclarait dans une entrevue à L’actualité qu’elle fréquente les bars à la recherche d’une inspiration pour créer ses personnages. Pour résumer, il est vrai que, pour écrire, on s’inspire d’abord de ce qu’on a vu, de ce qu’on connaît. C’est l’art d’écrire qui fait toute la différence.
MATANE EST UN PORT DE MER ET UN TERMINUS FERROVIAIRE
Matane est avant tout un port de mer. Depuis 1912, Matane est aussi un terminus ferroviaire. Il s’y trouve plusieurs hôtels. On a déjà qualifié Matane de petit New York. Il faut donc que le roman reflète cette réalité. J’aurais pu caricaturer davantage mes personnages. Je n’ai pas voulu écrire une histoire de gens tarés pour attirer plus de lecteurs. Surtout, ce n’est pas le souvenir que je garde de Matane. J’ai voulu plutôt montrer Matane sous son vrai jour. Ai-je réussi? La réponse appartient aux lecteurs.
Si j’avais suivi les conseils d’un linguiste que j’ai consulté sur cette question, j’aurais créé des personnages plus mordants et j’aurais exploité leur côté sombre. Bref, on m’a même suggéré de transformer Matane en une espèce de Sodome et Gomorrhe. On ne vend pas un roman avec de bons sentiments, m’a-t-on prévenu.
Certains m’ont reproché d’insister trop sur l’histoire de Matane et de la région. Prétentieusement, je me disais que Matane valait bien quelques bonnes descriptions. Pour m’encourager, je pensais bien humblement à Victor Hugo qui a décrit dans les moindres détails les égouts de Paris dans son roman Les misérables. Je pensais aussi à Camus qui nous décrit les ravages de la peste pendant plus de 200 pages.
LE CADRE DANS LEQUEL LES PERSONNAGES ÉVOLUERONT
Dans quel cadre les personnages évolueront-ils? J’aurais pu créer un lieu fictif. Mais ce lieu fictif aurait ressemblé à Matane. Au début, j’avais intitulé mon roman MATANE. J’avais même songé à faire naître le monde à Matane. Une utopie. Pourquoi pas! Dans un roman tout est permis selon Pierre de Boisdeffre.
Grâce à son port de mer, Matane est au centre d’un commerce florissant. Comme il n’y a pas encore de route sur la Côte-Nord, son approvisionnement transite par le port de Matane. Pour mettre ce fait en valeur, j’introduis un capitaine parmi les personnages. L’exploitation forestière constitue la force économique de Matane et de sa région. Je dois aussi mettre en relief ce fait-là.
Je fais des descriptions détaillées de certains lieux. En décrivant l’habitat des gens, le lecteur se fait une idée de ce qu’ils sont. Un peu comme l’huître et son rocher, disait Balzac. En décrivant l’habitat de l’usurier Gobseck, Balzac écrit : « sa maison et lui se ressemblaient. Vous eussiez dit l’huître et son rocher. »
LA GÉNÉALOGIE DES PERSONNAGES
Dans une entrevue à Radio-Canada, j’entendais Arlette Cousture dire qu’elle dressait la généalogie de ses personnages. J’ai suivi avec bonheur son conseil. Je dresse donc la généalogie de mes personnages et j’en rédige une courte biographie. À l’expérience, j’ai trouvé que c’était une bonne façon de faire. De plus, cela nous permet de rendre les personnages plus réels et plus consistants tout au long du roman.
LE CHOIX DE LA LANGUE
Quel langage parleront-ils? Je ne voulais pas écrire un ouvrage de plus de 500 pages en langage populaire. Aussi, sauf exception, ai-je choisi mes personnages parmi les gens qui avaient fréquenté l’école et qui avaient le souci de bien parler. Pour rendre réaliste ma fresque, je devais toutefois créer quelques personnages parlant le langage populaire.
La règle veut qu’une narration s’écrive au passé. Prenez au hasard un roman. Lisez quelques lignes et vous constaterez que le narrateur s’exprime au passé. Personnellement, je trouve que l’indicatif présent donne plus de vie à la langue du narrateur. Aussi vous remarquerez que j’en fais un grand usage. À titre d’exemple, « Le mercredi 7 décembre 1932, vers une heure trente de l’après-midi, les flammes dévorent l’église de Matane. Un passant prévient à la hâte le curé. On sonne l’alarme. En quelques minutes, des centaine s de paroissiens se rassemblent autour de l’église. »
Un ami prêtre et octogénaire, qui a déjà enseigné le français dans un séminaire de Montréal, en fait une première lecture. Outre les fautes de français qu’il peut relever, je lui demande de porter une attention toute particulière à la morale des personnages. À ce chapitre, je voulais que mon roman soit conforme en tout point à la réalité de l’époque.
À LA RECHERCHE D’UNE APPRÉCIATION OBJECTIVE
Enfin, après plusieurs années d’obsession, je crois avoir écrit un semblant de roman. Qu’est-ce que ça vaut, me demandé-je? Pour moi, un concours est peut-être l’occasion d’une appréciation objective. En naviguant sur l’Internet, je prends connaissance des prix littéraires offerts au Québec. Le concours organisé par la Fondation Berthiaume-Du Tremblay retient mon attention. On invite les auteurs qui en sont à l’écriture de leur premier roman à proposer leur manuscrit. L’information disponible à la bibliothèque virtuelle Alexandrie mentionne que les manuscrits doivent être soumis en avril. Au début de février, j’appelle à la Fondation Berthiaume-Du Tremblay pour apprendre que les manuscrits doivent être soumis dès maintenant. On m’invite à leur envoyer mon texte au plus tôt. J’objecte qu’il n’est pas fini. On me fait valoir qu’il me serait avantageux de connaître l’avis du comité de sélection. Enfin, on m’annonce que je reçois une mention d’honneur pour mon manuscrit à titre de finaliste du concours littéraire La plume d’argent 1997 et on me décerne un certificat de mérite. Au vrai, les remarques du jury m’ont servi de guide pour terminer mon roman. Aussi, je suis redevable envers la Fondation Berthiaume-Du Tremblay d’avoir contribué à la publication de mon premier roman.
UNE CARTE MONTRANT LES VILLES, LES VILLAGES ET LES LIEUX-DITS
Après avoir lu mon roman, un confrère m’exprime le désir d’aller visiter Petchedet. Il voulait connaître ce pays de cocagne. Il m’a demandé comment il pouvait s’y rendre. Je vous avoue que j’ai éprouvé quelque embêtement à lui indiquer la route de Petchedet.
En ajoutant une carte indiquant les villages, villes et lieux dits dont il est question dans le roman, j’exauce un désir exprimé par plusieurs lecteurs et lectrices. Est-il besoin de leur signaler que les lieux que je décris dans le roman ont subi des transformations telles qu’il est difficile de les reconnaître aujourd’hui? Je remercie mon frère Michel, professeur honoraire de l’Université du Québec à Montréal, d’avoir réalisé cette carte.
POURQUOI UN GLOSSAIRE?
De prime abord, j’étais très réticent à l’idée de présenter un glossaire. Cependant, une jeune linguiste m’a convaincu de la nécessité d’en faire un. À son avis, j’utilisais plusieurs mots qui ne se trouvaient plus dans les dictionnaires usuels. Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont signifié leur appréciation. En particulier, des amis néo-québécois m’ont assuré de son utilité pour la bonne compréhension du roman.
À COMPTE D’AUTEUR OU AUTOÉDITION
Contrairement à ce qu’on a annoncé, je ne publie pas ce roman à compte d’auteur. Larousse définit ainsi cette expression : « à compte d’auteur se dit d’un contrat par lequel l’auteur verse à l’éditeur une rémunération forfaitaire, à charge par ce dernier d’assurer la publication et la diffusion d’un ouvrage, d’un roman par exemple. »
Ce que je fais, c’est ce que l’on convient d’appeler de l’autoédition, c’est-à-dire que je me charge de tout. J’écris le roman et j‘en assume la publication et la diffusion à mes frais.
LES COMMENTAIRES DES LECTRICES ET DES LECTEURS
Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont communiqué leurs commentaires. J’ai trouvé intéressant qu’on me dise à quel point ces histoires ressemblent à celles de leur père, de leur mère et de leurs tantes. Un lecteur m’a même affirmé que j’avais écrit l’histoire de sa famille. Pour moi, c’est la confirmation que Les amours du Pied-de-la-Côte sont le reflet d’une époque ou, tout au moins, d’une facette de celle-ci.
Pour conclure, je vous encourage à réaliser vos projets d’écriture. Je vous suggère de commencer par écrire des articles. C’est une bonne façon de mettre à l’épreuve vos aptitudes. En Gaspésie et dans le Bas-du-Fleuve, les sujets ne manquent pas. Écrire l’histoire de sa famille, de son village, et de sa ville dans des romans, voilà une avenue intéressante à explorer.
Et pour terminer sur une note poétique…
M on pays, doux berceau, du fond de mon âme,
A juste titre, ma fierté, je clame!
T es attraits n’ont d’égal que ceux de tes enfants.
A jamais, je veux me rappeler le bon temps,
N e rien oublier de ton passé fécond,
E t de tes talents, seconder l’éclosion.
Me Clément Fortin, avocat
http://fortinclement.blogspot.com
C’est ainsi que Romain Pelletier titrait la une de la Voix du dimanche au lancement du roman en novembre 1997.
Antoine Gagnon, Monographie de Matane, pays de brumes, de soleil, de visions, Rimouski, Imprimerie générale de Rimouski, 1945, 371 p.
Antoine Gagnon et coll., Histoire de Matane 1677-1977, Publication de la Société d’histoire de Matane, Impression des Associés, Rimouski, 1977, 636 p.
Clément Fortin, Hermas Grégoire et Georgianna Morin : des pionniers de Matane, dans Au pays de Matane, vol XXIX, no 2 (58) octobre 1994, p. 2-9.
Laïcs réunis en une congrégation affiliée à une communauté religieuse. Tout en continuant à vivre dans le monde, ces laïcs franchissent diverses épreuves et y prennent même l’habit, un peu comme s’ils vivaient dans un monastère. Cependant, la vêture ou la prise d’habit n’est que symbolique, car elle se limite au port d’un scapulaire sous leurs vêtements et d’une cordelière à la taille. À son décès, un membre peut demander d’être vêtu du grand habit, c’est-à-dire d’un vêtement fait d’une grosse étoffe de laine brune.
Onzième édition du Manuel du Tiers-Ordres, Édition franciscaine, 208 ouest, rue Dorchester, Montréal, 1959.
Clément Fortin, Georgette Grégoire et Louis de Gonzague Fortin : mes parents, dans Au pays de Matane, vol. XXXI, no 1 (61) mai 1996, p. 3-12 et vol. XXXI, no 2 (62) novembre 1996, p. 3-10.
Clément Fortin, Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel, Revue d’histoire du BGas-Saint-0Laurent, volume XX, numéro 2 (51) juin 1997, p. 38-42
La loi ne permettait pas que la faculté de réméré pût être consentie pour un terme excédant dix ans. Pour exercer ce droit de réméré, ou, si l’on veut, celui de reprendre possession de ses biens, le vendeur devrait avoir satisfait à toutes les obligations prescrites par la loi dont la restitution du prix, le remboursement à l’acheteur les frais de la vente, ceux des réparations nécessaires, et des améliorations qui avaient augmenté la valeur jusqu’à concurrence de celle-ci. La seule expiration du délai stipulé au contrat de vente emportait ipso facto déchéance du réméré et rendait l’acheteur propriétaire incommutable des biens.
Clément Fortin, À Matane au Pied-de-la-Côte, Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. XX, no 1 (50) (janvier 1997) p. 15-21
Supra note 2
Supra note 2
Léon Boudreault, Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane ( 1677-1870), Publication de la Société d’histoire de Matane, 1982, 278 p.
Jules Bélanger, Marc Desjardins, Yves Frenette, Histoire de la Gaspésie, Boréal Express/Institut québécois de recherche sur la culture, 1981, 795 p.
Jean-Claude Fortin, Antonio Lechasseur et coll., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Institut québécois de recherche sur la culture 1993, 862 p.
Sous la direction d’Alain Laberge, Martine Côté, Diane Saint-Pierre, Jacques Saint-Pierre, Yves Hébert, Histoire de la Côte-du-Sud, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993, 644 p.
Louis Blanchette, La Tradition maritime de Matane, Histo-Graff, 198 p.
Robert Fournier, Seigneurie de Matane, Publcation de la Société d’histoire de Matane, Imprimerie de Matan, 1978, 184 p.
Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, Laffont, 1988. Dans sa préface à Moïse, JC Lattès 1998, à la page 9, il expose sa méthode ainsi : « Les pages que voici sont une reconstitution romanesque de ce que peut être cet homme (Moïse) dans sa vie quotidienne. Elles sont guidées par l’analyse conjecturale, méthode de critique historique qui peut se résumer ainsi : tel élément de la légende est certain, tel autre est plausible ou bien douteux et tel autre encore impossible. La référence aux événements historiques vérifiés chaque fois qu’il est possible en fait partie. »
Supra note 18
Supra, note 2 p. 361 et p. 608
Supra, note 2 Histoire de Matane 1677-1977, p. 102-107
Chrestien Leclercq, Nouvele relation de la Gaspésie, Édition critique sous la direction de Réal Ouellet, Université Laval, Les Presses de l’Université de Montréal, 1999, 796 p.
Notes tirées de Deux sollicitudes, Margaret Atwood, Victor-Lévy Beaulieu. Éditions Trois-Pistoles, à la page 48
Marie-Claire Blais, Plume de jour, oiseau de nuit, L’actualité, 15 avril 2001, p. 81
Ierre de Boisdeffre, Où va le roman? Éditions mondiales, Paris, 1972
André Lagarde et Laurent Michard, XIXe Les grands auteurs français du programme, Centre éducatif & culturel inc. Montréal, Éditions Bordas, Paris, p. 306
30 mai 2010
WILBERT COFFIN A ÉTÉ JUGÉ PAR UN JURY MIXTE ÉTAIT-CE ILLÉGAL?
WILBERT COFFIN A ÉTÉ JUGÉ PAR UN JURY MIXTE
Est-ce que c’était légal?
Le fait que Wilbert Coffin ait été jugé par un jury qui n’était pas composé entièrement de gens parlant sa langue a suscité plusieurs commentaires. Deux juges de la Cour suprême auraient ordonné la tenue d’un nouveau procès au motif que la constitution de ce jury mixte était illégale. Dans mon livre L’affaire Coffin : une supercherie?, j’analyse cette question-là à la lumière de la Loi sur les jurés. Je rapporte le jugement de cinq pages que le juge Lacroix a rendu sur cette question. Je ne crois pas que la dissidence des juges Locke et Cartwright était fondée.
Vous remarquerez que le juge Brossard manifeste sa préférence pour un jury entièrement composé de gens parlant la langue de l’accusé. Je suis du même avis. Mais il ne faut pas oublier que cela n’éviterait pas l’interprétation des témoignages rendus dans une autre langue que celle de l’accusé et la traduction de documents aussi versés au dossier de la cour dans une autre langue que celle de l’accusé.
Après avoir lu les transcriptions sténographiques et les documents de la cour, dans l’affaire Coffin, je suis d’avis que le jury mixte qui l’a jugé a exécuté sa tâche aux mieux des intérêts de la justice. De plus, le juge Lacroix avait désigné Me J.P. Léopold Flynn comme interprète pour assister Coffin tout au long de son procès. Admis au Barreau en 1933, Me Flynn maîtrisait très bien l’anglais et le français.
Extrait du rapport Brossard, volume 3, 9e partie, chapitre 1
LES JURÉS AU PROCÈS
En matière pénale, ce sont les dispositions d’un statut du Canada remontant à 1864 qui régissent le droit pour un prévenu d’être jugé par un jury composé « pour une moitié au moins » de personnes parlant sa langue, ce qui revient à dire : soit un jury composé entièrement de gens parlant sa langue, soit un jury composé, pour au moins la moitié, de gens parlant sa langue et, pour le reste, de gens parlant l’autre langue officielle du pays.
La composition du jury qui a jugé Coffin a fait l’objet de l’étude et des décisions de notre tribunal d’appel provincial et de la Cour Suprême. Il était composé pour moitié de gens choisis dans les listes de jurés de langue française et pour moitié de gens choisis dans les listes de jurés de langue anglaise préparées par le shérif du district de Gaspé. L’on sait que si Wilbert Coffin n’obtint pas un jury composé entièrement de gens de langue anglaise et ne put obtenir qu’un jury mixte, ce fut à cause de la difficulté, sinon de l’impossibilité de trouver, conformément aux dispositions de la Loi des jurés, dans un rayon de 40 milles de la ville de Percé où siégeait le Tribunal, des personnes de langue anglaise possédant les qualifications requises pour agir comme jurés en nombre suffisant pour permettre la constitution d’un jury exclusivement de langue anglaise : il appert que si les limites territoriales à l’intérieur desquelles devaient résider les personnes dont les noms devaient apparaître sur la liste des jurés avaient été plus étendues, un jury exclusivement de langue anglaise eût pu être constitué.
Des difficultés identiques à celles qui se présentèrent à Percé au sujet de la constitution d’un jury sont susceptibles de se présenter, dans des circonstances analogues, dans certains autres districts de la province. Je vous suggère que dans tous les cas et à tous points de vue un jury unilingue, qu’il soit de langue française ou de langue anglaise, est préférable à un jury mixte et que le choix de la langue de ce jury devrait être laissé entièrement à la discrétion de l’accusé, peu importe la langue de ce dernier, puisque dans notre province tout au moins les deux langues sont officielles. Si les autorités fédérales adoptaient, à votre suggestion, une loi en ce sens, on déchargerait le juge qui préside un procès devant jury de la pénible obligation d’être appelé en certains cas, à raison de difficultés purement administratives, à décider que les fins de la justice seront mieux servies par la constitution d’un jury mixte plutôt que par le jury unilingue que demande l’accusé.
Notre jurisprudence selon laquelle les mots « jurés parlant la langue de l’accusé » ne s’appliquent pas à la nationalité des jurés, mais à leur connaissance de « la langue de l’accusé »; notre jurisprudence ne définit pas le caractère de cette connaissance de la langue que doit avoir le juré, elle ne dit pas si la langue parlée par le juré doit être celle que parle principalement l’accusé; je suggère que, à l’occasion d’une modification du texte de certains articles de la Loi des jurés, l’on en profite pour clarifier ce point, afin d’éviter que ne se produise ce qui, d’après la preuve qui nous a été soumise, paraît s’être produit à Percé lorsque deux personnes, portant des noms anglais, comprenant sans doute l’anglais, mais possédant une meilleure connaissance du français, furent choisies, sans objection de qui que ce soit, comme jurés de langue anglaise.
Se rattache, dans une certaine mesure, à cette question, la nécessité de prévoir, dans tous nos palais de justice, où qu’ils soient situés et quel que soit leur état de vétusté, une ou plusieurs chambres complètement à l’abri des sons de l’extérieur et où les jurés pourront ou devront se retirer, suivant le cas, afin que soit sauvegardé le principe rigoureux qui veut que, pendant la durée d’un procès, les jurés ne soient pas exposés à être influencés par la révélation de faits qui ne doivent pas être portés à leur attention.
Les suggestions qui précèdent m’ont été uniquement et essentiellement inspirées par les constatations que notre Commission a pu faire au cours de cette enquête; c’est dans l’espoir qu’elles pourront aider à améliorer les conditions dans lesquelles la justice est administrée que je me suis permis de vous les faire.
DONNEZ VOTRE OPINION!
Est-ce que c’était légal?
Le fait que Wilbert Coffin ait été jugé par un jury qui n’était pas composé entièrement de gens parlant sa langue a suscité plusieurs commentaires. Deux juges de la Cour suprême auraient ordonné la tenue d’un nouveau procès au motif que la constitution de ce jury mixte était illégale. Dans mon livre L’affaire Coffin : une supercherie?, j’analyse cette question-là à la lumière de la Loi sur les jurés. Je rapporte le jugement de cinq pages que le juge Lacroix a rendu sur cette question. Je ne crois pas que la dissidence des juges Locke et Cartwright était fondée.
Vous remarquerez que le juge Brossard manifeste sa préférence pour un jury entièrement composé de gens parlant la langue de l’accusé. Je suis du même avis. Mais il ne faut pas oublier que cela n’éviterait pas l’interprétation des témoignages rendus dans une autre langue que celle de l’accusé et la traduction de documents aussi versés au dossier de la cour dans une autre langue que celle de l’accusé.
Après avoir lu les transcriptions sténographiques et les documents de la cour, dans l’affaire Coffin, je suis d’avis que le jury mixte qui l’a jugé a exécuté sa tâche aux mieux des intérêts de la justice. De plus, le juge Lacroix avait désigné Me J.P. Léopold Flynn comme interprète pour assister Coffin tout au long de son procès. Admis au Barreau en 1933, Me Flynn maîtrisait très bien l’anglais et le français.
Extrait du rapport Brossard, volume 3, 9e partie, chapitre 1
LES JURÉS AU PROCÈS
En matière pénale, ce sont les dispositions d’un statut du Canada remontant à 1864 qui régissent le droit pour un prévenu d’être jugé par un jury composé « pour une moitié au moins » de personnes parlant sa langue, ce qui revient à dire : soit un jury composé entièrement de gens parlant sa langue, soit un jury composé, pour au moins la moitié, de gens parlant sa langue et, pour le reste, de gens parlant l’autre langue officielle du pays.
La composition du jury qui a jugé Coffin a fait l’objet de l’étude et des décisions de notre tribunal d’appel provincial et de la Cour Suprême. Il était composé pour moitié de gens choisis dans les listes de jurés de langue française et pour moitié de gens choisis dans les listes de jurés de langue anglaise préparées par le shérif du district de Gaspé. L’on sait que si Wilbert Coffin n’obtint pas un jury composé entièrement de gens de langue anglaise et ne put obtenir qu’un jury mixte, ce fut à cause de la difficulté, sinon de l’impossibilité de trouver, conformément aux dispositions de la Loi des jurés, dans un rayon de 40 milles de la ville de Percé où siégeait le Tribunal, des personnes de langue anglaise possédant les qualifications requises pour agir comme jurés en nombre suffisant pour permettre la constitution d’un jury exclusivement de langue anglaise : il appert que si les limites territoriales à l’intérieur desquelles devaient résider les personnes dont les noms devaient apparaître sur la liste des jurés avaient été plus étendues, un jury exclusivement de langue anglaise eût pu être constitué.
Des difficultés identiques à celles qui se présentèrent à Percé au sujet de la constitution d’un jury sont susceptibles de se présenter, dans des circonstances analogues, dans certains autres districts de la province. Je vous suggère que dans tous les cas et à tous points de vue un jury unilingue, qu’il soit de langue française ou de langue anglaise, est préférable à un jury mixte et que le choix de la langue de ce jury devrait être laissé entièrement à la discrétion de l’accusé, peu importe la langue de ce dernier, puisque dans notre province tout au moins les deux langues sont officielles. Si les autorités fédérales adoptaient, à votre suggestion, une loi en ce sens, on déchargerait le juge qui préside un procès devant jury de la pénible obligation d’être appelé en certains cas, à raison de difficultés purement administratives, à décider que les fins de la justice seront mieux servies par la constitution d’un jury mixte plutôt que par le jury unilingue que demande l’accusé.
Notre jurisprudence selon laquelle les mots « jurés parlant la langue de l’accusé » ne s’appliquent pas à la nationalité des jurés, mais à leur connaissance de « la langue de l’accusé »; notre jurisprudence ne définit pas le caractère de cette connaissance de la langue que doit avoir le juré, elle ne dit pas si la langue parlée par le juré doit être celle que parle principalement l’accusé; je suggère que, à l’occasion d’une modification du texte de certains articles de la Loi des jurés, l’on en profite pour clarifier ce point, afin d’éviter que ne se produise ce qui, d’après la preuve qui nous a été soumise, paraît s’être produit à Percé lorsque deux personnes, portant des noms anglais, comprenant sans doute l’anglais, mais possédant une meilleure connaissance du français, furent choisies, sans objection de qui que ce soit, comme jurés de langue anglaise.
Se rattache, dans une certaine mesure, à cette question, la nécessité de prévoir, dans tous nos palais de justice, où qu’ils soient situés et quel que soit leur état de vétusté, une ou plusieurs chambres complètement à l’abri des sons de l’extérieur et où les jurés pourront ou devront se retirer, suivant le cas, afin que soit sauvegardé le principe rigoureux qui veut que, pendant la durée d’un procès, les jurés ne soient pas exposés à être influencés par la révélation de faits qui ne doivent pas être portés à leur attention.
Les suggestions qui précèdent m’ont été uniquement et essentiellement inspirées par les constatations que notre Commission a pu faire au cours de cette enquête; c’est dans l’espoir qu’elles pourront aider à améliorer les conditions dans lesquelles la justice est administrée que je me suis permis de vous les faire.
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A MIXED JURY FOUND WILBERT COFFIN GUILTY WAS THIS ILLEGAL?
A MIXED JURY FOUND WILBERT COFFIN GUILTY
Was this illegal?
The fact that Wilbert Coffin was tried before a jury not composed solely of people speaking his language gave rise to several comments. Two justices of the Supreme Court of Canada would have ordered a new trial on the grounds that the empanelling of a mixed jury was illegal. In my book, L’affaire Coffin: une supercherie?, I examine this question in the light of the Jurors’ Act. I report justice Lacroix’ five page decision on this matter. I do not believe that justices Locke’s and Cartwright’s dissidence was justified.
You will notice that justice Brossard expresses his preference for a jury entirely composed of people speaking the language of the accused. But such a jury would not do away with the need for an interpreter when witnesses depose in a language other than the one spoken by the accused and the translation of documents filed in the court written in a language other than the language known by the accused.
After having read the transcripts and the documents of the court, I think that the mixed jury that judged Coffin accomplished its task in the best interest of justice. Moreover, justice Lacroix had designated the attorney-at-law Me J.P. Léopold Flynn as interpreter to assist Coffin during his trial. Called to the Bar, in 1933, this lawyer had a good command of English and French.
Excerpt from the Brossard Report, Vol. 3, Part IX, Chapter 1
THE TRIAL BY JURY
In criminal matter, the provisions of a statute of Canada, dating from 1864 that govern the right of an accused to be tried by a jury made up “of at least half » of people speaking his language, that is to say : a jury formed entirely of people speaking his language, or a jury composed with at least half of people speaking his language and, for the rest, people speaking the other official language of the country.
The composition of the jury that judged Coffin has been the subject of studies and decisions of our provincial Court of Appeal and the Supreme Court of Canada. It was for half composed of people chosen from the lists of jurors of French language and for the other half of people chosen from the lists of jurors of English language prepared by the sheriff of the district of Gaspé. We know that Wilbert Coffin did not obtain a jury composed entirely of people speaking English and could only obtain a mixed jury, it was because of the difficulty, if not the impossibility of finding, in accordance with the provisions of the Jurors Act, within a 40 mile radius from the town of Percé where the court was sitting, people of English language having the required qualifications to act as jurors in sufficient number to permit the constitution of a jury composed exclusively of English language.
It appears that if the boundaries within which people should live so that their names would appear on the list of jurors had been more extensive, a panel of exclusively English speaking people could have been established.
Difficulties similar to those presented in Percé on the constitution of a jury are likely to arise in similar circumstances in some other districts of the province.
I suggest that in all cases and at all points of view that a unilingual French-language or English language jury is preferable to a mixed jury and that the choice of the language of this jury should be left entirely to the discretion of the accused, since in our province at least the two languages are official. If the federal authorities were to adopt, at your suggestion, an act in this respect, we would free the judge, who presides over a trial before a jury, of the painful obligation to be called upon, in certain cases, due to purely administrative difficulties, to decide that the means of justice will be better served if a mixed jury is formed rather than a unilingual one requested by the accused.
Our case law is to the effect that the words "jurors who speak the language of the accused" do not apply to the nationality of the jurors, but to their knowledge of "the language of the accused"; Our case law does not define the character of this knowledge of the language that must have the juror, it does not say whether the language spoken by the juror should be that the accused uses mainly; I suggest that while amending the text of certain sections of the Jurors’ Act, one clarifies this point, in order to avoid the repetition of what, according to the evidence shown us, happened in Percé, when two persons, with English names, understanding without doubt the English language but having a better command of the French language, were selected, without objection from whoever, as jurors of English language.
This question about the selection of jurors is tied up in a certain manner to the necessity of providing in each courthouse, wherever they are and whatever their antiquated state, one or more rooms noise proof and wherein the jurors will be able to retire in order to safeguard the strict principle to the effect that during a trial, jurors should not be exposed to be influenced in learning facts that must not be brought to their attention.
The preceding suggestions only derive from the observations that our Commission has collected during this enquiry. It is in the hope that they may help improve the conditions wherein justice is managed that I took the liberty to submit them to you.
PLEASE VOICE YOUR OPINION!
Was this illegal?
The fact that Wilbert Coffin was tried before a jury not composed solely of people speaking his language gave rise to several comments. Two justices of the Supreme Court of Canada would have ordered a new trial on the grounds that the empanelling of a mixed jury was illegal. In my book, L’affaire Coffin: une supercherie?, I examine this question in the light of the Jurors’ Act. I report justice Lacroix’ five page decision on this matter. I do not believe that justices Locke’s and Cartwright’s dissidence was justified.
You will notice that justice Brossard expresses his preference for a jury entirely composed of people speaking the language of the accused. But such a jury would not do away with the need for an interpreter when witnesses depose in a language other than the one spoken by the accused and the translation of documents filed in the court written in a language other than the language known by the accused.
After having read the transcripts and the documents of the court, I think that the mixed jury that judged Coffin accomplished its task in the best interest of justice. Moreover, justice Lacroix had designated the attorney-at-law Me J.P. Léopold Flynn as interpreter to assist Coffin during his trial. Called to the Bar, in 1933, this lawyer had a good command of English and French.
Excerpt from the Brossard Report, Vol. 3, Part IX, Chapter 1
THE TRIAL BY JURY
In criminal matter, the provisions of a statute of Canada, dating from 1864 that govern the right of an accused to be tried by a jury made up “of at least half » of people speaking his language, that is to say : a jury formed entirely of people speaking his language, or a jury composed with at least half of people speaking his language and, for the rest, people speaking the other official language of the country.
The composition of the jury that judged Coffin has been the subject of studies and decisions of our provincial Court of Appeal and the Supreme Court of Canada. It was for half composed of people chosen from the lists of jurors of French language and for the other half of people chosen from the lists of jurors of English language prepared by the sheriff of the district of Gaspé. We know that Wilbert Coffin did not obtain a jury composed entirely of people speaking English and could only obtain a mixed jury, it was because of the difficulty, if not the impossibility of finding, in accordance with the provisions of the Jurors Act, within a 40 mile radius from the town of Percé where the court was sitting, people of English language having the required qualifications to act as jurors in sufficient number to permit the constitution of a jury composed exclusively of English language.
It appears that if the boundaries within which people should live so that their names would appear on the list of jurors had been more extensive, a panel of exclusively English speaking people could have been established.
Difficulties similar to those presented in Percé on the constitution of a jury are likely to arise in similar circumstances in some other districts of the province.
I suggest that in all cases and at all points of view that a unilingual French-language or English language jury is preferable to a mixed jury and that the choice of the language of this jury should be left entirely to the discretion of the accused, since in our province at least the two languages are official. If the federal authorities were to adopt, at your suggestion, an act in this respect, we would free the judge, who presides over a trial before a jury, of the painful obligation to be called upon, in certain cases, due to purely administrative difficulties, to decide that the means of justice will be better served if a mixed jury is formed rather than a unilingual one requested by the accused.
Our case law is to the effect that the words "jurors who speak the language of the accused" do not apply to the nationality of the jurors, but to their knowledge of "the language of the accused"; Our case law does not define the character of this knowledge of the language that must have the juror, it does not say whether the language spoken by the juror should be that the accused uses mainly; I suggest that while amending the text of certain sections of the Jurors’ Act, one clarifies this point, in order to avoid the repetition of what, according to the evidence shown us, happened in Percé, when two persons, with English names, understanding without doubt the English language but having a better command of the French language, were selected, without objection from whoever, as jurors of English language.
This question about the selection of jurors is tied up in a certain manner to the necessity of providing in each courthouse, wherever they are and whatever their antiquated state, one or more rooms noise proof and wherein the jurors will be able to retire in order to safeguard the strict principle to the effect that during a trial, jurors should not be exposed to be influenced in learning facts that must not be brought to their attention.
The preceding suggestions only derive from the observations that our Commission has collected during this enquiry. It is in the hope that they may help improve the conditions wherein justice is managed that I took the liberty to submit them to you.
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