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L’auteur fait revivre l’affaire Poisson dans un docu-roman. En 1964, au Collège de Matane, le frère Oscar Lalonde est tué à coups de marteau. Trois étudiants sont écroués et traduits en justice. Un bon suspense judiciaire…
The author brings back to life the Poisson affair. In 1964, at the Collège de Matane, Brother Oscar Lalonde was murdered with blows of hammer. Three students were imprisoned and prosecuted. A good suspense…”
« Un avocat retraité en fait une solide étude de cas dans On s’amuse à mort au collège de Matane… » (A retired lawyer makes of it a solid case study in On s’amuse à mort au Collège de Matane…”
Michel Auger, Le Journal de Montréal
« Un véritable reportage où l’on voit deux avocats en vue se livrer à une lutte acharnée pendant les 23 jours que dura le procès : Jean Bienvenue pour la poursuite et René Letarte pour la défense. Le mobile du crime? Un simple geste gratuit inspiré du film américain The Rope! Pas si gratuit que ça, le geste : la discipline de fer des Clercs de Saint-Viateur était terriblement pesante… « (A real report wherein we see two renowned attorneys indulging in a fierce battle during the 23 days of the trial; Jean Bienvenue for the prosecution and René Letarte for the defence. The crime motive? A simple gratuitous gesture inspired by the American film The Rope! Not so gratuitous than that, that gesture: the iron discipline of the Clercs de Saint-Viateur was terribly heavy…) Didier Fessou, Le Soleil
« Il [Clément Fortin] a eu la bonne idée de reprendre sous nos yeux le procès pour une affaire de meurtre authentique qui s’est passée à Matane en 1964. Me Fortin nous fait revivre cette histoire des annales judiciaires.... « (He (Clément Fortin) has had the good idea to take up before our eyes the trial for a real murder that happened in Matane in 1964. Me Fortin brings back to life this murder affair.)
Daniel Rolland, Culture Hebdo.com
40e Salon du livre de Rimouski – 3 au 6 novembre 2005
Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son roman
On s’amuse à mort
Les éditions du Septentrion
www.septentrion.qc.ca
Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais trop vous dire quel bonheur je ressens de participer à ce 40e Salon du livre de Rimouski. Je me sens chez moi à Rimouski. Dès ma tendre enfance, mes parents et grands-parents m’ont inculqué un sentiment d’appartenance à cette ville. Ma grand-mère était une Lepage de Rimouski et mon grand-père était de Saint-Simon de Rimouski.
La profanation d’une sépulture dans le cimetière de Matane et l’assassinat du frère Oscar Lalonde au Collège de Matane en 1964 que je raconte dans mon roman ont trouvé leur dénouement devant les tribunaux de Rimouski. Ces crimes crapuleux ont attiré sur Rimouski toute l’attention des médias du Québec et même du Canada. C’est encore l’affaire judiciaire la plus importante qui est survenue dans le district judiciaire de Rimouski.
Je remercie les organisateurs et les organisatrices de ce grand événement culturel de m’avoir invité à y participer.
Le choix d’un sujet de roman
Comme tout le monde à l’époque, j’avais lu dans les journaux et vu à la télévision des reportages sur l’assassinat du frère Lalonde survenu au Collège de Matane, en avril 1964. Des gens de Matane m’avaient aussi donné leur version de cette affaire. Matane était devenu un centre d’intérêt dans tout le pays. Cette histoire m’avait laissé perplexe. Quel impact cette affaire avait-elle sur Matane et sur son Collège en particulier? Comme j’en étais au début de l’exercice de ma profession, le temps ne me permettait pas de l’approfondir. J’avais reporté ce projet aux jours de ma retraite. J’ai lu et relu les transcriptions sténographiques de l’affaire Poisson aux Archives nationales à Rimouski. Cette documentation de plus de 3000 pages m’a convaincu de l’importance que cette affaire avait eue dans tout le pays. J’ai décidé de rapporter les faits judiciaires tels qu’ils ont été présentés devant les tribunaux, laissant aux lecteurs tout le loisir de juger par eux-mêmes.
Cependant, je trouvais onéreux de m’installer à Rimouski pendant tout le temps qu’il fallait pour tirer des Archives nationales ce dont j’avais besoin pour écrire ce roman. Aussi j’ai demandé au ministère de la Culture de transférer temporairement cette documentation aux Archives nationales de Montréal. Comme il n’était pas question d’en permettre le transfert, on m’a offert de copier ces dossiers sur cédérom. Ainsi, j’ai travaillé chez moi devant mon ordinateur pendant ces quelques années que j’ai consacrées à écrire mon récit.
La méthode suivie
Je trouvais l’histoire captivante. Cependant, je ne savais pas comment l’aborder, mon expérience se limitant à l’écriture d’un roman historique. Comment intéresser les lectrices et les lecteurs à une affaire aussi sordide? Au fur et à mesure que j’explorais mon sujet, il m’est apparu que le docu-roman était la formule appropriée à ce genre d’écrit. J’allais donc écrire un livre qui propose une intégration de textes de fiction et de renseignements documentaires.
Par bonheur, j’ai croisé Robert Gauthier dans le village de Saint-Sauveur. Il m’a invité à m’inscrire à ses ateliers de scénarisation. C’est lui qui a scénarisé les romans de Francine Ouellette Au nom du père et du fils et Le sorcier. Plusieurs d’entre vous ont certes vu ces téléromans à TVA. La scénarisation m’est apparue comme une façon intéressante d’aborder l’écriture de mon nouveau roman. Elle me permettrait de mieux présenter certaines dramatisations.
Sur le plan méthodologique, j’ai procédé de la même manière que pour Les amours du Pied-de-la-Côte . C’est selon cette méthode que j’ai apprécié les faits recueillis sur le terrain. Cependant, comme il s’agissait d’une affaire judiciaire, la recherche d’un coupable était dès lors soumise à un ensemble de règles qui s’appliquent de façon rigoureuse. Quand la police appréhende des suspects, elle doit respecter les droits que la loi leur reconnaît. À titre d’exemple, les policiers doivent les informer de leurs droits et leur dire, notamment, qu’ils ont droit à l’assistance d’un avocat. Pour sa part, le procureur de la poursuite présente sa cause devant le tribunal selon les règles de la preuve pénale. Aux assises, le jury prête serment de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité selon les faits qu’on lui a présentés. Pour cette partie du roman, je n’avais pas le choix de la méthode. Je devais suivre le déroulement du procès en observant rigoureusement les règles du droit criminel.
Des contraintes particulières
Comme il s’agissait de personnages réels, je devais les décrire comme ils étaient à l’époque. Je me suis inspiré de photos parues dans les journaux. Pour éviter de tomber dans l’erreur, j’ai limité les descriptions. En revanche, l’auteur d’une véritable fiction peut camper ses personnages comme il les imagine.
Je devais créer des scènes qui collaient à la réalité judiciaire. Pour concevoir les dramatisations, j’ai puisé presque tous les faits dans les transcriptions sténographiques. Les renseignements obtenus auprès d’anciens gardiens de prison et ma visite de quelques prisons m’ont permis de rendre plus authentiques les scènes que j’ai décrites.
Le droit me posait une autre contrainte. Depuis l’assassinat du frère Lalonde, le Code pénal a subi plusieurs modifications. J’ai été obligé de revoir le droit pénal en vigueur au moment de l’assassinat du frère Lalonde.
Comme j’ignorais le plan du déroulement du procès établi par les procureurs de la poursuite et de la défense, je devais percevoir, par les questions qu’ils posaient aux témoins, la preuve qu’ils cherchaient à soumettre au tribunal. Pour guider le lecteur, je le préviens, au début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désire verser au dossier de la cour. À titre d’exemple, tout au long du déroulement de cette affaire, le procureur de la défense tente de démontrer que les enquêteurs n’ont pas bien fait leur travail, notamment, en ne relevant pas d’empreintes digitales sur le marteau au motif que le manche était trop rugueux. À la fin, la défense invite un témoin expert qui explique que si l’arme du crime avait été expertisée, on aurait pu y relever des empreintes digitales des auteurs du crime.
L’absence des pièces à conviction aux Archives nationales m’a aussi posé une autre contrainte. Dans les interrogatoires et les contre-interrogatoires portant sur ces pièces, je devais m’en reporter uniquement aux descriptions données soit par les procureurs soit par les déposants, me privant de l’information que j’aurais pu tirer de l’examen de ces pièces.
La langue me créait aussi une contrainte. Notre droit criminel nous vient d’Angleterre. Au début, on le traduisait mot à mot. Sur ce plan, je n’ai pas été entièrement fidèle à mes sources, car j’ai francisé plusieurs expressions. En voici quelques exemples : les expressions examination et re-examination ont été traduites par « examen » et « réexamen ». En français, ces mots se traduisent par interrogatoire et réinterrogatoire. On a traduit cross-examination par transquestion alors qu’il faut dire contre-interrogatoire. Une « preuve de caractère » se traduit en français par une preuve de bonne ou mauvaise réputation. Il faut signaler que le législateur rédige maintenant ses lois dans un meilleur français.
La recherche sur le terrain
J’ai heureusement reçu l’aide de plusieurs personnes sur le terrain : archivistes, greffiers, gardiens de prison, anciens professeurs et étudiants, etc.
J’ai visité les prisons communes de Rivière-du-Loup et de Rimouski. Elles sont restées dans le même état qu’elles étaient au moment où mes personnages y ont été détenus. Ces visites et le règlement des prisons de l’époque m’ont inspiré quelques scènes. J’ai aussi visité les palais de justice de Matane, Rimouski, Rivière-du-Loup et Québec. Cette mise en contexte m’a facilité la description des salles d’audience où se sont déroulés l’enquête du coroner, les enquêtes préliminaires et le procès devant jury.
J’ai aussi visité l’Hôtel Saint-Louis à Rimouski où le juge, les avocats et les témoins logeaient. Cet hôtel a été transformé en résidence pour personnes âgées. Une ancienne employée de l’hôtel, maintenant au service de cette résidence, m’a rappelé le souvenir de ses années passées dans cet établissement reconnu pour la qualité de sa table. Le bâtiment a subi peu de modifications. Le comptoir de la réception, le foyer, la salle à manger sont restés tels qu’ils étaient au moment du procès de Claude Poisson devant les assises. J’ai pu ainsi décrire des scènes dans un cadre réel.
Les écrits restent
Verba volant, scripta manent. Comme le dit le vieil adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Vous travaillez toute votre vie à l’édification de quelque chose. Dès votre départ, votre successeur s’efforcera d’effacer toutes les traces que vous y avez laissées. Les seules qu’il ne pourra pas faire disparaître, ce sont vos écrits. Mais les écrits ne jouissent pas tous de la même pérennité. Je prends pour exemple un ouvrage de droit. Dès que le législateur modifie la loi ou que les tribunaux en donnent une nouvelle interprétation, à moins que vous mettiez à jour votre œuvre, celle-ci sera moins consultée et tombera dans l’oubli. La vie d’une œuvre juridique qu’on ne met pas à jour n’est que de quelques années. Toutefois, les ouvrages des historiens semblent résister plus longtemps au supplice du temps. Quoique la découverte de documents inédits peut leur faire perdre rapidement leur pertinence. En revanche, les romans résistent mieux au passage du temps. Certains sont toujours d’actualité comme Les misérables de Victor Hugo. Et ils le seront encore longtemps.
L’écriture est une drogue
J’ai eu beaucoup de bonheur à écrire ce roman. Avant que quelqu’un me demande comment je m’éclate en écrivant un roman, je l’invite instamment à se mettre tout de suite à l’écriture. Il découvrira qu’il n’y a pas plus cool et plus tripatif pour se défoncer.
Si vous désirez en causer plus longuement avec moi, je vous invite à venir me voir au stand 24 des Éditions du Septentrion. J’y serai présent et particulièrement :
Le jeudi 3 novembre de 17h à 18h
Le vendredi 4 novembre de 11h à 12h et de 19h à 20h
Le samedi 5 novembre de 14h à 15h et de 17h à 18h
Le dimanche 6 novembre de 13h à 14h
Je vous invite aussi à venir discuter avec moi de cette affaire judiciaire au Café des écrivains Télus, le samedi 5 novembre de 16h à 17h.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
Centre de congrès de l’Hôtel Rimouski
Notes rédigées par Clément Fortin pour le lancement de son roman
On s’amuse à mort
Les éditions du Septentrion
www.septentrion.qc.ca
Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais trop vous dire quel bonheur je ressens de participer à ce 40e Salon du livre de Rimouski. Je me sens chez moi à Rimouski. Dès ma tendre enfance, mes parents et grands-parents m’ont inculqué un sentiment d’appartenance à cette ville. Ma grand-mère était une Lepage de Rimouski et mon grand-père était de Saint-Simon de Rimouski.
La profanation d’une sépulture dans le cimetière de Matane et l’assassinat du frère Oscar Lalonde au Collège de Matane en 1964 que je raconte dans mon roman ont trouvé leur dénouement devant les tribunaux de Rimouski. Ces crimes crapuleux ont attiré sur Rimouski toute l’attention des médias du Québec et même du Canada. C’est encore l’affaire judiciaire la plus importante qui est survenue dans le district judiciaire de Rimouski.
Je remercie les organisateurs et les organisatrices de ce grand événement culturel de m’avoir invité à y participer.
Le choix d’un sujet de roman
Comme tout le monde à l’époque, j’avais lu dans les journaux et vu à la télévision des reportages sur l’assassinat du frère Lalonde survenu au Collège de Matane, en avril 1964. Des gens de Matane m’avaient aussi donné leur version de cette affaire. Matane était devenu un centre d’intérêt dans tout le pays. Cette histoire m’avait laissé perplexe. Quel impact cette affaire avait-elle sur Matane et sur son Collège en particulier? Comme j’en étais au début de l’exercice de ma profession, le temps ne me permettait pas de l’approfondir. J’avais reporté ce projet aux jours de ma retraite. J’ai lu et relu les transcriptions sténographiques de l’affaire Poisson aux Archives nationales à Rimouski. Cette documentation de plus de 3000 pages m’a convaincu de l’importance que cette affaire avait eue dans tout le pays. J’ai décidé de rapporter les faits judiciaires tels qu’ils ont été présentés devant les tribunaux, laissant aux lecteurs tout le loisir de juger par eux-mêmes.
Cependant, je trouvais onéreux de m’installer à Rimouski pendant tout le temps qu’il fallait pour tirer des Archives nationales ce dont j’avais besoin pour écrire ce roman. Aussi j’ai demandé au ministère de la Culture de transférer temporairement cette documentation aux Archives nationales de Montréal. Comme il n’était pas question d’en permettre le transfert, on m’a offert de copier ces dossiers sur cédérom. Ainsi, j’ai travaillé chez moi devant mon ordinateur pendant ces quelques années que j’ai consacrées à écrire mon récit.
La méthode suivie
Je trouvais l’histoire captivante. Cependant, je ne savais pas comment l’aborder, mon expérience se limitant à l’écriture d’un roman historique. Comment intéresser les lectrices et les lecteurs à une affaire aussi sordide? Au fur et à mesure que j’explorais mon sujet, il m’est apparu que le docu-roman était la formule appropriée à ce genre d’écrit. J’allais donc écrire un livre qui propose une intégration de textes de fiction et de renseignements documentaires.
Par bonheur, j’ai croisé Robert Gauthier dans le village de Saint-Sauveur. Il m’a invité à m’inscrire à ses ateliers de scénarisation. C’est lui qui a scénarisé les romans de Francine Ouellette Au nom du père et du fils et Le sorcier. Plusieurs d’entre vous ont certes vu ces téléromans à TVA. La scénarisation m’est apparue comme une façon intéressante d’aborder l’écriture de mon nouveau roman. Elle me permettrait de mieux présenter certaines dramatisations.
Sur le plan méthodologique, j’ai procédé de la même manière que pour Les amours du Pied-de-la-Côte . C’est selon cette méthode que j’ai apprécié les faits recueillis sur le terrain. Cependant, comme il s’agissait d’une affaire judiciaire, la recherche d’un coupable était dès lors soumise à un ensemble de règles qui s’appliquent de façon rigoureuse. Quand la police appréhende des suspects, elle doit respecter les droits que la loi leur reconnaît. À titre d’exemple, les policiers doivent les informer de leurs droits et leur dire, notamment, qu’ils ont droit à l’assistance d’un avocat. Pour sa part, le procureur de la poursuite présente sa cause devant le tribunal selon les règles de la preuve pénale. Aux assises, le jury prête serment de rendre un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité selon les faits qu’on lui a présentés. Pour cette partie du roman, je n’avais pas le choix de la méthode. Je devais suivre le déroulement du procès en observant rigoureusement les règles du droit criminel.
Des contraintes particulières
Comme il s’agissait de personnages réels, je devais les décrire comme ils étaient à l’époque. Je me suis inspiré de photos parues dans les journaux. Pour éviter de tomber dans l’erreur, j’ai limité les descriptions. En revanche, l’auteur d’une véritable fiction peut camper ses personnages comme il les imagine.
Je devais créer des scènes qui collaient à la réalité judiciaire. Pour concevoir les dramatisations, j’ai puisé presque tous les faits dans les transcriptions sténographiques. Les renseignements obtenus auprès d’anciens gardiens de prison et ma visite de quelques prisons m’ont permis de rendre plus authentiques les scènes que j’ai décrites.
Le droit me posait une autre contrainte. Depuis l’assassinat du frère Lalonde, le Code pénal a subi plusieurs modifications. J’ai été obligé de revoir le droit pénal en vigueur au moment de l’assassinat du frère Lalonde.
Comme j’ignorais le plan du déroulement du procès établi par les procureurs de la poursuite et de la défense, je devais percevoir, par les questions qu’ils posaient aux témoins, la preuve qu’ils cherchaient à soumettre au tribunal. Pour guider le lecteur, je le préviens, au début de l’interrogatoire d’un témoin, de la preuve que le procureur désire verser au dossier de la cour. À titre d’exemple, tout au long du déroulement de cette affaire, le procureur de la défense tente de démontrer que les enquêteurs n’ont pas bien fait leur travail, notamment, en ne relevant pas d’empreintes digitales sur le marteau au motif que le manche était trop rugueux. À la fin, la défense invite un témoin expert qui explique que si l’arme du crime avait été expertisée, on aurait pu y relever des empreintes digitales des auteurs du crime.
L’absence des pièces à conviction aux Archives nationales m’a aussi posé une autre contrainte. Dans les interrogatoires et les contre-interrogatoires portant sur ces pièces, je devais m’en reporter uniquement aux descriptions données soit par les procureurs soit par les déposants, me privant de l’information que j’aurais pu tirer de l’examen de ces pièces.
La langue me créait aussi une contrainte. Notre droit criminel nous vient d’Angleterre. Au début, on le traduisait mot à mot. Sur ce plan, je n’ai pas été entièrement fidèle à mes sources, car j’ai francisé plusieurs expressions. En voici quelques exemples : les expressions examination et re-examination ont été traduites par « examen » et « réexamen ». En français, ces mots se traduisent par interrogatoire et réinterrogatoire. On a traduit cross-examination par transquestion alors qu’il faut dire contre-interrogatoire. Une « preuve de caractère » se traduit en français par une preuve de bonne ou mauvaise réputation. Il faut signaler que le législateur rédige maintenant ses lois dans un meilleur français.
La recherche sur le terrain
J’ai heureusement reçu l’aide de plusieurs personnes sur le terrain : archivistes, greffiers, gardiens de prison, anciens professeurs et étudiants, etc.
J’ai visité les prisons communes de Rivière-du-Loup et de Rimouski. Elles sont restées dans le même état qu’elles étaient au moment où mes personnages y ont été détenus. Ces visites et le règlement des prisons de l’époque m’ont inspiré quelques scènes. J’ai aussi visité les palais de justice de Matane, Rimouski, Rivière-du-Loup et Québec. Cette mise en contexte m’a facilité la description des salles d’audience où se sont déroulés l’enquête du coroner, les enquêtes préliminaires et le procès devant jury.
J’ai aussi visité l’Hôtel Saint-Louis à Rimouski où le juge, les avocats et les témoins logeaient. Cet hôtel a été transformé en résidence pour personnes âgées. Une ancienne employée de l’hôtel, maintenant au service de cette résidence, m’a rappelé le souvenir de ses années passées dans cet établissement reconnu pour la qualité de sa table. Le bâtiment a subi peu de modifications. Le comptoir de la réception, le foyer, la salle à manger sont restés tels qu’ils étaient au moment du procès de Claude Poisson devant les assises. J’ai pu ainsi décrire des scènes dans un cadre réel.
Les écrits restent
Verba volant, scripta manent. Comme le dit le vieil adage, les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Vous travaillez toute votre vie à l’édification de quelque chose. Dès votre départ, votre successeur s’efforcera d’effacer toutes les traces que vous y avez laissées. Les seules qu’il ne pourra pas faire disparaître, ce sont vos écrits. Mais les écrits ne jouissent pas tous de la même pérennité. Je prends pour exemple un ouvrage de droit. Dès que le législateur modifie la loi ou que les tribunaux en donnent une nouvelle interprétation, à moins que vous mettiez à jour votre œuvre, celle-ci sera moins consultée et tombera dans l’oubli. La vie d’une œuvre juridique qu’on ne met pas à jour n’est que de quelques années. Toutefois, les ouvrages des historiens semblent résister plus longtemps au supplice du temps. Quoique la découverte de documents inédits peut leur faire perdre rapidement leur pertinence. En revanche, les romans résistent mieux au passage du temps. Certains sont toujours d’actualité comme Les misérables de Victor Hugo. Et ils le seront encore longtemps.
L’écriture est une drogue
J’ai eu beaucoup de bonheur à écrire ce roman. Avant que quelqu’un me demande comment je m’éclate en écrivant un roman, je l’invite instamment à se mettre tout de suite à l’écriture. Il découvrira qu’il n’y a pas plus cool et plus tripatif pour se défoncer.
Si vous désirez en causer plus longuement avec moi, je vous invite à venir me voir au stand 24 des Éditions du Septentrion. J’y serai présent et particulièrement :
Le jeudi 3 novembre de 17h à 18h
Le vendredi 4 novembre de 11h à 12h et de 19h à 20h
Le samedi 5 novembre de 14h à 15h et de 17h à 18h
Le dimanche 6 novembre de 13h à 14h
Je vous invite aussi à venir discuter avec moi de cette affaire judiciaire au Café des écrivains Télus, le samedi 5 novembre de 16h à 17h.
Me Clément Fortin, avocat
Saint-Sauveur (Québec)
clementf@sympatico.ca
L’analyse conjecturale. Elle se résume ainsi : 1) tel fait est certain 2) tel autre est plausible ou douteux 3) et tel autre est impossible. Voyez mes notes pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte, p. 5 et 6.
3 commentaires:
Cet ouvrage est très bien documenté. L'écriture est sobre et respectueuse.
Ces événements (aussi tristes qu'ils peuvent l'être) m'avait touchée à l'époque, étant originaire d'un village à proximité de Matane. Ils m'habitent encore.
Ce livre nous transporte dans un climat chargé d'émotions: nous étions tous consternés, voire dépassés par ce drame.
Il est toujours délicat de traiter d'un sujet comme celui-ci. Ce livre se veut un témoignage nécessaire, un rappel à la mémoire collective de «l'horreur» d'un meutre gratuit et d'une profanation dont souffrent encore les proches des victimes.
Suzanne P.
A Monsieur Clément Fortin.
Bonjour, mon mon est Michel Lavoie, Je suis originaire de Luceville près de Rimouski. je viens de dévorer littéralement, votre docu roman '' On s'amuse à mort Collàge de Matane''. J'étais moi-même, éléve en Elémnts latins à ce collège en 1964. Inutile de vous dire que j'ai revécu intensément ces évènements à la lecture de votre livre. Je suis énormément surpris de la justesse de vos propos ainsi que de votre peinture, non seulement des acteurs de ce drame mais aussi de l'ambiance angoissante de mystère qui a été entretenue autour de cette affaire. Je n'oublierai jamais ce moment ou, le jour après même du meurtre, le père Lelièvre, de manière intimidante non équivoque, nous avait mis en garde, à la salle d'études, de ne parler en aucun cas de cette affaire, entre nous et surtout, à l'extérieur du collège, sous peine d'en être exclus... Je tiens à rendre hommage à la qualité de votre écriture ainsi, encore une fois, à la rigueur et la justesse de votre démarche. Tout cela confirme les conclusions que j'avais tirées moi même, au sujet de ce mystère. Je pourrais vous en écrire pendant des pages, tant cette affaire me fascine encore aujourd'hui. Enfin je crois qu'il y aurait matière à tourner un film basé sur ce scénario...
Merci et longue vie à votre admirable travail d'écriture.
Michel Lavoie
Victoriaville
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