21 juin 2008

JACQUES HÉBERT TÉMOIGNE DEVANT LA COMMISSION BROSSARD




CANADA
PROVINCE DE QUÉBEC
DISTRICT OF QUÉBEC
COMMISSION D’ENQUÊTE DANS L’AFFAIRE COFFIN

PRÉSENT : L’HONORABLE ROGER BROSSARD, J.C.S.
Le vingt-quatrième jour de février, l’an mil neuf cent soixante-quatre, a comparu comme témoin :
Monsieur JACQUES HÉBERT, éditeur, domicilié à 220, rue Mont Prévert, Beloeil, P.-Q., âgé de 40 ans, lequel étant dûment assermenté sur les Saints-Évangiles, dépose et dit ce qui suit :
INTERROGÉ par Me JULES DESCHÊNES, C.R.,
Conseiller juridique de la Commission :
Q Monsieur Hébert, j’ai produit, plus tôt ce matin, un volume comme pièce numéro 13, qui est intitulé « J’accuse les assassins de Coffin. » Pourriez-vous dire à la Commission si c’est bien vous qui en êtes l’auteur ?
R Oui, j’en suis l’auteur.
Q Maintenant, je constate également que ce volume a été publié par les soins de Les Éditions du Jour, Montréal. Pourriez-vous dire à la Commission si vous êtes l’un des intéressés dans cette entreprise des Éditions du Jour ?
R Oui, je suis le président et le directeur général de cette compagnie.
Q Est-ce que vous avez assisté au procès de Coffin, en mil neuf cent cinquante-quatre (1954), à Percé ?
R Non.
Q Est-ce que j’ai raison de présumer que dans les circonstances, vous n’aviez probablement pas assisté non plus soit à l’enquête du Coroner, soit à l’enquête préliminaire, l’année précédente ?
R Non plus.
Q Est-ce que vous pourriez nous dire à peu près vers quelle période de temps vous avez commencé à vous intéresser à l’affaire de Coffin ?
R C’était peu de temps avant la pendaison.
Q Ah bon !
R Au moment où à peu près tous les sursis semblaient terminés ; je crois que c’est quelques semaines avant.
Q Maintenant, vous connaissez également, je comprends, un journaliste de Toronto du nom de John Edward Belliveau ?
R Oui
Q Vous êtes au courant, sans doute, que monsieur Belliveau avait également publié un volume, en mil neuf cent cinquante-six)1956), au mois de juillet mil neuf cent cinquante-six (1956) ?
R Oui.
Q Également sur l’affaire Coffin, intitulé « The Coffin Murder Case » ?
R Oui, en effet.
Q Je suppose que vous avez dû le lire, à un moment donné, le volume de monsieur Belliveau ?
R Oui, sûrement, j’en ai pris connaissance au moment où mon premier volume était déjà écrit, mais il m’a été utile pour compléter des renseignements dans mon premier volume, mais il n’a pas été à la base ou l’origine de mes renseignements.
Q Monsieur Belliveau sera entendu, évidemment, à son tour, et il verra à produire une copie de son volume. Est-ce que je peux vous demander, pour les fins de votre second volume, celui qui a été produit ce matin, si vous avez eu l’occasion de vous inspirer du volume de monsieur Belliveau ?
R Non, dans le second volume, j’ai rencontré monsieur Belliveau, j’ai eu des conversations très longues avec lui, mais je n’ai même pas ouvert son volume en préparant mon deuxième volume.
Q Maintenant, est-ce que vous avez eu l’occasion de lire les dépositions du procès Coffin, les dépositions qui ont été produites, ou dont les transcriptions ont été produites ce matin ?
R Des extraits seulement.
Q Est-ce que vous pourriez, de mémoire, si vous le savez, nous dire quels sont les témoignages que vous avez eu l’occasion de parcourir ?
R Des extraits des plaidoiries, en particulier, principalement les extraits qui ont servi à la Cour Suprême, dans les mémoires qui ont servi à la Cour Suprême.
Q Là, vous référez aux argumentations ou les plaidoiries des différents avocats, soit pour la Couronne soit pour la défense ?
R Oui.
Q Est-ce que vous avez, en dehors de ça, eu l’occasion de lire les témoignages des témoins même entendus au procès ?
R Oui, mais pas nécessairement dans le document que vous avez là. – des extraits qui m’ont été fournis par certains témoins.
Q Est-ce que vous pourriez nous dire quels sont les témoignages que vous avez eu l’occasion de parcourir en partie ?
R De mémoire, je pourrais citer celui de l’expert médico-légal, monsieur Bernard Péclet.
Q Excusez-moi – est-ce que monsieur Péclet n’était pas un expert en balistique?
R Un expert en balistique, mais je pense qu’il fait partie du bureau médico-légal.
Q Vous dites que vous avez lu des extraits du témoignage de monsieur Bernard Péclet ?
R Oui, qu’il m’a fourni lui-même.
Q Est-ce que vous avez eu l’occasion de parcourir d’autres témoignages ?
R Certainement. Je ne pourrais pas vous les citer là, mais en d’autres occasions, je pourrai le faire.
Q Est-ce qu’il vous serait possible de vérifier quels sont les témoignages que vous avez parcourus et nous en fournir les noms ?
R Oui, c’est possible.
Q La semaine prochaine ?
R D’accord.
Q Cependant, sans vous en tenir à un chiffre précis, je ne voudrais pas vous en tenir à deux, trois ou quatre témoignages, mais pourriez-vous nous dire, au meilleur de votre mémoire, combien de témoignages vous croyez avoir eu l’occasion de parcourir, en tout, ou tout simplement en partie ?
R Vous parlez des témoignages qui ont été …
Q Donnés au procès Coffin ?
R .. donnés au procès Coffin même ?
Q. Oui.
R. Combien de témoignages ai-je parcourus?
R … de mémoire, non, je ne risquerais pas un chiffre.
Q Est-ce que vous vous souviendriez des noms des témoins dont vous avez pris connaissance des dépositions ?
R Je me souviens, par exemple, du nom de Lewis Sinnett.
Q Oui.
R. Henri Doyon.
Q Oui.
R. Là, pour dire, c’est les deux seuls dont je puis me souvenir.
Q De toute façon, vous ferez la vérification que nous vous demandons, s’il vous plaît, n’est-ce pas ?
R Bien sûr.
Extrait des pages 158 et suivantes :
Q Est-ce que vous avez une idée, que vous n’aviez sans doute pas avant de lire cette partie du dossier conjoint cette semaine, avez-vous une idée maintenant combien de témoins, particulièrement, auraient été entendus au procès Coffin ?
R Une vague idée ; pas précise, mais à peu près précise.
Q Vous vous êtes rendu compte maintenant qu’il y en a eu exactement 80 qui ont témoigné au procès de Coffin ?
R Je ne les ai pas comptés.
Q Êtes-vous prêt à prendre ma parole qu’il y en a eu 80 ?
R Oui, je la prends.
Q. Sur les 80 témoins, il y en a un : Péclet dont vous avez lu tout le témoignage ; deux, Doyon et Sinnett, dont vous avez lu des extraits, et 77 dont vous n’aviez jamais lu le témoignage, au moment de la publication de votre volume.
R Oui, parce que je n’en sentais pas le besoin ; ils ne m’intéressaient pas particulièrement.
Q Alors, nous venons, si vous voulez bien, monsieur Hébert, à un passage de votre témoignage dont il avait été question la semaine dernière, mais c’est peut-être un peu prématuré de ma part, pour continuer dans l’ordre de pensée que j’avais tout à l’heure, on parlait des témoignages que vous aviez lus, ceux que vous n’aviez pas lus, le lendemain de la parution de votre volume, au mois de décembre dernier, vous souvenez-vous d’avoir participé à une émission de télévision au programme Télé-Métro, Canal 10, cinq (5) décembre mil neuf cent soixante-trois (1963) ?
R Oui, je m’en souviens.
Q Vous aviez été interviewé, à ce moment-là par Pierre Nadeau ?
R Oui, je m’en souviens.
Q J’ai devant moi, ici, une transcription de l’émission, et je lis ceci, à la page 2…
Me RAYMOND DAOUST, c.r.,
Procureur de Jacques Hébert:
Si votre seigneurie me permet: Est-ce qu’il n’y a pas erreur? Télé-Métro est sur le canal 10, et Pierre Nadeau est à Radio-Canada.
Me JULES DESCHÊNES, c.r.
Conseiller juridique de la Commission :
Je sais que monsieur Nadeau travaille pour Radio-Canada, mais j’ai ici une transcription d’une émission de Télé-Métro, cinq (5) décembre mil neuf cent soixante-trois (1963), où monsieur Jacques Hébert est interrogé par monsieur Pierre Nadeau.
R Je m’excuse, je n’ai jamais été interrogé par Pierre Nadeau sur le canal 10, jamais.
Q Vous souvenez-vous d’avoir été interrogé par monsieur Pierre Nadeau, à un moment donné, au sujet de la parution de votre volume ?
R Oui, c’était au canal 2.
Q Alors, on vérifiera. J’ai ici le texte de cette entrevue, monsieur Hébert, et à la page 2, je lis la réponse suivante que vous avez donnée, à un moment donné, à monsieur Nadeau, et je cite :
« Je pense que jamais dans l’histoire de la justice au Canada un procès n’aurait jamais été aussi mal mené où la justice aurait été aussi bafouée à mon sens » Fin de la citation.
Est-ce que là, c’est le procès dont vous parlez, dont vous n’aviez pas lu 77 des 80 témoins ?
R C’est exactement ce procès là.
(À SUIVRE)

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Êtes-vous en train de faire la preuve que n'importe qui peut être nommé au Sénat. Harper a peut-être raison de vouloir le changer.
André Côté, Montréal

Anonyme a dit...

Un écrivain qui écrit des livres sans même lire la documentation pertinente. Est-ce possible? Avant de dire qu'elle ne l'intéressait pas, il aurait dû la lire. Vraiment, ça fait pas sérieux.
Arthur Maillet, Bathurst

Anonyme a dit...

Jacques Hébert était contre la peine de mort, ce qui est tout à son honneur.
Malheureusement, il a cru que cela lui donnait le droit d'écrire n'importe quoi.
B. Poirier, Trois-Rivières