29 août 2011

DUPLESSIS, SON MILIEU, SON ÉPOQUE ET L'AFFAIRE COFFIN

DUPLESSIS, SON MILIEU, SON ÉPOQUE ET L'AFFAIRE COFFIN























Je vous suggère de lire DUPLESSIS, SON MILIEU, SON ÉPOQUE sous la direction de XAVIER GÉLINAS ET LUCIA FERRETTI, paru aux Éditions du Septentrion, en 2010. Cet ouvrage est préfacé par l’historien Denis Vaugeois. Un nombre impressionnant de collaborateurs ont participé à la rédaction de cet ouvrage. Charles-Philippe Courtois est l’auteur d’un chapitre qui me concerne personnellement intitulé CITÉ LIBRE, DUPLESSIS ET UNE VISION TRONQUÉE DU QUÉBEC. Ce livre devrait être traduit en anglais.
Cliquez sur les images ci-dessus pour lire un extrait de l’œuvre de Charles-Philippe Courtois sur cette question.
Rappelez-vous le billet que j’ai publié sur ce blogue, le 16 mars 2008, et que je vous propose de relire ci-dessous. Je reproduis les commentaires qu’il avait suscités.

MAURICE DUPLESSIS EST-IL RESPONSABLE DE L’EXÉCUTION DE COFFIN ?

À lire les commentaires de ceux qui croient que Coffin a été victime d’une erreur judiciaire, j’en viens à la conclusion que leur démarche repose sur le principe suivant : ce procès ayant eu lieu pendant que Maurice Duplessis était le premier ministre du Québec, il doit nécessairement être entaché d’une erreur judiciaire.
L’honorable juge Gérard Lacroix qui a présidé le procès de Coffin devant un jury, à Percé, a été nommé par le gouvernement fédéral. En 1950, il a été bâtonnier du barreau du Québec. Une autorité en droit pénal, il a enseigné à l’Université Laval. Son alma mater lui a conféré un doctorat honoris causa en 1952. Ce n’est pas Duplessis qui l’a nommé à cette fonction.
À l’unanimité, la Cour d’appel du Québec a maintenu le verdict du jury de Percé. Ces juges n’ont pas été nommés par Duplessis.
La Cour Suprême, par l’intermédiaire du juge Abbott, a refusé d’entendre l’appel de Coffin. La Cour suprême a refusé de réviser cette décision. Le Cabinet fédéral a transmis le dossier à la Cour suprême et lui a demandé quel avis elle aurait donné si l’appel de Coffin avait été permis. Trois juges sur cinq l’auraient confirmé.
Le ministre fédéral de la Justice Stuart Garson a refusé d’intervenir dans l’exécution de la sentence. Vincent Massey, gouverneur général du Canada, a signé l’arrêté ministériel ordonnant l’exécution de Coffin. Encore là, Duplessis n’a rien à voir dans ces décisions. Alors pourquoi s’acharner ainsi sur Duplessis?
Publié par Clément Fortin à l'adresse 00:15
8 commentaires:

ITHACA a dit…
Quelle étrange façon de laver un personnage historique ! Étrange, en effet, que cette distribution qui consiste à lancer les responsabilités à gauche et à droite, afin semble-t-il de les répartir uniformément. Parvenons à un compromis acceptable et statuons que Maurice Duplessis fut L'UN DES acteurs responsables de la mort de Coffin.

Je ne comprends toujours pas le sens de cette défense pétaradante. La gravité de cette affaire méritait semble-t-il plus de nuances, et un peu d'honnêteté.
20 septembre, 2008 17:43

ITHACA a dit…
La thèse d'Hébert est que Duplessis a peut-être exercé une pression indue sur le dispositif judiciaire, et ceci au regard de considérations médiatiques. Son implication n'est pas directe mais circonstancielle.

Au surplus, Hébert considère que Wilbert Coffin n'a peut-être pas pu bénéficier de recours subséquents en justice dû à une faille du système judiciaire. Prétendre que dans ce cas la justice a très (trop) bien fonctionné représente une aberration. C'est le fond du problème, ce qui disqualifie ce système, et non sa réhabilitation.
20 septembre, 2008 18:04

Clément Fortin a dit…
Ithaca,
Je n'ai voulu que rétablir les faits. Je ne me porte pas à la défense de Duplessis. Lisez les livres de Jacques Hébert et celui d'Alton Price et vous constaterez que tout dépend, ou presque, de Duplessis. Plus encore, visitez le blogue de Lew Stoddard. Vous constaterez que tous les maux dans l'affaire Coffin proviennent de Duplessis. En toute honnêteré, une mise au point s'imposait. Il n'est pas question de nuancer mais de différencier.
Clément Fortin
20 septembre, 2008 18:11

ITHACA a dit…
Je suis d'accord avec vous, mais alors il s'agit de mettre en cause un dispositif au sein duquel les réseaux d'influence sont complexes. Merci pour ces éclaircissements.

Cependant, Hébert ne fait pas reposer l'odieux du verdict uniquement sur Duplessis. Sa thèse est également que Coffin n'eut pas accès à un défense pleine et entière dans la révision du procès à cause d'une faille inhérente au processus judiciaire.

Ainsi, prétendre (ceci ne nous concerne ni l'un ni l'autre, ce n'est pas une accusation), mais prétendre ainsi que dans le cas de l'affaire Coffin la justice a très (trop) bien fonctionné relève d'une aberration. C'est là le fond du problème, ce qui disqualifie le système, et non ce qui assure sa réhabilitation.
20 septembre, 2008 18:26

Clément Fortin a dit…
Ce message a été supprimé par l'auteur.
20 septembre, 2008 20:08

Clément Fortin a dit…
Hébert accuse tous les représentants de la justice d'être des assassins. Lisez l'écrit de monsieur Saumure dont je viens d'afficher le lien sur ce blogue. Vous constaterez qu'il exprime l'opinion largement répandue à l'époque sur la mission qu'Hébert s'était donnée à l'égard de Duplessis. J'étudie cette affaire depuis plus de trois ans. Et plus je l'approfondis, plus je suis convaincu que Coffin a eu un procès juste et équitable. À ce propos, je vous invite à lire mon ouvrage L'affaire Coffin: une supercherie?
20 septembre, 2008 20:20

ITHACA a dit…
La lecture de l'hommage posthume rendu par Saumure ne fait que raviver l'admiration immense que j'éprouve déjà à l'égard de Jacques Hébert.
En ce qui regarde la lecture que, personnellement, vous faites du personnage Hébert, je dirais que contester un régime est une chose : mais faire en sorte que cette contestation salisse irrémédiablement toute analyse des faits, la teintant d'un biais insurmontable, en est une autre, toute différente.

Je ne manquerai pas, Fortin, de lire votre livre. Dans l'attente, et eut égard à deux hommes d'une grande intelligence, Jacques Hébert et Wilbert Coffin, je pose cette question :
Coffin était-il selon vous coupable de ces assassinats ?
22 septembre, 2008 12:04

Clément Fortin a dit…
Si vraiment l'affaire Coffin vous intéresse, je vous invite instamment à lire mon livre. Et faites-moi vos commentaires.
23 septembre, 2008 08:53
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11 août 2011

JACQUES MESRINE LE TUEUR DE PERCÉ PAR CLÉMENT FORTIN




À PARAÎTRE

Jacques Mesrine, le tueur de Percé

Une fraude judiciaire

Docu-roman
À quelques mois de la parution de mon prochain docu-roman, je réponds au souhait de certains de mes proches en publiant dès maintenant son avant-propos.

AVANT-PROPOS



Jacques Mesrine (prononcez Mérine) et Jeanne Schneider ont subi leur procès, pour le meurtre d’Évelyne Le Bouthillier, devant la Cour du banc de la reine, à Montmagny en 1971. À l’époque, les journaux avaient rapporté ce cri poussé, par Mesrine, au juge Miquelon : Il n’y aura pas une autre affaire Coffin ici. Après avoir publié un docu-roman sur l’affaire Coffin et en avoir poursuivi l’étude sur mon blogue ( http://fortinclement.blogspot.com ), la curiosité m’a incité à examiner dans quelle mesure ce procès avait été hanté par l’affaire Coffin. Et aussi quelle a été l’influence des écrits mensongers de Jacques Hébert sur ce procès.
Jacques Hébert publie, J’accuse les assassins de Coffin, en 1963. Ce brûlot cause beaucoup d’émoi dans le monde judiciaire. Devant la gravité de ces accusations, le gouvernement de Jean Lesage crée une commission royale d’enquête dont il confie la présidence à l’honorable juge Roger Brossard (ci-après la Commission Brossard). Deux personnages s’étaient croisés devant la Commission Brossard : l’honorable juge Paul Miquelon et Me Raymond Daoust. Me Miquelon avait représenté le ministère public au procès de Wilbert Coffin, à Percé en 1954. Raymond Daoust était, avec Pierre Elliott Trudeau, l’un des procureurs de Jacques Hébert devant la Commission Brossard. Devenu juge à la cour supérieure, en 1958, Paul Miquelon avait été, lui aussi, appelé à témoigner devant cette Commission.
Le hasard a voulu que ces deux juristes se rencontrent à nouveau : le juge Miquelon comme président de la Cour du banc de la reine dans la cause de La reine c. Jacques Mesrine et Jeanne Schneider, et Me Raymond Daoust représentant les accusés. Quelle influence leur mésentente relative à l’affaire Coffin a-t-elle eue sur le procès de Mesrine?
J’ai choisi de raconter cette affaire dans un docu-roman. Ce mot-valise suscite pourtant quelques interrogations. Quoi qu’on en pense, je préfère le docu-roman à l’essai parce que ce genre littéraire me donne plus de liberté. Je n’ai pas à m’encombrer d’une pléthore de notes en bas de page. J’allège des parties de mon récit en les présentant sous forme de dramatisations. Il prend la forme d’un roman, mais les faits sont véridiques et les noms des parties sont réels. Et contrairement à l’essayiste, je ne me présente pas comme un spécialiste qui dicte à son lecteur quelle interprétation il doit donner aux faits que je lui soumets, et que j’ai puisés dans quelque 4000 pages du dossier de la cour. Le sculpteur voit son œuvre naître sous la pointe de son ciseau, mais le docu-romancier doit extraire la sienne d’une liasse de documents souvent désordonnés et mal écrits.
Toutefois, le docu-roman me pose des contraintes, car je n’imagine pas cette histoire non plus que le rythme auquel elle se déroule. Je ne connais pas le plan de match de la poursuite ni celui de la défense. Les rapports de police m’auraient permis une meilleure compréhension de certains faits. Selon Bibliothèque et archives nationales, ces rapports ont été perdus ou détruits. Ou tout simplement, on ne m’a pas permis de les consulter. Par chance, j’ai trouvé dans le dossier de la Cour d’appel des photocopies de certaines pièces à conviction. Mais malgré ce carcan, le docu-roman permet plus que tout autre forme littéraire de faire ressentir aux lecteurs l’émotion qui se dégage du prétoire et d’apprécier la sincérité et la véracité des propos des acteurs d’un procès : juge, procureurs et témoins. Au mieux, le docu-roman me permet de faire vivre à mes lecteurs la situation telle qu’elle s’est déroulée au prétoire et leur laisser tirer, eux-mêmes, leurs conclusions.
Au lancement de mon dernier docu-roman, une Matanaise m’a demandé d’expliquer ce que signifient les mots « docu » et « roman ». Je lui ai lu les premières lignes du chapitre 1 de L’affaire Coffin : une supercherie? : « East Freedom, Pennsylvanie, États-Unis, vendredi 5 juin 1953. » Cette information est véridique. Je l’ai tirée des transcriptions du procès. C’est la partie documentaire. Je poursuis la lecture : « Un vent printanier souffle dans les montagnes de la Pennsylvanie. » Cette dernière citation tient du roman. Je suis passé plusieurs fois à cet endroit, au printemps, et j’ai observé que le vent était bon. Je continue la lecture : « Eugene Lindsey et son fils visitent les Claar, des amis qui habitent à East Freedom, une petite municipalité située à six milles de Hollidaysburg. » Encore là, j’ai puisé cette information dans le dossier de la cour.
Pour rendre leur verdict, les jurés ne doivent tenir compte que des faits qui leur sont soumis selon la Loi sur la preuve au Canada. Tous les autres, soit ceux qui tiennent du roman, n’ont aucune incidence sur la culpabilité ou la non-culpabilité de l’accusé.
Tout au long de mon récit, j’offre au lecteur des explications que je juge nécessaires à la compréhension du déroulement du procès. Je me réserve, cependant, l’épilogue pour exprimer mon opinion. Je sais que le lecteur m’en voudrait de ne pas la lui donner.
Jacques Mesrine a écrit deux livres sur ses aventures criminelles : Coupable d’être innocent (France Amérique 1979) et L’instinct de mort (J.C. Lattès 1977). Pour sa part, Jeanne Schneider a aussi publié Je n’ai pas le droit à l’oubli (Hachette 1980). C’est plutôt rare que des truands se fassent écrivains. En lisant ces livres, je me demandais souvent : est-ce vraiment conforme aux faits soumis au jury? Les auteurs nous font partager leur version des événements qu’ils ont vécus. Est-ce qu’ils nous les présentent impartialement? Est-ce qu’ils n’essaient pas plutôt de se donner un beau rôle : celui de la victime plutôt que celui des criminels au sang-froid? Aussi, pour moi, le docu-roman s’imposait-il d’emblée pour raconter ce procès. Je devais concilier deux versions des faits : celle qui découle des témoignages de Mesrine et Schneider et celle des témoins de la poursuite. Il ne reste qu’au lecteur à rendre son verdict : coupable ou non coupable?
Pour rester fidèle au temps où ces événements se sont produits, je n’ai pas interverti le signe du dollar et je n’ai pas remplacé le point par la virgule. J’ai aussi exprimé les distances en milles et les heures selon qu’elles étaient du matin ou du soir.
Je n’ai pas jugé opportun d’interviewer les quelques survivants à ce drame, car je sais, par expérience, qu’il faut se méfier de l’information qu’on recueille sur le terrain. Pour se rendre intéressants, certains racontent des histoires qu’ils ne répéteraient pas sous serment devant un tribunal.
J’ai fait un usage circonspect des articles de journaux rapportant ce procès parce qu’ils sont parfois inexacts et ignorent des questions de droit importantes pour la compréhension du procès. Mais ils m’ont servi à situer le contexte de mon ouvrage.
Je connaissais Me Daoust de réputation. En étudiant ce procès, j’ai découvert pourquoi il avait acquis cette grande notoriété en droit criminel. Il maîtrise de façon exceptionnelle l’art de contre-interroger un témoin. Bien qu’il me fallait condenser ses contre-interrogatoires, j’ai essayé de les reproduire le plus fidèlement possible. Souvent, ils sont longs, car Me Daoust n’abandonne que lorsque le témoin est épuisé, confondu, ou mieux, lorsqu’il a réussi à le mettre en contradiction avec de précédentes affirmations. Il l’accuse alors d’avoir menti et le discrédite sans merci auprès du jury.
Sans doute, me pardonnerez-vous de vous imposer de lire de longs témoignages parfois fastidieux. Je ne voulais surtout pas tronquer les plus décisifs. Vous m’excuserez aussi de vous répéter l’exposé de certains faits.
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