4 juin 2010

LES AMOURS DU PIED-DE-LA-CÔTE L'HISTOIRE DE MATANE DANS UN ROMAN









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Le manuscrit de ce roman historique dont l’action se déroule au début du siècle dernier, principalement à Matane, a obtenu une mention d’honneur à titre de finaliste du concours La plume d’argent édition 1997. (The manuscript of this historical novel whose action takes place at the beginning of the last century, mainly in Matane, has received a mention of honour as finalist in the literary contest La plume d’argent édition 1997.)

Clément Fortin raconte Matane dans un roman. (Clément Fortin recounts Matane in a novel.)
Romain Pelletier, La Voix du dimanche

« Voilà une œuvre majeure, où l’on décrit avec vérité une petite ville de chez nous, et son peuple que l’on regarde vivre, évoluer pendant un siècle. » (Here is a major work, where one describes with truth a small town and its people whom one watches living during a century.)
Marcel Séguin, ancien président de la Société des écrivains canadiens, section de Montréal (Past president of the Society of Canadian Writers, Montréal section)

L’écriture historique exige précision et objectivité. Le roman laisse plus de latitude et s’accommode bien de la fantaisie. Le roman historique, en se situant entre ces deux pôles, impose à son auteur la tâche peu facile de jouer sur les deux plans. Clément Fortin réussit avec brio cet exercice dans Les amours du Pied-de-la-Côte. (Historical writings require precision and objectivity. Novels leave more liberty and adapt well to fantasies. Historical novels, while being located between these two poles, impose on its author the uneasy task of playing on both plans. Clément Fortin succeeds brilliantly in this exercise in Les amours du Pied-de-la-Côte.
Robert Fournier, Au pays de Matane

Matane, 19 octobre 2001, 19 h 30

Notes rédigées par Clément Fortin pour la présentation de la deuxième édition de Les amours du Pied-de-la-Côte à la bibliothèque municipale de Matane

ATTENTION Je n'arrive pas à publier les numéros des notes de fin de document. Si quelqu'un sait le faire, je lui demande de communiquer avec moi. Merci!


CLÉMENT FORTIN RACONTE MATANE DANS UN ROMAN
Il m’est très agréable de me retrouver parmi vous dans cette magnifique Maison de la culture. Comment ne pas accepter l’invitation que m’a lancée madame Lise Whiton Grenier, la directrice de cette magnifique bibliothèque? Je me serais privé du bonheur de causer avec des gens de mon pays et d’entendre ceux et celles qui ont lu mon roman.
Au cours des prochaines minutes, je ferai un bref exposé de la démarche que j’ai suivie pour écrire ce roman. Ensuite, nous en discuterons. J’aimerais connaître ce que vous en pensez. Si vous le jugez opportun, vous pouvez m’interrompre et me poser des questions. À l’entrée de la salle, j’ai demandé qu’on vous distribue un texte que j’ai rédigé à votre intention. Ce faisant, vous pourrez vous concentrer entièrement à discuter avec moi du roman plutôt que de vous fatiguer à prendre des notes. Par ailleurs, je n’ai pas cru utile d’avoir recours à une aide visuelle comme la projection de transparents. Je me suis dit que les lectrices et lecteurs de romans ont l’habitude de créer leurs propres décors et que je ne devais pas leur en imposer un.
MES PREMIERS COURS D’HISTOIRE
Mes premiers cours d’histoire n’ont guère suscité d’enthousiasme chez moi. Les programmes d’études d’alors tendaient davantage à développer notre mémoire que notre capacité à raisonner. Ainsi, on nous bourrait le crâne de faits qu’on mémorisait et répétait comme des perroquets. Malgré cette initiation rébarbative, j’ai fini par développer un grand amour, et même une passion pour l’histoire. Heureusement, j’ai connu des professeurs d’histoire, dont Marcel Trudel, qui ont su m’en rendre l’apprentissage très vivant et même passionnant.
Dès son avènement, le cinéma ne tarde pas à porter à l’écran les œuvres de fiction et notamment celles de cape et d'épée, les romans historiques, les histoires bibliques et, plus tard, la télévision nous régale de documentaires et de téléromans historiques.
UN ÉVÉNEMENT IMPORTANT : LA PUBLICATION DE LA MONOGRAPHIE DE MATANE
Ce document est d’une importance capitale pour Matane. Sans cet écrit, que saurions-nous de Matane? Reportez-vous à 1945, au moment de sa publication. C’était la fin de la guerre. J’avais 10 ans. Pour la première fois, on parlait de nous, de chez nous dans un livre. Pensez à l’impact que cet écrit a eu et a encore de nos jours. En lisant cet ouvrage, je découvrais Matane sous un autre angle. Notamment, une vignette à la page 55 de l’édition de 1945 et à la page 49 de l’édition de 1977, me fascinait et m’émerveillait tout autant. Intitulée BRUMES DU PASSÉ, cette vignette imagine une scène de la vie en forêt, au pays des ombres et des montagnes affreuses en 1647-48.
PUBLICATION D’ARTICLES PRÉPARATOIRES AU ROMAN
En tout premier lieu, je dois vous dire que mes propos ne seront que le reflet d’une expérience limitée jusqu’à maintenant au seul roman que j’ai publié.
J’ai fait beaucoup de recherches pour écrire de courtes biographies. D’abord sur mes grands-parents maternels. À cette occasion, j’ai examiné de plus près les métiers que mon grand-père exerçait : charron, peintre ornemental et croque-mort, jusqu’en 1927. Ma grand-mère et mon grand-père faisaient partie du tiers ordre franciscain. Ma mère m’a prêté son Manuel des tertiaires que j’ai lu avec grand intérêt. En bref, il s’agit de laïcs qui vivent comme s’ils étaient des religieux. Il ne fait aucun doute que les tertiaires ont exercé une grande influence sur notre société.
Aux fins de mon roman, cela m’a permis de faire ensevelir Azélie dans sa bure. À son décès, une tertiaire peut demander que son corps soit revêtu du grand habit. Étant enfant, j’avais vu une vieille dame ainsi vêtue dans son cercueil. C’est un souvenir qui est resté gravé pour toujours dans ma mémoire. Les connaissances que j’avais acquises sur les tertiaires m’ont permis de mettre des propos dans la bouche d’Hermé. Aussi, celui-ci se plaint-il que sa femme exagère dans ses exercices de piété et qu’à la fin les astucieux Franciscains imposent leur célibat à tout le monde.
J’ai aussi écrit une courte biographie de mes parents. Entre autres choses, cela m’a amené à examiner le programme d’études que ma mère a suivi au couvent des Sœurs du Bon-Pasteur. Bref, quelle instruction pouvait-on acquérir au temps de ma mère? J’ai demandé à ma tante Simone, une sœur de ma mère, religieuse du Bon-Pasteur, de faire une recherche dans les archives de la maison mère pour retracer le programme d’études qui était en vigueur au Couvent de Matane quand ma mère y a fait ses études. Voici quelles étaient les matières enseignées : petit catéchisme de la province de Québec et celui plus avancé; le dogme, la morale et les moyens de salut et de sanctifications (3 volumes); l’histoire sainte, l’histoire du Canada, la géographie, la grammaire, l’analyse, la littérature, les mathématiques, la pédagogie de Mgr Ross, l’hygiène, la bienséance, l’anglais, le dessin, la broderie, le tricot, les arts ménagers et le chant.
On vous a sûrement dit que le cours que vous suiviez était plus faible que celui qu’avait suivi votre mère. C’est amusant de constater que l’histoire se répète. De nos jours, on entend des gens se plaindre que les jeunes n’apprennent rien. Au fond, nous savons tous que c’est tout à fait le contraire qui se produit. J’ai pu constater ce fait en enseignant dans une faculté de droit. Je peux vous affirmer que les étudiants à qui j’ai enseigné avaient à leur disposition de meilleurs outils pédagogiques que ceux qui existaient au moment où j’ai fait mon cours. Et ils avaient aussi des professeurs mieux formés.
FAIRE UNE MISE EN CONTEXTE
Il me faut connaître Matane. Une mise en contexte s’avère nécessaire. Il me faut connaître le cadre institutionnel de Matane. Je rédige alors un article intitulé Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel. Cette recherche me permet de connaître Matane au 19e siècle : son organisation paroissiale, municipale, scolaire, judiciaire et politique. Les moyens de communication : le chemin du Roy s’y rend depuis 1850 (et on a construit le pont à la même époque), le télégraphe y était déjà à l’arrivée de mon grand-père, le téléphone s’implante en 1898, l’électrification ne se fera qu’à compter de 1921 et la voie ferrée ne sera terminée qu’en 1910.
Sur le plan économique, l’industrie du sciage prend de l’expansion. Il n’y a pas de banque ni de caisse Desjardins à l’arrivée de mon grand-père à Matane. Les marchands jouent les banquiers : Lacroix, Bergeron, Blais, etc. Ils utilisent l’instrument de crédit de l’époque : la vente à réméré. Un coup d’œil sur la carte de Matane nous confirme ce fait. Matane compte près de 2700 âmes en 1882.
LE PIED-DE-LA-CÔTE
Ensuite, j’explore plus en profondeur un coin du village : le pied de la côte Saint-Luc. En fouillant dans l’histoire de ma famille, je me rends compte que tous les membres de ma famille sont passés par là, un jour ou l’autre. C’est ainsi que j’écris un autre article intitulé À Matane au Pied-de-la-Côte. Je peux espérer camper des personnages dans un contexte réel. Mais je n’en suis encore qu’à l’écriture d’articles.
COMMENT UTILISER CE MATÉRIEL POUR ÉCRIRE UNE ŒUVRE DE FICTION?
Vous vous imaginez que je me suis posé une foule de questions en me lançant dans cette aventure. Écrire un roman, soit! Mais quel genre de roman? Pour mettre en valeur toute la richesse de l’histoire de Matane et de sa région, je croyais que ce devait être un roman historique. J’écris quelques pages. Puis quelques chapitres. Je constate que la tâche est énorme. Je me rends compte aussi que mes efforts doivent être bien structurés. Même si le roman laisse toute latitude à son auteur, celui-ci doit reconnaître les limites inhérentes au sujet qu’il aborde.
LIRE TOUTE LA DOCUMENTATION PERTINENTE
Après avoir écrit ces articles et quelques chapitres du roman, je relis tout ou presque tout ce qu’on a écrit sur Matane et je prends des notes. Comme une grande partie du roman se déroule avant que j’aie pris conscience de la vie, il va sans dire que je dois m’instruire du passé. Ainsi, je lis et relis la Monographie de Matane d’Antoine Gagnon publiée en 1945 et l’Histoire de Matane publiée en 1977. Je lis et relis chacun des numéros de la revue Au pays de Matane et Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane. Je lis aussi l’Histoire de la Gaspésie, l’Histoire du Bas-Saint-Laurent, l’Histoire de la Côte-du-Sud, La Tradition maritime de Matane, Seigneurie de Matane, des monographies sur la Côte-Nord, Rimouski, Amqui, Baie-des-Sables et j’en passe. J’étudie les photos de l’époque. Elles m’informent des lieux, de l’allure des gens, de leurs vêtements, etc. Une image vaut mille mots, dit-on. C’est pourquoi les photos sont des documents historiques importants. Sur le terrain, j’interroge des personnes âgées. Certaines d’entre elles sont d’inépuisables sources de renseignements. À ce chapitre, j’aimerais souligner la contribution de ma mère qui a célébré son 92e anniversaire en juillet dernier, de celle de ma tante Anne-Marie Cazes Fortin qui a fêté ses 93 ans en janvier dernier. Honorine Grégoire, ma regrettée tante et marraine (elle aurait 89 ans), m’a raconté cette fameuse nuit rouge et mon oncle Léo Grégoire, âgé de 81 ans, m’a raconté des histoires au temps de la prohibition. Bref, je m’imprègne de l’histoire et de la petite histoire de Matane. Je la vis, je la respire et j’en rêve même. Je dois connaître comme mon petit catéchisme les lieux où naissent, vivent et meurent les personnages que je crée. Je dois leur prêter des sentiments. C’est la partie la plus difficile. Il faut laisser tomber ses inhibitions. Il ne faut surtout pas craindre d’être jugé par les propos que l’on prête à ses personnages.
LA MÉTHODE CRITIQUE HISTORIQUE
Je lis et relis plusieurs romans. En particulier, le roman de Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, paru en 1989 m’impressionne par sa méthodologie. Dans ce roman, c’est la présentation de Jésus qui m’intéresse. Cet écrit nous le rend très sympathique. Tout au long du roman, on a l’impression de vivre avec lui.
Pour écrire ce roman et les autres qui ont suivi, dont Moïse, Messadié a appliqué l’analyse conjecturale. Cette méthode de critique historique a retenu mon attention. Il la résume ainsi :
1) Tel fait est certain
2) Tel autre est plausible ou douteux
3) Et tel autre est impossible.
Par exemple, après avoir suivi une retraite, des paroissiens se suicident en se jetant dans les eaux glaciales du fleuve. Ainsi, selon cette méthode, on peut croire que les propos des prédicateurs ont perturbé profondément certains retraitants. Je ne peux pas dire que ce fait est certain, car je n’ai trouvé aucun document à cet effet. Cependant, je peux dire que ce fait est plausible. Le fait du suicide lui-même est certain, car des contemporains de cet événement me l’on confirmé. De plus, sous la rubrique Chronique, Antoine Gagnon rapporte cet incident dans sa Monographie de Matane.

SAVOIR TIRER LES CONSÉQUENCES DES FAITS

De plus, en partant des faits que l’on observe, on peut inférer que les gens qui ont été au cœur de l’action ont pensé telle chose ou ont eu telle réaction. Par exemple, l’église de Matane brûle en décembre 1932. On serait justifié de croire qu’en apprenant la nouvelle, les pompiers se sont précipités sur les lieux, que cet événement a désorganisé temporairement la vie des paroissiens, etc. On peut donc inférer plusieurs situations à partir de ce seul événement.
FAIRE ÉVOLUER L’HISTOIRE À TRAVERS SON PLAN EN DISTILLANT L’INTRIGUE ET EN CRÉANT DES REBONDISSEMENTS
J’ébauche un plan. J’invente ou je fais revivre une histoire qui se déroulera à travers chacun des chapitres que je rédigerai tout en essayant d’intéresser le lecteur à la suivre jusqu’à la fin. Je crée les personnages qui donneront vie à cette histoire. Je veux m’écarter des personnages traditionnels : curés, médecins, notaires, etc. Je choisis de faire vivre des gens de métier, car c’est eux qui ont bâti ce pays. Apparaissent le forgeron (Nérée), le charron (Hector), le ferblantier (Herménégilde), l’horloger (Arsène), le colleur-bûcheron-cultivateur-braconnier (Georges), le bûcheron-draveur-cageur-ancien combattant-artificier (Régis), l’épicier-boucher (Saint-Louis) etc., le médecin (Vézina) et les curés (Bouchard et Simard) ne jouant qu’un rôle secondaire. Sous l’influence du curé Bouchard, j’introduis le personnage de Marie, la pudibonde. Je devais aussi inclure dans mes personnages une représentante du plus vieux métier du monde. La Claude a donc fait son entrée. Il fallait un quêteux. C’est ainsi que Buffalo fait son apparition. Un pêcheur devait aussi faire partie de la distribution. Matane a déjà été un lieu de pêche important. Grandcoeur personnifie le déclin et la fin de la pêche commerciale à Matane.
MATANE UNE ANCIENNE BOURGADE MICMAQUE
Matane est une bourgade micmaque jusqu’en 1845, année où on l’érige en municipalité et en paroisse. Monseigneur Plessis , au cours de sa visite en 1842, en fait une description élogieuse. Il constate notamment avec admiration que la bonne entente règne parmi ses habitants et que certains d’entre eux parlent même jusqu’à quatre langues : le français, l’anglais, le micmac et l’allemand.
Je devais tenir compte de l’histoire des premiers occupants : les Micmacs. C’est pour cette raison que j’ai créé les personnages Baptiste (un pur Micmac) et Georges (un Métis). Cela m’autorisait à faire une incursion dans l’histoire de Matane. En passant, je vous suggère de lire La nouvelle relation de la Gaspésie de Chrestien Leclercq. Ce missionnaire récollet décrit son séjour en Gaspésie au xviie siècle. Réal Ouellet de l’Université Laval, avec l’aide de spécialistes, en fait une présentation de grande qualité.

LES ÉCRIVAINS SONT DES VAMPIRES, DES PIRATES, DES VOLEURS…

J’ai entendu Michel Tremblay à la télévision se comparer à un vampire. Il affirmait « vampiriser » tout son entourage. À ce propos, Margaret Atwood dit que « les écrivains sont des pirates. Ils volent. Il faut le dire. » Pour sa part, Victor-Lévy Beaulieu cite William Faulkner qui dit que les écrivains sont des pilleurs. « On ne peut pas être écrivain si on ne pille pas. » Marie-Claire Blais déclarait dans une entrevue à L’actualité qu’elle fréquente les bars à la recherche d’une inspiration pour créer ses personnages. Pour résumer, il est vrai que, pour écrire, on s’inspire d’abord de ce qu’on a vu, de ce qu’on connaît. C’est l’art d’écrire qui fait toute la différence.

MATANE EST UN PORT DE MER ET UN TERMINUS FERROVIAIRE
Matane est avant tout un port de mer. Depuis 1912, Matane est aussi un terminus ferroviaire. Il s’y trouve plusieurs hôtels. On a déjà qualifié Matane de petit New York. Il faut donc que le roman reflète cette réalité. J’aurais pu caricaturer davantage mes personnages. Je n’ai pas voulu écrire une histoire de gens tarés pour attirer plus de lecteurs. Surtout, ce n’est pas le souvenir que je garde de Matane. J’ai voulu plutôt montrer Matane sous son vrai jour. Ai-je réussi? La réponse appartient aux lecteurs.
Si j’avais suivi les conseils d’un linguiste que j’ai consulté sur cette question, j’aurais créé des personnages plus mordants et j’aurais exploité leur côté sombre. Bref, on m’a même suggéré de transformer Matane en une espèce de Sodome et Gomorrhe. On ne vend pas un roman avec de bons sentiments, m’a-t-on prévenu.
Certains m’ont reproché d’insister trop sur l’histoire de Matane et de la région. Prétentieusement, je me disais que Matane valait bien quelques bonnes descriptions. Pour m’encourager, je pensais bien humblement à Victor Hugo qui a décrit dans les moindres détails les égouts de Paris dans son roman Les misérables. Je pensais aussi à Camus qui nous décrit les ravages de la peste pendant plus de 200 pages.

LE CADRE DANS LEQUEL LES PERSONNAGES ÉVOLUERONT

Dans quel cadre les personnages évolueront-ils? J’aurais pu créer un lieu fictif. Mais ce lieu fictif aurait ressemblé à Matane. Au début, j’avais intitulé mon roman MATANE. J’avais même songé à faire naître le monde à Matane. Une utopie. Pourquoi pas! Dans un roman tout est permis selon Pierre de Boisdeffre.
Grâce à son port de mer, Matane est au centre d’un commerce florissant. Comme il n’y a pas encore de route sur la Côte-Nord, son approvisionnement transite par le port de Matane. Pour mettre ce fait en valeur, j’introduis un capitaine parmi les personnages. L’exploitation forestière constitue la force économique de Matane et de sa région. Je dois aussi mettre en relief ce fait-là.
Je fais des descriptions détaillées de certains lieux. En décrivant l’habitat des gens, le lecteur se fait une idée de ce qu’ils sont. Un peu comme l’huître et son rocher, disait Balzac. En décrivant l’habitat de l’usurier Gobseck, Balzac écrit : « sa maison et lui se ressemblaient. Vous eussiez dit l’huître et son rocher. »

LA GÉNÉALOGIE DES PERSONNAGES

Dans une entrevue à Radio-Canada, j’entendais Arlette Cousture dire qu’elle dressait la généalogie de ses personnages. J’ai suivi avec bonheur son conseil. Je dresse donc la généalogie de mes personnages et j’en rédige une courte biographie. À l’expérience, j’ai trouvé que c’était une bonne façon de faire. De plus, cela nous permet de rendre les personnages plus réels et plus consistants tout au long du roman.

LE CHOIX DE LA LANGUE

Quel langage parleront-ils? Je ne voulais pas écrire un ouvrage de plus de 500 pages en langage populaire. Aussi, sauf exception, ai-je choisi mes personnages parmi les gens qui avaient fréquenté l’école et qui avaient le souci de bien parler. Pour rendre réaliste ma fresque, je devais toutefois créer quelques personnages parlant le langage populaire.
La règle veut qu’une narration s’écrive au passé. Prenez au hasard un roman. Lisez quelques lignes et vous constaterez que le narrateur s’exprime au passé. Personnellement, je trouve que l’indicatif présent donne plus de vie à la langue du narrateur. Aussi vous remarquerez que j’en fais un grand usage. À titre d’exemple, « Le mercredi 7 décembre 1932, vers une heure trente de l’après-midi, les flammes dévorent l’église de Matane. Un passant prévient à la hâte le curé. On sonne l’alarme. En quelques minutes, des centaine s de paroissiens se rassemblent autour de l’église. »
Un ami prêtre et octogénaire, qui a déjà enseigné le français dans un séminaire de Montréal, en fait une première lecture. Outre les fautes de français qu’il peut relever, je lui demande de porter une attention toute particulière à la morale des personnages. À ce chapitre, je voulais que mon roman soit conforme en tout point à la réalité de l’époque.

À LA RECHERCHE D’UNE APPRÉCIATION OBJECTIVE

Enfin, après plusieurs années d’obsession, je crois avoir écrit un semblant de roman. Qu’est-ce que ça vaut, me demandé-je? Pour moi, un concours est peut-être l’occasion d’une appréciation objective. En naviguant sur l’Internet, je prends connaissance des prix littéraires offerts au Québec. Le concours organisé par la Fondation Berthiaume-Du Tremblay retient mon attention. On invite les auteurs qui en sont à l’écriture de leur premier roman à proposer leur manuscrit. L’information disponible à la bibliothèque virtuelle Alexandrie mentionne que les manuscrits doivent être soumis en avril. Au début de février, j’appelle à la Fondation Berthiaume-Du Tremblay pour apprendre que les manuscrits doivent être soumis dès maintenant. On m’invite à leur envoyer mon texte au plus tôt. J’objecte qu’il n’est pas fini. On me fait valoir qu’il me serait avantageux de connaître l’avis du comité de sélection. Enfin, on m’annonce que je reçois une mention d’honneur pour mon manuscrit à titre de finaliste du concours littéraire La plume d’argent 1997 et on me décerne un certificat de mérite. Au vrai, les remarques du jury m’ont servi de guide pour terminer mon roman. Aussi, je suis redevable envers la Fondation Berthiaume-Du Tremblay d’avoir contribué à la publication de mon premier roman.

UNE CARTE MONTRANT LES VILLES, LES VILLAGES ET LES LIEUX-DITS

Après avoir lu mon roman, un confrère m’exprime le désir d’aller visiter Petchedet. Il voulait connaître ce pays de cocagne. Il m’a demandé comment il pouvait s’y rendre. Je vous avoue que j’ai éprouvé quelque embêtement à lui indiquer la route de Petchedet.
En ajoutant une carte indiquant les villages, villes et lieux dits dont il est question dans le roman, j’exauce un désir exprimé par plusieurs lecteurs et lectrices. Est-il besoin de leur signaler que les lieux que je décris dans le roman ont subi des transformations telles qu’il est difficile de les reconnaître aujourd’hui? Je remercie mon frère Michel, professeur honoraire de l’Université du Québec à Montréal, d’avoir réalisé cette carte.

POURQUOI UN GLOSSAIRE?

De prime abord, j’étais très réticent à l’idée de présenter un glossaire. Cependant, une jeune linguiste m’a convaincu de la nécessité d’en faire un. À son avis, j’utilisais plusieurs mots qui ne se trouvaient plus dans les dictionnaires usuels. Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont signifié leur appréciation. En particulier, des amis néo-québécois m’ont assuré de son utilité pour la bonne compréhension du roman.

À COMPTE D’AUTEUR OU AUTOÉDITION

Contrairement à ce qu’on a annoncé, je ne publie pas ce roman à compte d’auteur. Larousse définit ainsi cette expression : « à compte d’auteur se dit d’un contrat par lequel l’auteur verse à l’éditeur une rémunération forfaitaire, à charge par ce dernier d’assurer la publication et la diffusion d’un ouvrage, d’un roman par exemple. »
Ce que je fais, c’est ce que l’on convient d’appeler de l’autoédition, c’est-à-dire que je me charge de tout. J’écris le roman et j‘en assume la publication et la diffusion à mes frais.

LES COMMENTAIRES DES LECTRICES ET DES LECTEURS

Plusieurs lectrices et lecteurs m’ont communiqué leurs commentaires. J’ai trouvé intéressant qu’on me dise à quel point ces histoires ressemblent à celles de leur père, de leur mère et de leurs tantes. Un lecteur m’a même affirmé que j’avais écrit l’histoire de sa famille. Pour moi, c’est la confirmation que Les amours du Pied-de-la-Côte sont le reflet d’une époque ou, tout au moins, d’une facette de celle-ci.
Pour conclure, je vous encourage à réaliser vos projets d’écriture. Je vous suggère de commencer par écrire des articles. C’est une bonne façon de mettre à l’épreuve vos aptitudes. En Gaspésie et dans le Bas-du-Fleuve, les sujets ne manquent pas. Écrire l’histoire de sa famille, de son village, et de sa ville dans des romans, voilà une avenue intéressante à explorer.
Et pour terminer sur une note poétique…
M on pays, doux berceau, du fond de mon âme,
A juste titre, ma fierté, je clame!
T es attraits n’ont d’égal que ceux de tes enfants.
A jamais, je veux me rappeler le bon temps,
N e rien oublier de ton passé fécond,
E t de tes talents, seconder l’éclosion.

Me Clément Fortin, avocat
http://fortinclement.blogspot.com


C’est ainsi que Romain Pelletier titrait la une de la Voix du dimanche au lancement du roman en novembre 1997.
Antoine Gagnon, Monographie de Matane, pays de brumes, de soleil, de visions, Rimouski, Imprimerie générale de Rimouski, 1945, 371 p.
Antoine Gagnon et coll., Histoire de Matane 1677-1977, Publication de la Société d’histoire de Matane, Impression des Associés, Rimouski, 1977, 636 p.
Clément Fortin, Hermas Grégoire et Georgianna Morin : des pionniers de Matane, dans Au pays de Matane, vol XXIX, no 2 (58) octobre 1994, p. 2-9.
Laïcs réunis en une congrégation affiliée à une communauté religieuse. Tout en continuant à vivre dans le monde, ces laïcs franchissent diverses épreuves et y prennent même l’habit, un peu comme s’ils vivaient dans un monastère. Cependant, la vêture ou la prise d’habit n’est que symbolique, car elle se limite au port d’un scapulaire sous leurs vêtements et d’une cordelière à la taille. À son décès, un membre peut demander d’être vêtu du grand habit, c’est-à-dire d’un vêtement fait d’une grosse étoffe de laine brune.
Onzième édition du Manuel du Tiers-Ordres, Édition franciscaine, 208 ouest, rue Dorchester, Montréal, 1959.
Clément Fortin, Georgette Grégoire et Louis de Gonzague Fortin : mes parents, dans Au pays de Matane, vol. XXXI, no 1 (61) mai 1996, p. 3-12 et vol. XXXI, no 2 (62) novembre 1996, p. 3-10.
Clément Fortin, Matane en 1882, à l’arrivée de mon grand-père paternel, Revue d’histoire du BGas-Saint-0Laurent, volume XX, numéro 2 (51) juin 1997, p. 38-42
La loi ne permettait pas que la faculté de réméré pût être consentie pour un terme excédant dix ans. Pour exercer ce droit de réméré, ou, si l’on veut, celui de reprendre possession de ses biens, le vendeur devrait avoir satisfait à toutes les obligations prescrites par la loi dont la restitution du prix, le remboursement à l’acheteur les frais de la vente, ceux des réparations nécessaires, et des améliorations qui avaient augmenté la valeur jusqu’à concurrence de celle-ci. La seule expiration du délai stipulé au contrat de vente emportait ipso facto déchéance du réméré et rendait l’acheteur propriétaire incommutable des biens.
Clément Fortin, À Matane au Pied-de-la-Côte, Revue d’histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. XX, no 1 (50) (janvier 1997) p. 15-21
Supra note 2
Supra note 2
Léon Boudreault, Faits nouveaux sur la seigneurie de Matane ( 1677-1870), Publication de la Société d’histoire de Matane, 1982, 278 p.
Jules Bélanger, Marc Desjardins, Yves Frenette, Histoire de la Gaspésie, Boréal Express/Institut québécois de recherche sur la culture, 1981, 795 p.
Jean-Claude Fortin, Antonio Lechasseur et coll., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Institut québécois de recherche sur la culture 1993, 862 p.
Sous la direction d’Alain Laberge, Martine Côté, Diane Saint-Pierre, Jacques Saint-Pierre, Yves Hébert, Histoire de la Côte-du-Sud, Institut québécois de recherche sur la culture, 1993, 644 p.
Louis Blanchette, La Tradition maritime de Matane, Histo-Graff, 198 p.
Robert Fournier, Seigneurie de Matane, Publcation de la Société d’histoire de Matane, Imprimerie de Matan, 1978, 184 p.
Gérald Messadié, L’homme qui devint Dieu, Laffont, 1988. Dans sa préface à Moïse, JC Lattès 1998, à la page 9, il expose sa méthode ainsi : « Les pages que voici sont une reconstitution romanesque de ce que peut être cet homme (Moïse) dans sa vie quotidienne. Elles sont guidées par l’analyse conjecturale, méthode de critique historique qui peut se résumer ainsi : tel élément de la légende est certain, tel autre est plausible ou bien douteux et tel autre encore impossible. La référence aux événements historiques vérifiés chaque fois qu’il est possible en fait partie. »
Supra note 18
Supra, note 2 p. 361 et p. 608
Supra, note 2 Histoire de Matane 1677-1977, p. 102-107
Chrestien Leclercq, Nouvele relation de la Gaspésie, Édition critique sous la direction de Réal Ouellet, Université Laval, Les Presses de l’Université de Montréal, 1999, 796 p.
Notes tirées de Deux sollicitudes, Margaret Atwood, Victor-Lévy Beaulieu. Éditions Trois-Pistoles, à la page 48
Marie-Claire Blais, Plume de jour, oiseau de nuit, L’actualité, 15 avril 2001, p. 81
Ierre de Boisdeffre, Où va le roman? Éditions mondiales, Paris, 1972
André Lagarde et Laurent Michard, XIXe Les grands auteurs français du programme, Centre éducatif & culturel inc. Montréal, Éditions Bordas, Paris, p. 306

6 commentaires:

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